"Midnight Globe", le premier long métrage du Nantais Jonathan Musset...

Nantais jusqu'au bout de l'objectif, Jonathan Musset a mis sa ville en images dans un thriller poétique et énigmatique visible ces jours-ci dans quelques salles de la région et notamment ce vendredi soir au cinéma Le Concorde à Nantes. Rencontre...

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Un tournage de 30 jours en équipe restreinte, un budget de 45000 euros réunis en partie par l'intermédiaire du site de financement participatif européen Ulule, des acteurs et techniciens nantais, une projection ponctuelle dans quelques salles de Loire-Atlantique et de Paris... "Midnight Globe" n'a absolument rien du blockbuster américain, ni même de la production française habituelle. C'est un film totalement indépendant réalisé par un jeune nantais Jonathan Musset, un film qui pourrait ouvrir la voie à d'autres réalisateurs non chevronnés cantonnés jusqu'ici aux courts métrages...

Pouvez-vous nous raconter en quelques mots l'histoire du film ?

Jonathan Musset. Midnight Globe explore les différents problèmes de communication que les gens peuvent avoir entre eux et les jugements hâtifs qu'on peut parfois porter sur autrui. Et cette exploration se fait à travers Nattie, une jeune anglaise qui a justement des problèmes de communication avec les autres. Au début du film, elle est de retour dans un centre spécialisé pour apprendre à sourire aux autres grâce à une méthode d'apprentissage basée sur le jeu...

Pourquoi ce thème ? C'est quelque chose que vous avez vécu vous-même ou un de vos proches ?

J.M. C'est une bonne question. Pourquoi ai-je eu envie, parce qu'il s'agit vraiment d'une envie, de parler de ça ? Peut-être parce que j'étais moi-même timide étant jeune. Dans les soirées avec les copains, j'observais des gens encore plus timides, silencieux, mystérieux, et me disais que le silence ne voulait pas dire inintéressant. Toujours cette idée de jugement hâtif...

Vous avez choisi comme décor principal la ville de Nantes. Pour quelles raisons ?

J.M. Je suis né en Loire Atlantique. J'y ai fait mes études. Nantes a de fait toujours été pour moi la grande ville, ma ville. J'ai donc eu naturellement envie d'y tourner. Et puis cinématographiquement parlant, Nantes est très intéressante. On y trouve même des équipes techniques et des comédiens. Alors, pourquoi aller systématiquement à Paris pour raconter des histoires de fiction qui pourraient être aussi bien racontées ailleurs et notamment à Nantes ?

Nantes aurait donc des "facultés" naturelles pour le cinéma ?

J.M. Il y a effectivement énormément de lieux magnifiques à exploiter d'un point de vue image. Maintenant, dans Midnight Globe, on ne filme pas directement les monuments et encore moins les monuments connus afin que le film ne ressemble pas à une carte postale. Le passage Pommeraye, par exemple, a été énormément utilisé par les cinéastes et le reprendre aujourd'hui dans Midnight Globe aurait fait cliché.
J'ai eu envie d'utiliser d'autres lieux plutôt récents ou récemment rénovés, des lieux symboliques de la ville. Par exemple, le jardin des Fonderies sur l'Ile Beaulieu est un endroit dans le style architectural des Nefs de l'Eléphant, un endroit récent et moins connu des Nantais. 

Comment s'est déroulé le tournage ?

J.M. Très bien. Le tournage a duré une trentaine de jours avec une équipe restreinte au maximum pour des histoires de budgets bien évidemment. Une trentaine de jours ou plus exactement de nuits puisque nous avons tourné principalement la nuit. 

Un mot sur les acteurs. Comment les avez-vous sélectionnés ?

J.M. Je souhaitais faire travailler des comédiens nantais sachant que très peu d'entre eux avaient l'expérience d'un long métrage. Au final, cinq comédiens sont des Parisiens, une vingtaine sont d'ici. C'est principalement par les réseaux sociaux que je les ai repérés. J'étais d'ailleurs étonné par le nombre de comédiens dans la région, dont beaucoup viennent du théâtre. Le rôle principal est tenu par un Nantais, Anthony Bertaud. 

