Après la crise du Covid-19 et les aléas du Brexit, la filière pêche des Pays de la Loire se structure

Comme tous les secteurs de l’économie, celui de la pêche n’est pas épargné par la crise. Au plus fort du confinement, les professionnels ont perdu 50% de leur chiffre d’affaire. La profession s’organise pour résister. 

"La crise du Covid-19 a totalement déstabilisé le marché de la pêche", confirme José Jouneau, président du Comité régional des pêches des Pays de la Loire. "On s’est organisé pour fournir le marché régional mais on a perdu une grosse partie de nos exportations vers l’Espagne et l’Italie". La chute de production est de l’ordre de 50% durant le confinement et depuis le début de l’année la perte de chiffre d’affaire avoisine les 50% pour la filière en Pays de la Loire.

Malgré le déconfinement, l’activité reprend très lentement et José Jouneau ne cache pas son inquiétude. D’autant que le secteur de la restauration et plus largement du tourisme peinent à se relancer.

On ne le sait pas toujours, mais les Pays de la Loire sont la deuxième région de France en valeur de vente de poissons réalisées en criée, et la quatrième en volumes vendus.

"Anticiper les problèmes et se mobiliser"

Elle compte près de 1200 marins et 359 navires, répartis dans les six ports de pêche de Loire-Atlantique et de Vendée (La Turballe, Le Croisic, Noirmoutier, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, l'île d'Yeu et les Sables d'Olonne).

En 2018, les cinq criées régionales ont vendu plus de 21 000 tonnes de poissons pour un chiffre d’affaires de 102 millions d’euros.

La crise sanitaire couplée aux incertitudes sur les conséquences du Brexit inquiète toute la profession et a probablement accéléré la volonté de structurer le secteur. En discussion depuis trois ans avec l'ensemble des acteurs, "Loire Océan Filière Pêche", association interprofessionnelle devrait être officiellement créée cet été.

"Nous voulons redonner ses lettres de noblesse à la filière", explique José Jouneau, "nous devons nous organiser, anticiper les problèmes et nous mobiliser tous ensemble".

"On s’est rendu compte que pêcheurs et mareyeurs marchaient en parallèle, sans jamais se croiser, chacun essayant de faire du business. Mais nous avons besoin les uns des autres. Certains mareyeurs veulent réguler leurs approvisionnement et nous on peut produire ce qu'ils veulent vendre. L’objectif c’est de faire correspondre l’offre et la demande", explique le président du Comité régional des pêches des Pays de la Loire.

Le Brexit .... et ses inconnus

Une analyse que confirme Erwann Le Floch secrétaire général du SMIDAP, Syndicat Mixte pour le Développement de l'Aquaculture et de la Pêche en Pays de la Loire, qui accompagne la profession dans sa structuration.

"Les liens créés entre les différents maillons du secteur ont permis d’aborder la crise du Covid-19 collectivement et de trouver des solutions adaptées pour limiter les impacts. Le dialogue entre mareyeurs et producteur permet d’adapter l’effort de pêche au marché".

Depuis la crise de 2008, la pêche ligérienne s’est réorientée vers la pêche côtière, un marché haut de gamme à forte valeur ajoutée. La flotte compte majoritairement des bateaux de moins de douze mètres qui pratiquent des marées courtes de 24 à 96 heures maximum, ce qui permet d’alimenter les criées en poissons frais tout au long de la semaine.

Mais cet équilibre risque d’être mis à mal par le Brexit et les décisions des britanniques sur l’accès à leurs eaux territoriales très prisées des bretons et des normands.

"On sait qu’il y a 200 navires hauturiers bretons et normands qui vont être impactés par le Brexit donc on risque d’avoir un report des forces de pêche dans le golfe de Gascogne. Ce sont des unités relativement importantes par rapport à notre flottille, donc cela va générer des problèmes de cohabitation, des problèmes de marché et de partage de l’espace", craint José Jouneau. 

"Si les flottilles de la Manche débarquent, la cohabitation risque d'être compliquée", confirme Erwann Le Floch, qui craint un effet domino sur l'ensemble de la filière pêche française. 

En se structurant, la profession compte bien peser sur les négociations post-Brexit et protéger son modèle économique.

"On débarque près de cent espèces de poissons dans nos ports chaque jour, il y en a pour toutes les bourses. Nous devons mieux communiquer avec les consommateurs et développer les marchés de proximité", conclut José Jouneau.

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