Greve dans l'éducation nationale : 150 écoles élémentaires fermées en Loire-Atlantique, 3 500 manifestants à Nantes, une mobilisation record

Le mouvement était annoncé comme "historique" par les syndicats. En Pays de la Loire comme partout en France il a été fortement suivi, notamment dans les établissements primaires. En Loire-Atlantique 150 écoles élémentaires étaient fermées ce jeudi matin.

Il était 7 heures ce jeudi matin lorsque des lycéens des Bourdonnières ont organisé un blocus devant l'établissement. Un feu est allumé au milieu de la route. Les élèves réclament la mise en place d'un protocole sanitaire digne de ce nom. Très vite, ils sont délogés par les forces de l'ordre à coup de gaz lacrymogènes.

"Je ne suis pas surpris. Quand les lycéens et lycéennes décident de s'organiser pour réclamer de meilleures conditions d'apprentissage la réponse gouvernementale, c'est la répression, c'est la violence et malheureusement nous y sommes habitués. Cela ne fait que renforcer notre colère et notre détermination à gagner des vrais moyens".

Clément Brochard est professeur des écoles à Saint-Herblain en Loire-Atlantique et co-secrétaire départemental du syndicat Sud Education

Partout dans la région, comme au niveau national, la colère gronde. Les allégements annoncés par Jean Castex n'ont pas suffi et la prise de parole du ministre de l'Education a mis de l'huile sur le feu à défaut d'apaiser la situation. 

"On ne fait pas grève contre un virus", a déclaré le ministre dans l'hémicycle, en appelant à "l'unité de la Nation autour de son école".

La réponse a été cinglante. Il manquait beaucoup de monde ce jeudi matin à l'appel. Sur le site web de Nantes Métropole ,les écoles élémentaires de l'agglomération sont toutes affichées comme "fermées ou partiellement fermées en raison du mouvement social qui touche l'éducation nationale".

65% de grévistes dans le primaire, plus de 50% dans le secondaire

En Loire-Atlantique dans le premier degré, plus de 150 écoles sont fermées, on compte 65% de grévistes dans le primaire et plus de 50% dans le secondaire selon le syndicat sud éducation. "C'est considérable!", commente Clément Brochard.

Le contexte sanitaire c'est la goutte d'eau qui est en train de se transformer en torrent. On a pas attendu le covid pour se mettre en mouvement.

Clément Brochard, SUD Education 44

"Ce mouvement est aussi la suite logique des deux précédents, les 7 et 14 décembre dernier où déjà 60 écoles étaient fermées dans le département. Nous réclamons des moyens ! Des moyens humains pour accueillir tous les enfants dans de bonnes conditions à l'école : des profs, des AESH pour accompagner les enfants en situation de handicap, des psychologues scolaires, des enseignants spécialisés, des infirmières. Il n'y a pas assez de professionnels dans les écoles, la crise sanitaire ne fait que cristalliser cette exaspération qui couve depuis longtemps. Nous sommes vraiment dans cette continuité là", explique l'enseignant.

En gros plus la situation sanitaire est critique moins le protocole nous protège. La température monte et on décide de casser le thermomètre!

Clément Brochard

Sud Education 44

Les propos de Jean Michel Blanquer ? "Un mépris de plus. Il fait semblant de ne pas comprendre notre colère."

On ne fait pas grève contre le virus Covid, on fait grève contre un virus libéral qui est symbolisé par Jean-Michel Blanquer et contre des décennies de politiques qui détruisent l'école, qui dégradent les conditions d'apprentissage des enfants par des suppressions de postes. On entasse des élèves dans les classes sans moyens humains à la hauteur des enjeux. Elle est là la vraie raison de notre grève!

Clément Brochard, Sud Education 44

En plus de la tête de Jean-Michel Blanquer "qui n'est pas à la hauteur et qui doit démissionner" Sud réclame "des mesures structurelles pour construire l'école de demain et des recrutements massifs. Il faut un vrai plan d'urgence pour les écoles et investir. C'est la priorité!"

La FCPE avait appelé les familles à soutenir les familles en n'envoyant pas les enfants à l'école ce jeudi. " Nous avons énormément de retours positifs. Les parents comprennent très bien que les conditions de travail des personnels dans les écoles et les conditions d'apprentissage des enfants sont les deux faces d'une même pièce."

En cette fin de matinée, selon les syndicats, 3 500 enseignants, parmi lesquels certains n'ont jamais fait grève, défilent dans les rues de Nantes. Ils ont été rejoints par des parents d'élèves.

Une délégation représentant l'intersyndicale éducation a été reçue, à sa demande, "par le préfet en personne, signe que ça tangue au gouvernement", constate Bernard Valin, coordinateur académique SNES FSU.

A Saint-Nazaire 1000 manifestants se sont rassemblés dans le centre ville. Le sous-préfet est resté sourd aux revendications des grévistes en refusant de recevoir les syndicats. Indignés face à ce silence qu'ils estiment "empli de mépris à l'encontre de personnels en souffrance", ces derniers ont adressé un courrier aux représentants de l'Etat.

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