Cancer du sein. Le combat de Patricia, héritière de la "malédiction familiale"

Dans la famille de Patricia, les femmes meurent du cancer du sein. Elle est la quatrième génération touchée par ce mal. Malade depuis trois ans, elle livre un témoignage poignant sur son combat. Patricia partage ses réflexions sur ce qui semble se transmettre comme une malédiction familiale.

Dans la famille de Patricia, le cancer du sein a touché plusieurs générations de femmes. Cette maladie, Patricia en a connu l'ombre très tôt, notamment à travers sa mère Annick et sa sœur Brigitte, toutes deux décédées des suites de cette même maladie.

C’est au moment de la toilette mortuaire de son arrière-grand-mère, Anastasie, qu'elle a découvert l’étendue de cette hérédité. Celle-ci avait un sein complètement atrophié, conséquence probable d'un cancer non traité.

Son propre diagnostic est venu bouleverser encore davantage cette trajectoire familiale marquée par la souffrance et la perte.

L'annonce du cancer

Depuis 2019, Émilie, la fille de Patricia, est considérée avec ses frères et sœurs comme une personne à risque. Malgré son jeune âge, elle fait des examens tous les ans en redoutant d'être la prochaine. Pourtant, le test analysant les gènes porteurs s'est révélé négatif.

Lorsque Patricia annonce son cancer à sa famille, c’est sa fille Émilie, l’aînée, qu'elle prévient en premier. Ce moment, douloureux et lourd de sens, est resté gravé dans la mémoire d'Émilie, qui a aussitôt ressenti que la "malédiction familiale" s'était à nouveau abattue sur eux.

"Le premier trou de mémoire de ma vie, je l'ai eu ce soir-là, sur scène, après que tu m'as annoncé la nouvelle" raconte Émilie, visiblement encore marquée.

Ce sentiment d'injustice est partagé par d'autres membres de la famille, qui revivent à travers Patricia le même cauchemar qu'ils ont déjà affronté avec Annick et Brigitte.

Une lutte contre la douleur

Face à la maladie, Patricia se bat avec une résilience exceptionnelle. Malgré les douleurs articulaires et les effets secondaires des traitements, elle parvient à maintenir une activité physique régulière. Aquagym, yoga et marche rythment ses journées, lui permettant de garder une certaine forme physique.

Le médecin oncologue suit son évolution avec attention, adaptant les traitements en fonction de ses besoins. Mais Patricia ne cache pas les difficultés qu'elle rencontre au quotidien. Entre les douleurs liées aux métastases osseuses et la fatigue, elle exprime ses doutes quant à sa capacité à continuer de lutter à long terme.

J'ai dit à l'oncologue : si un jour, j'ai des métastases osseuses, c'est fini pour moi. Ce traitement me prolonge de quelques années, mais à quel prix !

Patricia

L'importance de mourir dignement

L'une des réflexions les plus profondes de Patricia concerne sa fin de vie. Elle a pris des décisions claires sur ce qu'elle souhaite, refusant toute forme d'acharnement thérapeutique. Pour elle, la dignité prime, et les soins palliatifs représentent une solution humaine et respectueuse de ses souhaits.

"Je ne veux pas être maintenue artificiellement en vie. Ça n'a aucun sens pour moi. Les soins palliatifs, c'est une façon humaine de partir, aussi bien pour moi que pour vous."

Patricia est également très précise sur ses dernières volontés : une incinération simple, avec une urne biodégradable déposée à la mer. Elle souhaite que ses proches se souviennent d’elle avec des moments joyeux, et qu’ils fassent la fête pour célébrer sa vie plutôt que de pleurer sa mort.

Un courage qui inspire

Malgré la souffrance, Patricia montre une force et un courage exemplaires, notamment pour protéger ses enfants.

On sera obligés de se mettre d'accord sur tout ça, et c'est bien que tu aies tout noté, maman.

Émilie Maréchal

Pour Émilie, ce dialogue autour de la mort et des dernières volontés de sa mère est difficile, mais essentiel. Il leur permet d’aborder des sujets souvent tus, et de préparer ensemble les étapes à venir.

Un message d’espoir et de réconciliation

L'histoire de Patricia est celle d'une femme qui, malgré un héritage familial tragique, a su se battre pour elle-même et pour ses proches. Elle aborde la maladie avec sagesse et humanité. Dans ce combat, elle ne se contente pas de subir, elle cherche aussi à se réconcilier avec son passé et sa famille, en préparant les retrouvailles avec ceux à qui elle avait tourné le dos.

"Sur l’île des Amazones, notre fratrie se réunit autour de toi, et nous préparons ensemble les retrouvailles avec le reste de la famille" raconte Émilie avec une lueur d’espoir.

Bien que sa vie soit marquée par la maladie, le parcours de Patricia reste avant tout une leçon de courage, de transmission et d’amour.

Le documentaire "L'amazone" met en lumière non seulement la difficulté de vivre avec le cancer, mais aussi l'importance de parler, de préparer, et de faire face à l'inévitable avec dignité.

"L'amazone" un documentaire d'Émilie Maréchal et Camille Meynard

Une production Supermouche Productions

Diffusion jeudi 3 octobre à 22 h 40

Rediffusions à 9 h 35 vendredi 18 octobre et lundi 4 novembre

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