Près de deux mois après le procès de la tempête meurtrière Xynthia, en février 2010, les anciens élus de La Faute-sur-Mer (Vendée) menacés de lourdes peines vont refaire face vendredi aux quelque 120 parties civiles, à l'occasion d'un jugement très attendu.

Le tribunal correctionnel des Sables d'Olonne doit dire si l'ancien maire de la station balnéaire, René Marratier, et son ex-adjointe à l'urbanisme, Françoise
Babin, contre lesquels des peines de prison ferme ont été requises, sont responsables de la mort par noyade de 29 personnes, lors du passage de Xynthia sur les côtes françaises.

Ce procès "exceptionnel", qui s'était étalé sur cinq semaines, dans un centre des congrès réquisitionné pour accueillir les parties civiles, les nombreux journalistes accrédités et le public, avait permis aux familles des victimes "d'avoir pu dire publiquement et ouvertement ce qu'on avait sur le coeur depuis quatre ans et demi", retrace Renaud Pinoit, président de l'Avif, l'association des victimes.

Les récits glaçants d'une cinquantaine de rescapés de la tempête s'étaient succédé pendant sept jours, tous racontant avec beaucoup d'émotion leur "nuit d'horreur", celle du 27 au 28 février 2010, lorsque l'eau avait pénétré dans leurs maisons, après la submersion de la digue censée les protéger.
"Au départ, personne ne voulait aller à la barre. Et finalement, on était content d'avoir pu exposer les faits, on s'est senti un peu soulagé", poursuit Renaud Pinoit.

Présente lors de la quasi-totalité du procès, notamment lors des interrogatoires des prévenus face à une salle comble, la tension était légèrement retombée dans les rangs des parties civiles après les réquisitions du ministère public.
En réclamant des peines sévères à l'encontre des deux anciens élus, respectivement quatre ans de prison dont trois ferme et trois ans de prison dont deux ferme pour
René Marratier et Françoise Babin, le procureur de la République Gilbert Lafaye avait pointé du doigt la "frénésie immobilière" et "l'urbanisation à outrance" qui s'étaient emparées de la commune sous le mandat de l'ancien maire (1989-2014).

La plupart des victimes de Xynthia avaient péri dans des lotissements construits en zone inondable et leurs maisons de plain-pied auraient dû comporter un étage, en raison du risque fort de submersion de la digue voisine.
Pour l'accusation, les anciens élus ont failli en n'informant pas la population des risques d'inondation, dont ils avaient parfaitement conscience, et en signant des permis de construire au mépris des règles d'urbanisme et de sécurité.

A la barre, René Marratier et Françoise Babin avaient plaidé l'impossibilité de prévoir une catastrophe aussi "exceptionnelle", lui se posant en "petit maire" à l'intelligence "limitée".
Leurs avocats les avaient présentés comme les "boucs émissaires" choisis pour masquer "les erreurs grossières" des agents de la DDE (Direction départementale de l'équipement, ndlr), service décentralisé de l'Etat, qui n'ont jamais clairement expliqué les risques de submersion aux élus et dont l'absence sur le banc des prévenus, à l'exception de l'ex-directeur départemental adjoint, a été longuement soulignée.

A quelques jours du jugement, la défense de René Marratier redoute une condamnation "pour faire plaisir aux victimes".
"Le tribunal a passé des heures à demander aux victimes leur ressenti, mais n'a posé aucune question" au sénateur (PS) Alain Anziani, rapporteur de la mission commune d'information du Sénat créée après Xynthia pour "éviter de nouveaux drames", qui avait été cité par la défense, relève l'un des avocats de René Marratier, Me Antonin Lévy. 

"On a beau faire un procès comme ça, il y a encore quelques jours il y a eu trois morts dans l'Hérault, après des pluies diluviennes. On a voulu en faire un procès pour l'exemple et on en fait un procès pour rien car on n'a tiré aucune leçon de la catastrophe", estime-t-il.

Les quatre prévenus jugés pour "homicides involontaires" sont, outre René Marratier et François Babin, le fils de cette dernière, Philippe Babin, agent immobilier et président de l'association chargée de la surveillance de la digue submergée, et Alain Jacobsoone, à l'époque directeur départemental adjoint des Territoires et de la Mer (ex-DDE).

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