ENQUÊTES DE RÉGION. Sécurité routière : le relâchement en Pays de la Loire ? [mercredi 6 mai à 23.15]

En 2019, 194 personnes ont perdu la vie sur les routes des Pays de la Loire et en cette période de confinement, les grands excès de vitesse se multiplient sur les routes de la région. Comment faire baisser le nombre de décès 2020 ? Quelles sont les mesures à prendre ? À voir mercredi 6 mai à 23.15 !

Ce nouveau numéro d’Enquêtes de région nous parle, une fois encore, de nous. Nous tous individuellement et collectivement.

Individuellement car si nous sommes plus prudents au volant, en traversant une rue, à vélo, à moto, bref plus attentifs à notre comportement nous pouvons éviter bien des morts sur les routes.

Collectivement car si nous sommes plus vigilants les uns vis-à-vis des autres, plus soucieux d’autrui, en anticipant ses réactions, nous pouvons là encore, sauver bien des vies.


►Voir ou revoir l'émission dans son intégralité (mercredi 6 mai 2020 à partir de 22.30)

Monter cette émission, comme on dit dans le jargon journalistique et télévisuel, a été relativement simple tant les différents acteurs de la route, d’un bout à l’autre de la route même, de l’automobiliste ou motard accidenté, à la gendarmerie en passant par le personnel politique et bien sûr celui de la prévention (en l’occurrence La ligue contre la violence routière) sans oublier évidemment, les soignants, ceux qui rééduquent après un accident, tous étaient partants, motivés pour en parler.

Séduits presque à l’idée de livrer un témoignage, une expérience et surtout un message de sagesse et de prévention car tous ont alors à l’esprit que 194 personnes sont décédées sur les routes des Pays de la Loire en 2019.

Sur le bord d’une route de Maine-et-Loire


Une départementale toute droite. Un endroit propice à la vitesse, à l’envie de lâcher les chevaux, de voir et de montrer ce que le moteur de sa voiture ou de sa moto a dans le ventre.
Seulement une départementale, partout en France, voit la vitesse autorisée limitée à 80 km/h et sur celle-ci les excès de vitesse sont nombreux, d’où la présence régulière de la maréchaussée sur le bord de la… chaussée.

Le jour du tournage de l’émission, durant la troisième semaine de janvier, il fait froid. On le voit à l’image, il y a de la brume, le ciel est blanc, le soleil est bas. Je suis avec le commandant de gendarmerie Samuel Rouaux. C’est lui qui commande l’escadron de sécurité routière en Maine-et-Loire, pour faire simple, le chef des motards.

Et je m’attends à ce qu’il mette en avant la vitesse excessive comme principale cause de la mortalité sur les routes de son département. Eh non, il avance, comme première cause, la consommation d’alcool et de drogues. Elle est présente dans 30 % des accidents mortels. Surtout chez des conducteurs jeunes chez lesquels un sentiment d’impunité prédomine.


La solution ?

Encore et tout le temps contrôler car la peur du gendarme fonctionne toujours.
Et puis faire de la prévention. Vous l’entendrez, Samuel Rouaux énumère toutes les actions mises en place par les gendarmes tout au long de l’année.
Fin de cette première séquence, où j’ai pu, vous le verrez lors du générique de fin, tester les jumelles-radars. Ces jumelles qui permettent de mesurer la vitesse d’un véhicule à plusieurs centaines de mètres de distance, en pointant son regard sur sa plaque d’immatriculation, on appuie sur un bouton et la vitesse s’affiche.

Pour l’anecdote, sachez que les gendarmes se donnent une petite marge d’erreur, donc si les jumelles indiquent 82, 83 km/h, ils seront compréhensifs. Au-dessus même avec le plus beau des sourires, il sera difficile d’échapper à l’amende.
Pour autre anecdote, j’ai remarqué que le commandant participe à la modernisation de son arme. Comment cela ?
 


J’ai trouvé qu’il parlait presque normalement comme les civils, moins "gendarme" que d’autres qui utilisent à foison les termes : individus, dispositif, procédure et consorts.
Deuxième rendez-vous : au centre de rééducation et de réadaptation La Tourmaline, à St-Herblain, en banlieue nantaise. On est en intérieur, j’ai pu tomber la parka et l’air décontracté, une main dans la poche, je déambule dans les couloirs de ce lieu qui voit passer 3 200 patients chaque année. Des gens qui ont été victimes d’un accident de la route pour beaucoup et qui viennent ici en rééducation souvent après une amputation.
J’ai rendez-vous avec Guillaume Lucas. C’est l’un des nombreux kinés de l’équipe.

Autour de nous il y a des gens en shorts une jambe nue, une jambe métallique. Je suis d’emblée impressionné par les sourires, tout du moins la quiétude qui règne ici.

Ces personnes ont vécu quelque chose de très dur, la route (souvent mais pas seulement) les a meurtris, blessés dans leur chair, enlevé un membre et ils sont là, souriants pour certains, concentrés, le regard volontaire à l’idée de se battre pour recouvrer une vie la plus normale possible avec un membre métallique en lieu et place de jambe. Leur hargne, leur envie de ne pas céder au découragement (et Dieu sait s’il y a des moments où ils auraient envie de baisser les bras) domine la fatalité.

Guillaume nous parle de la fierté ressentie quand les gens quittent les lieux.
 

Dans cette même pièce de rééducation de La Tourmaline, je rencontre ensuite Claude Chabot.

Il est vice-président en Loire-Atlantique de la ligue contre la violence routière. Je le connais bien pour l’avoir interviewé plusieurs fois par le passé. L’homme est affable toujours prêt à répondre favorablement à nos demandes d’interview.
Agé, l’homme n’en est pas moins toujours révolté face à la violence routière qui l’a profondément touché, l’un de ses enfants ayant perdu la vie dans un accident de la route.