La photographie est particulièrement soignée. Quelles sont vos influences ?

J.M. D'un point de vue technique photo, ce sont des gens comme l'Anglais Philip Bloom et l'Américain Vincent Laforêt qui m'ont inspiré. Ce sont eux qui les premiers ont prouvé qu'on pouvait utiliser sur les tournages professionnels des appareils photo numériques. Et de fait, il y a aujourd'hui de plus en plus de cinéastes qui tournent avec des Canon 5D ou 7D.  Bloom et Laforêt ont créé une nouvelle esthétique de l'image à partir de ces appareils-là. Midnight Globe a également été tourné avec un 5D, d'où l'esthétique particulière.
Ensuite, d'un point de vue artistique, j'adore le travail de Tim Burton, Cédric Klapisch, ou Quentin Tarentino mais je n'ai pas la prétention de faire du Klapisch ou duTarantino. Je n'ai d'ailleurs pas vraiment de maîtres à penser...

Quel regard portez-vous sur le microcosme du cinéma français ?

J.M. J'ai un regard très critique. Je pense que c'est un milieu très protectionniste, très fermé, et ce à tous les nouveaux de la création d'un film, de l'écriture jusqu'à la distribution. Il y a des gens qui ont peur de perdre quelque chose, qui sont réfractaires aux changements qui pourraient intervenir? Par exemple avec les caméras numériques. Le fait que Midnight Globe ait été en partie financé sur internet (via le site de financement participatif Ulule, ndlr) a été un frein question crédibilité.
Ce sont de nouvelles façons de fonctionner et il y a des gens à qui ça fait peur. En même temps, il y a aussi beaucoup de gens qui essaient de faire bouger les choses...

Financement participatif, démarche équitable, acteurs locaux, internet... C'est ça pour vous le nouveau cinéma ?

J.M. C'est clairement une nouvelle façon de commencer à faire du cinéma ! Aujourd'hui, il y a beaucoup de gens qui sortent des écoles de cinéma, qui font des courts métrages pendant très longtemps et qui arrêtent. Il y a très peu de gens qui parviennent à faire un jour un long métrage. Alors oui, le financement participatif pour prendre cet exemple est une alternative et peut permettre à de jeunes réalisateurs de se lancer. Ensuite, sur internet, on trouve de tout, y compris des cours pour apprendre le métier. Enfin, il y a les caméras qu'on peut aujourd'hui remplacer par des appareils beaucoup moins onéreux du style 5D... 

24 films sont sortis en salle le 4 décembre. Parmi eux "Midnight Globe". Comment fait-on pour exister ?

J.M. 26 films même ! C'est la plus grosse journée de l'année. C'est donc très dur d'exister au niveau national, de se faire une place dans les multiplexes avec un film comme Midnight Globe. La seule solution est de jouer la carte locale, de projeter le film dans une salle de Pornic, de Nantes... d'espérer remplir la salle pour être programmé une deuxième fois... 

Votre rêve le plus fou c'est quoi ? A/ Fouler le tapis rouge de Cannes B/ Pouvoir faire un deuxième film C/ Travailler pour le cinéma américain D/ Racheter les studios de Luc Besson

J.M. Ah ah ah, non non, mon rêve n'est pas de racheter les studios de Besson, ce ne sera jamais possible, ni de connaître la célébrité, ni de faire un deuxième film. Ce serait en fait d'en faire 10, 15, 20, de perdurer et d'en vivre...

Justement, quels sont vos projets ?

J.M. Je travaille sur deux choses en parallèle, un deuxième long métrage et des formations liées au cinéma et aux nouvelles technologies...

Propos recueillis le 3 décembre par Eric Guillaud

Plus d'infos sur le site internet et sur le compte facebook de Midnight Globe

Les dates de projection
Au Concorde de Nantes le vendredi 6 décembre à 20h45
Au Cinéma de Saint Michel Chef Chef le vendredi 6 décembre à 20h30 en présence du réalisateur
Au Cinéma de Sainte-Marie sur Mer (Pornic) le dimanche 8 décembre à 20h30
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