Toutes les associations de solidarité font le même constat depuis septembre 2022 : jamais elles n’ont été confrontées à une situation sociale aussi dramatique. Les demandes d’aide explosent, le nombre de bénéficiaires atteint un record. Alors, qui sont celles et ceux que l’on peut qualifier de "nouveaux pauvres" ? Comment les associations font-elles face ? Quels dispositifs de l’Etat, des villes, départements existent pour leur venir en aide ? Dimanche en politique s’intéresse à ces nouvelles pauvretés, ce dimanche 22 janvier à 11h25.
Un crève-cœur. Pour la 1ère fois de son histoire, le Secours populaire, submergé par les demandes à Nantes, a décidé de refuser en ce début d’année de nouveaux bénéficiaires. Impossible de faire plus, quand 1000 personnes supplémentaires se sont inscrites chaque mois depuis septembre. "Pour être à la hauteur de l'accueil que nous voulions pour les personnes, nous ne pouvions plus aller plus loin", affirme Nathalie Bouillet la directrice départementale, la mort dans l’âme. "Nos bénévoles n’en pouvaient plus et refusaient d’être là pour "faire de l’abattage" comme le ressentaient beaucoup. C’est aussi pour les préserver que nous avons décidé de stopper les nouvelles inscriptions".
Aux restaurants du cœur, on n’en est pas encore là… Mais le point de rupture est proche. Car en un an, le nombre de bénéficiaires a explosé dans la Région : +20% ! 7 millions et demi de repas ont été servis dans nos départements, qui ne sont pas tous concernés de la même façon par la hausse des demandes : en Vendée, la fréquentation est stable, mais elle explose en Sarthe et surtout, de très loin, en Loire-Atlantique : +32% de dossiers en un an.
La situation est inquiétante dans tous les territoires, urbains mais aussi ruraux. Il y a deux mois, les restos du cœur ont lancé leur 3ème centre itinérant dans la région. Après la Loire-Atlantique et la Sarthe, c’est en Maine-et-Loire que ce camion épicerie distribue gratuitement ses produits alimentaires. Il fait étape dans 4 communes, dont Noyant Villages, la 2ème plus pauvre du département après Angers.
Porter plus attention aux territoires ruraux, c’est aussi un des messages des élus qui ont adressé une lettre à Emmanuel Macron en début de semaine. Parmi les signataires, Abbassia Hakem, adjointe à Nantes, Astrid Lelièvre, 1re adjointe à Saumur et Yves Calippe, adjoint au maire du Mans, en charge des solidarités et vice-président de l’Union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale.
Tous demandent au Chef de l’Etat d’être "à la hauteur de la situation exceptionnelle à laquelle nous sommes collectivement confrontés". La réponse de l’Etat, espèrent-ils, viendra avec le pacte des solidarités, attendu en mars, et qui proposera notamment de lutter contre le « non-recours ». Car on estime qu’environ 30% des personnes qui ont droit aux prestations sociales n’en font pas la demande, pour le RSA, les aides au logement. Pourquoi ? Parce qu’elles n’ont pas l’information, trouvent les démarches administratives trop complexes, ou ont honte de demander des aides auxquelles elles peuvent pourtant prétendre.
Le département de Loire-Atlantique s’est porté candidat pour tester la « solidarité à la source » (comme l’impôt à la source, elle consisterait à verser les prestations sociales automatiquement, en se basant sur le revenu fiscal du loyer) et pour soutenir l’effort contre le non-recours.
Il y a urgence à agir, car même si les Pays de la Loire sont la 2ème région la moins touchée de France par la pauvreté (derrière Auvergne-Rhône Alpes et devant la Bretagne), des secteurs restent encore en grande souffrance.
C’est le cas à Nantes, où un habitant sur 6 vit sous le seuil de pauvreté.
Parmi les bénéficiaires des restaurants du cœur, un chiffre inquiète particulièrement : 52% des personnes accueillies ont moins de 25 ans. Des jeunes en rupture scolaire, familiale qui poussent la porte des restaurants du cœur pour survivre au quotidien
Comment se profile 2023 ? "L’année s’annonce noire en terme d’inflation, donc forcément les plus pauvres vont avoir de grosses difficulté, redoute Nathalie Bouillet. Il nous faut des partenaires et des moyens financiers pour faire face ". D’autant, complète Claude Thomas "que la crise énergétique, alimentaire nous touche aussi, nous associations. La solidarité, ça doit donc être tout le monde".
Pour en débattre, Virginie Charbonneau accueille en plateau et en duplex :
- Claude Thomas, Délégué régional des Restos du cœur en Pays de la Loire
- Nathalie Bouillet, Directrice du Secours Populaire Loire-Atlantique
- Yves Calippe, Adjoint à la solidarité de la ville du Mans (en duplex du Mans)
►Dimanche en Politique : Les nouvelles pauvretés, c'est ce dimanche 22 janvier à 11h30 sur France 3 Pays de la Loire
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