Au 7e jour du procès en appel de l’assassinat de Frédéric Guittard, tué au Mans le 29 juin 2015, la présidente a continué de mener les débats avec rythme et précision. A la cour d'Assises d'Angers, elle réalise un travail de pédagogie plus que nécessaire dans un dossier parfois complexe.
Les dessinateurs sont souvent essentiels au récit d’un fait divers. Lors de ce procès dans l'affaire Guittard, ils sont plusieurs à capturer des moments de Justice qu’aucune caméra n’a le droit de filmer.
Le regard des dessinateurs est assez aiguisé pour repérer d’un coup d’oeil les personnages marquants. "Elle est bien présente la présidente là, ça change !", remarque l’un d’eux en s’installant sur les bancs de la cour d’Assises d’Angers. Il revient de l'un des procès les plus médiatiques de l’année, celui de Jonathan Daval.
Une présidente haute en couleurs
Difficile, effectivement, de ne pas remarquer Marie-Cécile Thouzeau. On a presque l’impression que sa chevelure - qui tend vers le rouge - a été soigneusement pensée pour coller à sa robe, rouge elle aussi.
Cette présidente haute en couleurs s’est imposée comme un personnage essentiel de ce nouveau procès, maîtrisant son dossier. "Je n’ai malheureusement pas votre connaissance exhaustive du dossier Madame le Président", reconnaît l’avocat général. La présidente a surtout imprimé sa patte par le rythme qu’elle impose aux auditions.
Volontiers souriante, elle pose les faits de manière précise. La présidente écoute. Et dès qu’il le faut, elle n’hésite pas non plus à porter la contradiction ou à clarifier des propos.
Quand les experts s’enchaînent et que l’on pense perdre le fil, la présidente reprend la main. "En clair, pour résumer…", "Sous votre contrôle, je me permets de clarifier". Dans une affaire complexe dont le dossier fait plusieurs milliers de pages, la présidente sait faire preuve d’une pédagogie plus que nécessaire.
► Le reportage de notre rédaction en date du 14 décembre 2020
Empathie et franchise
La victime clairement identifiée de cette matinée de l’assassinat du 29 juin 2015 est Frédéric Guittard, tué de trois balles. Mais ce meurtre a fait plusieurs victimes psychologiques.
L’entourage de Frédéric Guittard, ses soeurs et son frère. Et deux jeunes filles, adolescentes au moment des faits, qui ont perdu leur père et dont la mère a été incarcérée. La présidente n’a pas manqué de rappeler la douleur de M. et S. à l’accusée, Touria Rafjaoui, ex-femme de Frédéric Guittard. "On parle quand même du père de vos enfants à ce moment-là. (…) Non seulement, Frédéric Guittard a été tué. Mais votre fille, qui a découvert le corps, a été exposée à sa mort".
Connaissant parfaitement son dossier, la présidente tient les débats et sait se montrer ferme, également face aux avocats. Lors d’une audition au sixième jour du procès, une témoin raconte les mois qui ont suivi l’assassinat de Frédéric Guittard.
Sans jamais évoquer l'existence du couple corse, l’ex-compagne de la victime faisait en revanche régulièrement part de son inquiétude sur les questions d’argent. Cela pourrait constituer un mobile clair pour organiser l’assassinat de son mari.
En prenant la parole, l’avocat de l'accusée tente donc de faire dire à la témoin qu'il ne s’agit que d'un détail anodin. Il est vite repris par la présidente : "Maître Noachovitch, prévient la présidente, je vais poser la question de façon neutre car à force de vous voir souffler les réponses, ça se voit !". Et soudainement, l’expression "voir rouge" a pris tout son sens.