La violence routière est le combat de sa vie. Il aurait bien raccroché mais son association, le temps de trouver un président à temps plein, a de nouveau fait appel à lui pour remplir cette mission.
Alors quand il entend dire que dans certains départements comme le Maine-et-Loire il est question de faire marche arrière, autrement dit de faire repasser certaines routes ou portions de routes à 90 km/h, son sang ne fait qu’un tour.
Ça n’évoque rien de bon pour lui.
 

On parle à présent (par le biais d’un reportage) des piétons, innombrables victimes de la route également. Puis nous voilà de retour en Maine-et-Loire sur un centre d’apprentissage de la conduite moto.
Nous tournons sur une piste sécurisée. Il fait toujours aussi froid, normal c’est l’hiver. La fourrure de la capuche de mon invité suivant le prouve une nouvelle fois.
Il s’appelle Jean-François Franik, c’est la première fois que je rencontre ce directeur d’auto-moto école de Beaucouzé.

Il est sympa, il a prévu un thermos rempli de café. Toute l’équipe apprécie, parce qu’il faut que je vous dise (ou écrive) qu’un tournage d’Enquêtes de région nécessite du monde. Une petite armada de professionnels.
En plus de votre serviteur. Zut, c’est impoli, j’aurais dû terminer par moi. Trop tard le mal est fait.

Donc aux côtés du présentateur, il y a la seule femme du groupe, la scripte, en l’occurrence ce jour-là Isabelle. Elle observe les enchaînements de séquences et surveille la durée de mes interviews. Toutes sont limitées. Nous avons au préalable déterminé une durée et telle une vigie, Isabelle veille à ce que je la respecte. Il y a aussi Charles, le caméraman harnaché comme Robocop car il porte un steadycam : une caméra montée sur un axe pour permettre des mouvements fluides.Emmanuel, deuxième caméraman. Paul, preneur de son. Guillaume qui nous fait profiter de ses lumières. Et Pascal, le réalisateur de ce magazine, l’homme qui dirige les manœuvres et qui, ensuite au montage, rend le tout fluide et pour qu’il soit agréable (on l’espère) à regarder.
 


Revenons à notre directeur d’auto-moto école. Le permis AM a remplacé le BSR, nous dit-il. Pour connaître la signification des sigles, rendez-vous dans l’émission. Jean-François, très didactique, nous explique tout cela et l’importance de la formation des plus jeunes au volant comme au guidon (pour ce dernier, dix heures de formation sur piste).

Nous nous installons tous deux dans une voiture. Deux caméras fixées sur le tableau de bord et le pare-brise nous filment. Nous suivons deux motards en formation. Donc si vous avez bien suivi, ils ont déjà effectué dix heures de formation sur piste pour apprendre le maniement de la machine.
 
De retour à La Tourmaline, je rejoins Marc Vérove.
Il est arrivé à moto et une fois dans la salle de rééducation je vois un homme en bermuda ce qui permet d’observer la prothèse qu’il porte à une jambe.
 
Un accident, cinq ans de rééducation et des années après, 36 ans après les faits, une amputation a mis fin à ses souffrances.
 

Aujourd’hui, l’homme tout sourire, est toujours un défenseur de la cause des motards, un amoureux des bécanes mais surtout un infatigable militant de l’association des paralysés de France. Il fait de la prévention auprès des jeunes mettant en avant un maître-mot : l’attention.

Il milite aussi dans l’association Handicaps motards solidarité. Pour la petite histoire, ça m’a fait sourire (comme lui aujourd’hui) mais c’est dramatique, l’homme qui l’a percuté avec sa voiture est venu quelques jours plus tard réclamer le remboursement des frais de réparation de son véhicule auprès de ses parents… qui l’ont fermement envoyé sur les roses.

On retrouve le commandant Rouaux, toujours dans le froid, (le rouge sur le bout du nez de mon interlocuteur comme sur le mien le montre encore une fois) qui nous rappelle les amendes auxquelles nous sommes sujets en cas d’infraction sur la route.
 
Alors toujours le long de cette départementale j’interviewe à présent le président du Conseil départemental de Maine-et-Loire. Il s’appelle Christian Gillet. C’est un homme qui a de la bouteille en politique. Le cuir épais comme on dit.
Je l’ai, lui aussi, interviewé à maintes reprises. Nous nous connaissons, ce qui signifie que je sais sa faconde, sa propension à parler vite pour expédier un sujet.
 

Donc charge à moi d’insister sur certains points qu’il voudrait non pas passer sous silence, mais disons… survoler. Il est pour le taux d’alcool à zéro pour prendre le volant. Mais il veut aussi voir revenir le 90 km/h sur des routes de l’Anjou, sur 410 km de routes sur les 4 860 km que compte son département. Pour certains c’est criminel, pour lui : justifié et il est décidé à voir aboutir son projet car les chaussées seront aménagées.
 
Tout cela va coûter des sous. Combien ? Plusieurs centaines de milliers d’euros. Christian Gillet donne le chiffre dans l’émission. Pas mal le teasing hein ?

On a appris plein de choses au fil de cette émission, évidemment grâce aux connaissances des intervenants.
D’où l’intérêt de bien les choisir. D’autres auraient eu aussi toute la légitimité pour s’y trouver mais nous avons toujours la contrainte du temps, de la durée. Donc il faut faire des choix et nous les assumons. Dans une autre émission peut-être, à l’avenir, on ne sait encore quand, nous donnerons la parole à d’autres acteurs de la sécurité et l’insécurité routière.
 
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