Conséquence de la météo exécrable du printemps, les vendanges 2012 en France risquent d'être les plus mauvaises en volume depuis plus de 20 ans, mais les viticulteurs prédisent en revanche un millésime "prometteur"
Avec 42,5 millions d'hectolitres prévus cette année, contre 51 millions l'année dernière, ce sera "la plus faible récolte depuis 1991", une "situation globalement constatée au niveau mondial", a indiqué jeudi le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll à l'issue d'une rencontre avec la filière.
Les professionnels expliquent cette baisse des volumes par "les conditions climatiques de ces derniers mois qui n'ont pas épargné les vignes dont certaines ont été détruites par le gel et la grêle".
Stéphane Le Foll et les représentants de la filière viticole se sont accordés pour défendre un secteur qui emploie 250.000 personnes dans 70.000 exploitations et exporte annuellement "l'équivalent de la vente de 154 Airbus".
Droits de plantation
Au delà des espoirs de beau millésime, leur rencontre a été surtout l'occasion d'aborder les inquiétudes des professionnels, qui craignent de nouvelles taxations et, surtout, contestent la suppression des "droits de plantation" programmée au
niveau européen.
Se disant conscient de ces difficultés, M. Le Foll a annoncé la rédaction d'une plateforme commune des pays européens producteurs, comprenant la France, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne, pour renégocier sur ce dossier à Bruxelles.
Cette suppression, actée par la Commission européenne en 2008, est prévue pour 2015. "L'absence de tout dispositif de régulation du potentiel de production, et donc de l'offre, serait préjudiciable pour la France et nuirait à une offre de qualité", a reconnu le ministre, ancien député européen.
"Ce n'est pas une option envisageable pour la France", a-t-il affirmé en annonçant vouloir "peser sur les discussions communautaires". Il a annoncé que cette plateforme s'adresserait à la Commission avant une réunion programmée le 21 septembre.
Dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune, les professionnels ont alerté le ministre sur "la nécessité d'une PAC ambitieuse" et déploré "la disparition des derniers instruments de régulation de la production".
A ce jour, pour planter des vignes, il faut obtenir une autorisation dite de "droits de plantation", destinée à "contrôler le potentiel européen en matière de production de vin et de garantir une utilisation adéquate des terres".
Les viticulteurs français craignent que sa suppression ne "bouleverse l'équilibre fragile existant entre offre et demande". Conçu pour "encourager la concurrence", ce plan menace de "fragiliser le secteur du vin, se traduisant par un phénomène de surproduction", estiment-ils.
Pour Jérôme Despey, président du Conseil spécialisé vin de France Agrimer, présent à la réunion, il s'agit surtout de parler positivement de notre métier, de nos produits, de leur qualité, de nos efforts pourt restructurer le vignoble et nous adapter au marché".