Le caractère exceptionnel de la tempête n’y est pour rien, à l’énoncé des chefs d’accusation à l’encontre des 5 prévenus, on mesure bien que ces 5 semaines de procès ne seront pas de trop pour dire toute la complexité d’un système qui a conduit à la mort de 29 personnes
Demblée, Pascal Almy, le président du tribunal rappelle le caractère exceptionnel de ce procès. La transformation de cette salle de congrès en annexe du palais de justice des Sables-d’Olonne, trop petit pour accueillir plus de 120 parties civiles. On mesure à ce nombre l’importance du drame. Et la douleur pour les familles survivantes.
Mais c’est l’énoncé des identités des 29 victimes de la tempête Xynthia qui confère soudainement à ce lieu impersonnel son caractère de lieu de justice. "Ce n’est pas une salle de spectacle, mais un lieu à la hauteur de l’importance de cette affaire et du terrible drame humain. Il y aura des moments éprouvants, des moments de tension, je ne tolérerai aucune perturbation".
Puis comme on le ferait devant le monument au morts de la Grande Guerre dans les communes un 11 novembre, le président du tribunal égrenne les 29 noms. "Mr Marratier il vous est reproché publiquement la mort de : Patrice Rousseau, né le 5 août 1953, Muriel Rousseau, née le 4 août 1953, Maryvonne Charneau, 7 novembre 1949, Mélanie Charneau, 13 juillet 1928, Santo Benezra, 17 février 1934, Paulette Boutroy née Benezra, 2 février 1935, Yvonne Gallois, 25 octobre 1921, Marguerite Gautreau, 7 avril 1946, Yamina Bounaceur, 4 janvier 1937, Ismaël Bounaceur, 29 mai 2005, Nora Bounaceur, 6 novembre 1966, Camil Bounaceur, 23 janvier 1997, Jean Grimand, 14 mars 1923, Berthe Grimaud, 18 novembre 1923, Gilbert Limouzin, 9 juillet 1928, Nicole Le Gallo, 26 octobre 1944, Simone Beauget, 3 février 1929, René Beauget, 22 avril 1926, Louisette Plomion, 14 octobre 1939, Gérard Plomion, 11 mars 1939, Bernard Rossignol, 20 août 1953, Suzanne Colonna, 17 mai 1930, Raphaël Tabary, 22 septembre 2007, Francis Tabary, 18 juin 1949, Germaine Dubois, 10 février 1929, Pierre Dubois, 21 février 1931, Roger Arnault, 10 avril 1935, Jeanine de Conynck, 2 juin 1930, Christiane Merel, 26 février 1944"
Pourquoi sont-ils morts ?
Parmi le public on entend des sanglots étouffés. Plus de 4 ans après le passage de la tempête Xynthia, la douleur est à vif. Les familles veulent savoir pourquoi.Pourquoi on a laissé des gens ordinaires construire leur maison dans ce trou fatal, comment en poussant la porte de l’agent immobilier Philippe Babin, ils sont tombés dans le piège de permis de construire entachés d’irrégularités, donnés par l’adjointe au maire en charge de l’urbanisme Françoise Babin, maisons construites ensuite par les entreprises de Patrick Maslin également adjoint au maire.
Pourquoi les services de l’État qui supervisent ces décisions administratives on laissé faire, ou pour le moins ont tiré la sonnette d’alarme trop tardivement devant le nombre de ces constructions édifiées derrière des digues incapables, par leur vétusté, de contenir des flots déchaînés.
Pourquoi encore la commune n’avait toujours pas mis en place de Plan de Prévention des Risques ?
Et puis, le plus terrible de ces pourquoi. Pourquoi, dans la journée qui précède le drame, en dépit des avertissements répétés des services du préfet de l’imminence et de l’importance de la submersion prévisible de la commune, pourquoi le Maire n’en a pas averti la population ?