Nantes : une troisième nuit dans la grue pour le père retranché

Le père de famille retranché dans une grue à Nantes depuis vendredi pour obtenir le rétablissement du droit de visite auprès de son enfant
y a passé une troisième nuit.

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Le père retranché, Serge Charnay, 42 ans, avait fait savoir en fin de journée dimanche aux journalistes qu'il n'avait pas l'intention de redescendre avant une réunion prévue cette semaine entre les ministres Christiane Taubira (Justice) et Dominique Bertinotti (Famille) avec l'association SOS Papa et d'autres organisations de défense des droits des pères.

Il a tagué en haut de la grue "sauver les enfants de la justice" et dessiné un coeur, après être descendu en rappel de 4 à 5 mètres depuis le sommet, dimanche après-midi.

Le préfet de Loire-Atlantique, Christian Galliard de Lavernée, a également déclaré dimanche que les autorités renouvelaient leur proposition permettant au père de déposer lundi matin "une requête express au tribunal pour réexaminer sa situation".
"Un avocat sera à sa disposition au tribunal", a assuré le préfet.

En même temps que cette proposition, de l'eau et des vivres ont été montés à Serge Charnay.

La mère et l'enfant très éprouvés


L'avocate de la mère de l'enfant, dont le père est retranché depuis vendredi dans une grue à Nantes, a affirmé dimanche que sa cliente et son fils étaient "très éprouvés" par "les coups de force répétés" du père "depuis trois ans" et qu'une discussion ne pouvait s'engager "hors enceinte judiciaire".

"Benoît et sa mère ont été très éprouvés durant les trois dernières années par les coups de force répétés de Serge Charnay", écrit, dans un communiqué, l'avocate qui n'a pas souhaité que son nom soit publié.

"Aucune discussion ne saurait être engagée aujourd'hui en dehors de l'enceinte judiciaire, seule garantie de la sécurité et de l'intérêt supérieur de Benoît, justice que Serge Charnay n'a pas saisie et dont il refuse la médiation comme celalui a été proposé il y a 48 heures en urgence", affirme l'avocate, qui fait un long rappel des "coups de force" du père.

L'avocate fait ainsi état de deux soustractions d'enfant -l'une de 15 jours en 2010 et une seconde de deux mois et demi en 2011- ainsi que de propos menaçants de Serge Charnay à l'égard de la mère de son fils.
Elle rappelle qu'à la suite de ces soustractions, auxquelles les forces de l'ordre avaient mis un terme dans les deux cas, "la cour d'appel de Rennes a suspendu le droit d'accueil du père et accordé à la mère le seul exercice de l'autorité parentale".

"Le 12 septembre 2012, Serge Charnay a été condamné pour des faits de violences suivies d'une incapacité supérieure à huit jours, de soustraction d'enfant, et de menace contre les personnes avec ordre de remplir une condition (...) Il ne s'est pas présenté à l'audience mais a interjeté appel du jugement. La cour d'appel n'a pas encore fixé d'audience", souligne l'avocate.

Donnant des détails sur les deux soustractions d'enfant reprochées à Serge Charnay, l'avocate précise que, lors de la première, "en janvier 2010", l'enfant était "âgé de trois ans et demi" et était resté avec son père "pendant 15 jours, en dehors des vacances scolaires et du droit d'accueil élargi que lui avait accordé" la justice le 17 novembre 2009. "Le père et l'enfant ont été retrouvés à Bordeaux, dans un hôtel", par la police, ajoute-t-elle.

Serge Charnay avait ensuite fait appel de cette décision de justice "en sollicitant que la résidence de Benoît soit fixée à son domicile", dit-elle.
"En février 2011, alors que la cour n'avait pas encore statué sur son appel, Serge Charnay a menacé la mère de commettre une nouvelle soustraction si elle n'acceptait pas de mettre en place une résidence alternée", poursuit l'avocate.

"Inquiet des propos et menaces tenus par le père, et après l'avoir entendu, le juge des enfants a placé Benoît chez sa mère et autorisé des visites médiatisées (du père, ndlr) par décision du 3 mars 2011", précise-t-elle.

La deuxième soustraction a eu lieu en juillet 2011: le père a "enlevé Benoît en brutalisant (son) grand-père maternel" et "a disparu avec l'enfant du 11 juillet au 23 septembre 2011", avant d'être retrouvé par les gendarmes "en Ardèche où il se cachait", selon l'avocate.

Nicolas Moreno "redoute" une possible obstination de son ami


Nicolas Moreno, l'un des deux pères montés en haut de grues à Nantes, redescendu samedi pour sa part, a dit "redouter" dimanche dans un entretien au site internet de Sud Ouest que l'obstination de l'autre père, toujours perché, ne se retourne contre leur cause.
Interrogé sur cette éventualité, Nicolas Moreno a répondu: "Je le redoute, oui. Il ne faudrait pas que cela se retourne contre nous, comme l'attendent ceux qui d'ordinaire nous font passer pour de mauvais pères devant les tribunaux".

"Serge (Charnay) a tout intérêt désormais à la conciliation. Jean-Marc Ayrault a mobilisé deux ministres sur le dossier des papas, que mon ami prenne en retour ses responsabilités : tous ses problèmes ne peuvent pas se régler à la minute, comme il sera impossible de modifier d'un coup de baguette magique une justice sclérosée de quarante ans d'âge", a-t-il ajouté.

Monté samedi matin dans une autre grue géante avant d'en redescendre le même jour en fin d'après-midi, Nicolas Moreno a indiqué être monté dimanche dans la grue où se trouve depuis vendredi matin Serge Charnay "pour (lui) dire de faire en sorte que les choses se terminent bien, et qu'il accepte ce qu'on lui propose", a-t-il expliqué.

"Le fait d'avoir médiatisé notre combat est déjà une victoire énorme puisque c'est l'objectif (...) fixé lorsque nous avions envisagé cette opération "borderline" il y a quelques semaines", a-t-il dit.
"Je suis derrière lui jusqu'à tant qu'il reste un parent raisonnable, car je ne soutiendrai pas plus une maman irresponsable que lui s'il franchit la ligne", a-t-il ajouté.

Source AFP
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