On les voit très rarement, ils sont de sortie pour les journées du patrimoine.
C'était hier. Animés d'une curiosité morbide comme à la foire, croyant pouvoir dominer enfin la nature, comme pour se rassurer de leur supériorité les scientifiques s'extasiaient devant eux. Toute collection digne d'interêt devait absolument posséder en son sein ses monstres.
Veau cyclope, chats siamois, poule à trois pattes, autant d'anomalies génétiques mises en avant. Les héritiers de Buffon iront certes plus loin en exhibant au jardin d'acclimatation "La Vénus Hottentote", cette femme sud-africaine en 1810, ou des Kanaks à l'exposition coloniale de Paris en 1931.
"Curiosité, saine ou malsaine, éveillée par le « différent » lors des siècles précédents fait place à une construction « scientifique » de la différence." expliquent aujourd'hui les historiens, comme par exemple lors de l'exceptionnelle exposition du musée du quai Branly "Exhibitions, l'invention du sauvage".
Du coup aujourd'hui, tous les musées d'histoire naturelle cachent leurs monstres. Ils ne sortent que pour nous faire réfléchir, et grandir sagement.