Cinq questions à Xavier Coste, auteur de la bande dessinée "Rimbaud l'indésirable" parue chez Casterman

Parfaitement inconnu il y a encore deux ans, Xavier Coste joue aujourd'hui dans la cour des grands auteurs de bande dessinée. A son actif, deux albums, deux albums seulement, mais deux albums exceptionnels et un talent déjà affirmé et reconnu de tous. Rencontre...

Le premier album de Xavier Coste, une biographie romancée du peintre autrichien Egon Schiele, avait fait forte impression au moment de sa publication en mai 2012. Nous avions d'ailleurs à cette époque rencontré et soumis le jeune auteur d'origine bas-normande à sa toute première interview.

Douze petits mois plus tard, Xavier Coste est de retour avec une nouvelle biographie. On quitte le monde de la peinture cette fois pour celui de la poésie avec un de ses plus grands représentants, Arthur Rimbaud. Deux univers artistiques différents mais deux destinées pareillement tumultueuses et au bout du compte un nouvel album, beau... comme du Rimbaud !

Après Egon Schiele, Rimbaud… Deux personnalités complexes à la vie tumultueuse, deux artistes. Qu'est ce qui vous attire chez ces personnages : leur complexité ? Leur rapport à l'art ? Leur oeuvre ... ?

Xavier Coste. C’est un ensemble d’éléments, je dirais que c’est leur complexité et leur rapport à l’art qui ont fait que j’ai voulu m’intéresser à ces deux figures. Ils ont des points communs évidents, comme la précocité dans leur œuvre, et cette envie de tout bousculer, mais en dehors de cela pour moi il s’agit de deux personnalités distinctes. Le caractère de ces deux personnages était très intéressant à aborder, ils sont ambigus dans leurs rapports aux autres, et cela m’a demandé à chaque fois beaucoup de travail pour arriver à saisir leurs personnalités.
Aussi, Schiele a connu le succès de son vivant alors que Rimbaud est mort dans l’indifférence. Les poètes qui l’avaient côtoyé l’avaient oublié. Si Verlaine n’avait pas insisté, ses poèmes n’auraient jamais été publiés et aujourd’hui personne n’aurait entendu parler de Rimbaud.

Peut-on aborder la vie de Rimbaud comme celle d'Egon Schiele ? Autrement dit, avez-vous dû adapter votre façon de travailler pour ce deuxième album ?

X.C. Oui, pour moi le travail a été sensiblement différent sur ces deux albums. On ne connaît la vie d’Egon Schiele que dans les grandes lignes, on possède assez peu de détails, j’ai donc été obligé d’inventer des choses, de romancer, pour que l’histoire se tienne. Pour Rimbaud, j’avais au contraire accès à des centaines de documents et d’anecdotes. Je trouvais important de ne pas tomber dans une biographie académique, ce que j’espère ne pas avoir fait, mais je tenais toutefois à coller à la réalité. J’ai donc mis en exergue les points qui me paraissaient les plus intéressants, les plus méconnus, de la vie de Rimbaud, pour fournir ma vision du personnage, ce que j’en ai retenu.

Avec Egon Schiele, vous aviez souhaité donner à l'album une couleur générale inspirée de la peinture impressionniste. Peut-on de la même manière traduire visuellement la poésie ? Aviez-vous d'ailleurs en poème particulier en tête pendant la réalisation de l'album ?

X.C. Je pensais constamment au poème Voyelles, qui renvoie à quelque chose de très coloré, bouillonnant. Sur Rimbaud, j’ai tâché au mieux de varier les ambiances et d’avoir un rendu très coloré, contrairement à Schiele qui était assez monochrome, avec des pastels un peu éteints. Je voulais qu’on ressente l’écrasement de la chaleur dans la partie africaine, notamment. Quitte à ce que le travail sur les couleurs soit parfois minimaliste...

Scénario, dessin, couleurs, vous êtes ce qu'on appelle un auteur complet et donc un auteur qui travaille seul. C'est définitivement votre choix ? Un irrépressible besoin de tout contrôler ?

X.C. J’avais besoin de travailler seul, car je débutais à tous les niveaux et cela me permettait de réfléchir tout l’ensemble en amont. C’était important pour moi de tout contrôler d’autant plus que c’étaient des sujets qui me tenaient à cœur. C’est une grande liberté mais cela peut être angoissant car, du début à la fin, vous devez tout créer.

Qu'avez-vous maintenant dans vos cartons ? Une nouvelle biographie ?

X.C. Ma prochaine bande dessinée sera une fiction qui se déroule pendant la grande inondation de Paris de 1910.
Un couple, ruiné, va en venir à cambrioler une des plus grandes banques de la capitale. J’aimerais aller plus loin, aller vers des pages plus aérées, avec des cases de différentes tailles, formes…
Pour la suite, j’ai quelques projets en discussion avec des scénaristes, dont un projet de science-fiction, thème que je voulais aborder depuis longtemps.

Retrouvez les chroniques de "Egon Schiele, vivre et mourir" et "Rimbaud l'indésirable" sur notre site dédié BD 

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