Les élus d'EELV étaient en réunion de formation nationale à Nantes, les pro aéroport y sont venus faire entre leur voix
D'ordinaire, ce sont les opposants de tous poils qui viennent perturber les réunions un tant soi peu institutionnelles. En début d'après-midi à Nantes, les adhérents de l'ACIPRAN, Association pour l'aéroport du grand ouest, sont venus faire entendre leur voix dans un débat où ils n'avaient pas été invités. Ils n'y seraient d'ailleurs sans doute jamais venus, si les élus verts n'avaient invité pour un débat avec eux les représentants de l'ACIPA, les opposants à l'aéroport. Pour Alain Mustière, le président de l'ACIPRAN, un débat entre personnes toutes d'accord sur un projet n'est pas un débat. Il faut amener de la contradiction. Ce qu'il n'a pas manqué de faire.
Les échanges entre le représentant des pro et les élus Verts nantais ont été vifs mais courtois ! Jean-Philippe Magnen, vice-président Vert du Conseil Régional des Pays-de-la-Loire, comme Ronan Dantec, sénateur Vert de la Loire-Atlantique, ont eu du mal à convaincre le défenseur du projet de transfert de l'aéroport de Nantes Atlantique de Bouguenais jusqu'à Notre-Dame-des-Landes du bien-fondé de leur opposition !
Qu'importe, le but n'était pas de convaincre mais de montrer que des citoyens favorables au projet pouvaient aussi intervenir dans l'espace public. Des échanges entre militants pro aéroport et des élus Verts venus d'autres régions ont parfois donné lieu à des empoignades surréalistes du genre : à une élue Verte qui évoquait la nécessité de préserver la nature, un citoyen victime des nuisances sonores des avions faisant valoir le droit des 42 000 habitants dans sa situation à vivre sans bruit, c'est entendu répondre sur "l'air des brioches" : "mais qu'ils déménagent ! (L'élue en question ne s'appelle pas Marie-Antoinette !)
Des Verts globalement peu ravis de se voir remis en cause dans le champ de la contestation. Et de surcroît qui auraientpréféré qu'on ne leur rapelle pas qu'en 1998, l'une d'entre eux et peut-être la meilleure, Dominique Voynet affirmait au parlement national la nécessité de construire un aéroport à Notre-Dame-des-Landes pour un développement harmonieux des plates formes aéroportuaires internationales sur le territoire français.
Point positif de cette réunion impromptue, Ronan Dantec et Alain Mustière sont convenus d'animer ensemble un débat public ! Reste à en fixer la date...
Échanges vifs, mais courtois, entre Alain Mustière, pour l'aéroport, et Jean-Philippe Magnen, opposé au projet
Images Luc Prisset, montage Florence Thibert
Alain Mustière le président de l'ACIPRAN veut faire entendre la voix des citoyens favorables au transfert de l'aéroport
Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire-Atlantique lui répond
Le texte des propos tenus au parlement national par Dominique Voynet alors ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement du gouvernement Jospin le 30 octobre 2000
..."la desserte aérienne des métropoles régionales est bien trop tributaire du passagepar Paris. A l’avenir, le développement de cette desserte se fera davantage par des lignes directes, nationales
ou internationales. Il s’agit là d’un élément clé pour l’avenir de ces métropoles, qui apparaît d’autant plus indispensable que monte en puissance la perspective de la saturation des aéroports parisiens.
Vous serez d’accord avec moi pour reconnaître que nous avons un effort particulier à réaliser en faveur du rééquilibrage de la localisation des équipements vers l’ouest de notre pays. C’est pourquoi il a semblé nécessaire, compte tenu des nuisances qui pesaient sur les habitants de Nantes, de déplacer l’aéroport actuel sur le nouveau site de Notre-Dame-des-Landes, à une douzaine de kilomètres au nord de la ville. Ce site fait l’objet de réserves foncières depuis une vingtaine d’années.
La réalisation est inscrite au projet de schéma de services collectifs de transport et 10 millions de francs ont été inscrits au contrat de plan 2000-2006 pour engager les études préliminaires.
Sur ce nouveau site, l’aéroport de Nantes offrira un meilleur service à la clientèle bretonne, en lui proposant des services aériens n’existant pas sur les aéroports bretons, notamment sur celui de Rennes-Saint-Jacques. La ville de Rennes étant située à 90 kilomètres du site de Notre-Dame-des-Landes, je n’imagine pas qu’un tel équipement ne soit pas desservi par le train. La ligne actuelle Nantes - Rennes pourrait être le meilleur vecteur pour cette desserte.
Des études devront être menées dans ce sens et l’Etat devra y prendre toute sa part. C’est l’un des enjeux de la directive territoriale d’aménagement en cours d’élaboration.