Cet été, des arbres ont perdu leurs feuilles, ou alors ils avaient déjà leurs couleurs d'automne, en plein mois d'aoùt. Conséquences de plusieurs vagues de chaleur extrême. Combien de temps nos forêts pourront-elles absorber le changement climatique ? Comment les aider à s'adapter ? Décryptage.
Ça craque sous les bottes…le sous-bois est tapissé d'herbes ou de ronces entièrement sèches.
À Guémené-Penfao, Patrick Blanchard, ingénieur forêt au Centre National de la Propriété Forestière (CNPF) nous emmène sur une parcelle en lisière de forêt. C’est l’une des plus touchées par le manque d’eau et les vagues de chaleur qui se sont succédées cet été. " Là vous avez des aubépines qui sont complètement sèches montre t-il…Est-ce que ces aubépines sont mortes ? je ne peux pas le dire, on verra ça au printemps prochain, mais en tout cas ce genre de situation, moi je n’ai jamais vu, ça jamais ! "
Dès le mois d'août, de nombreux arbres se sont débarrassés d'une partie de leurs feuilles, pour éviter de transpirer, alors que l'eau manquait au niveau de leurs racines. C'est en levant les yeux que l'on constate l'ampleur de ces dépérissements.
"Les observations, pour constater qu'il y a vraiment quelque chose qui se passe au niveau des conséquences de la sécheresse sur les végétaux, c’est de voir une cîme avec un feuillage de plus en plus clair, explique Patrick Blanchard, des feuilles qui changent de couleur et qui tombent à une période où ce n’est pas prévu que les arbres se débarrassent de leurs feuilles. Avec tous ces symptômes là, on constate que l’arbre souffre".
Certains sont déjà morts. D'autres repartiront peut-être, si la pluie est au rendez-vous, et si les parasites n'attaquent pas trop les arbres affaiblis.
"Si on a une succession comme ça, d'étés très secs avec un déficit hydrique très important, les arbres qui ont été fragilisés la première année vont l’être encore davantgae avec les années qui suivent et petit à petit, on va aller vers de la mortalité "
Patrick Blanchard, Ingénieur forêt
Selon l'étude du centre régional de la propriété forestière, en 60 ans, les températures en Pays de la Loire ont déjà augmenté d'un à deux degrés selon les zones.
L'ONF sème de jeunes plants plus résistants pour reboiser les forêts
Pour préparer l'avenir, et pallier des températures en constante augmentation, l'Office National des Forêts étudie donc des variétés plus méridionales.
Jean-Christophe Helleisen est technicien de recherche et développement à l'ONF, il nous entraîne dans la serre de l'ONF à Guémené-Penfao.
"On a 2 000 plants de petits chênes des Canaries, décrit-il, ils vont être dispatchés dans des îlots d’avenir à l’intérieur des forêts françaises dans le but de connaître leur tolérance ou leur résistance à la sécheresse"
Dans cette pépinière expérimentale, on trouve aussi des cèdres de l'Himalaya, des sapins de Sicile ou bien des Séquoias de Californie. Mais pour l'instant, c'est sur la variété du chêne pubescent que les recherches ont le plus avancé. Les 800 plants de cette serre devraient permettre à terme, de remplacer le chêne Sessile, trop vulnérable à la sécheresse.
"Ceux-là ne sont pas destinés à être plantés dans les forêts. Ils sont destinés à être plantés dans un verger à graines qui sera situé à la Chapelle-Heulin, dans le but de créer de la semence forestière et in fine de récolter des glands pour pouvoir produire des plants forestier afin de reboiser la forêt française"
Les premiers glands ne sortiront que dans une quarantaine d'années, ce qui veut dire, pas loin d'un siècle avant de voir ces variétés adultes pousser dans les forêts françaises.
En attendant, la profession compte sur une régénération naturelle, de plus en plus complexe avec l'élévation de la température.