Il avait annoncé son intention de retirer du marché le pesticide Cruiser... Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture vient de confirmer le retrait de la substance active qui présente des effets néfastes sur le retour des abeilles à la ruche.
Avant de prendre sa décision, le ministre de l'agriculture avait donné un délai de 15 jours au titulaire de l'autorisation de mise sur le marché du Cruiser OSR afin de transmettre d'éventuelles observations. C'est donc le délai expiré que Stéphane Le Foll a annoncé le retrait officiel du produit puisqu'au aucun élément probant n'est venu remettre en cause sa décision. Une décision importante et urgente pour lui compte-tenu de l'approche immente de la commercialisation et de l'utilisation des semences de colza.
Pour l'Union nationale de l'Apiculture Française, cette annonce est une bonne nouvelle. Depuis la mise sur le marché de ce pesticide en juin 2011, l'UNAF avait engagé un combat juridique pour obtenir le retrait. Petit bémol toutefois, le syndicat demande que cette décision soit étendue au maïs, comme en Allemagne, en Slovénie ou en Italie où l'interdiction vient d'être reconduite pour la 4è année consécutive. Si les abeilles butinent le colza, elles butinent aussi le maïs et s'en nourrissent... Pour Olivier Belval, le président du l'UNAF "ce sont même toutes les autorisations de pesticides systémiques qui devraient être suspendues le temps d'une réévaluation complète de ce produits".
Aller plus loin pour sauver les pollinisateurs
Même son de cloche du côte de France Nature Environnement qui se félicite de ce décision et demande au gouvernement de poursuivre cette dynamique en interdisant toute la famille des insecticides qui - comme le gaucho - sont dangereux pour les sentinelles de l'environnement que sont les abeilles. En attendant, il serait bon pour Jean-Claude Bévillard, le vice-président de FNE "d'appliquer le principe de précaution car l'utilisation généralisée des insecticides en enrobage de semences représente un danger pour la biodiversité dans son ensemble".
Menace sur la compétitivité de l'agriculture française
Si pour le moment, les 1ers concernés, à savoir les producteurs de colza, n'ont pas réagi officiellement, Syngenta, le titulaire de l'AMN dénonce, lui, cette décision pénalisante pour l'agriculture française et qui laisse les producteurs sans alternative réelle. Pour la récolte de 2013, la perte économique est d'ores et déjà estimée à plus de 200 millions d'euros. Pour défendre l'homologation du Cruiser OSR, Syngenta annonce déposer dans les plus brefs délais un recours en référé suspension afin de contrer cette décision de retrait prise par le ministère de l'agriculture.
Reportage de Jean-Pierre Brénuchon et Denis Leroy