Les salariés de l'usine nantaise du groupe américain Newell Rubbermaid "choqués" jeudi par une mesure qui obligera plusieurs d'entre eux, comme plusieurs de leurs collègues de Valence dans la Drôme, à former leurs successeurs polonais, avant d'être licenciés.
"C'est choquant pour tout le monde. Licencier des gens et demander de former les salariés étrangers, c'est vraiment n'avoir aucun scrupule", a déclaré à la sortie de l'usine Jacqueline Morisson, déléguée syndicale centrale CGT. Derrière elle, plusieurs dizaines de salariés étaient en débrayage jeudi matin devant leur usine de Saint-Herblain, au nord de l'agglomération nantaise, pour demander de meilleures conditions de départ pour le plan de "sauvegarde de l'emploi" qui va toucher une centaine de personnes du groupe en France.
Selon la direction, l'indemnité supra légale a été portée à 47 000 € et les congés de reclassement seront prolongés de trois mois.
1000 euros pour former son remplaçant
Les personnes qui devront former leurs successeurs polonais avant d'être licenciées sont près d'une dizaine dans la Drôme et treize à Saint-Herblain, toutes au sein du service clients, a précisé Mme Morisson."Le personnel n'a rien contre les salariés étrangers, ils sont exploités au même titre que nous, mais le côté humain n'a pas été pris en compte du tout. La direction a juste dit : "si les salariés acceptent, on leur octroie une prime de mille euros", a indiqué Mme Morisson.
"Ça fait quatre plans de licenciement depuis 2007, c'est bien pour nourrir les actionnaires, ils pompent sur le site le plus possible, jusqu'à épuisement quoi", a-t-elle déploré. "Ils feraient bien mieux de mettre de l'argent pour innover, pour développer les ventes".
Une logique américaine
Plusieurs salariés du service clients concernés par cette mesure de formation de leurs successeurs n'ont pas souhaité répondre à la presse, angoissés par les difficultés à venir pour retrouver un emploi et ne souhaitant pas les aggraver en apparaissant dans les médias."Il y a deux ans, quand le groupe a fermé l'usine Parker à New Heaven (Royaume-Uni), ce sont des Français qui sont allés là-bas pour être formés et revenir avec les machines, et l'usine est fermée là-bas", a rappelé sur place Thierry Cormerais, délégué central CFDT. "C'est pas une logique française mais c'est un groupe américain et eux, ils fonctionnent comme ça".
Newell Rubbermaid est spécialisé dans le matériel de bureaux et d'écriture. Il possède de très nombreuses marques dont Paper-mate, Parker, Reynolds, Waterman, mais aussi des marques d'outillages ou de matériel de puériculture comme Graco.
AFP
Les salariés de Waterman vont devoir former leurs remplaçants polonais, ils manifestent leur désapprobation devant leur entreprise