Né dans le désert mauritanien il y a 24 ans, Yliès Zougguari est aujourd'hui une figure de la culture urbaine à Nantes. À l'occasion de la seizième édition du Hip Opsession, le jeune activiste nous ouvre les portes de son univers, les pieds sur terre, la tête dans la house dance. Rencontre...
C'est au LU, le Lieu Unique à Nantes, que nous a donné rendez-vous Yliès. Rien d'étonnant, l'endroit est depuis de nombreuses années maintenant le lieu de convergence de tous les danseurs hip hop de la ville. Yliès le fréquente depuis 2012 lorsqu'il s'est mis à la danse, 5 à 6 heures d'entrainement par jour et les battles pour obsession.
La danse ? Ce n'est pourtant pas son truc au départ. Lui est plutôt football. Jusqu'au jour où il se fait renvoyer de son club. Un peu turbulent le garçon. C'est dans la boxe qu'il jette alors son dévolu mais un souffle au cœur lui interdit toute compétition. "Je ne pouvais tout de même pas continuer sans pouvoir me confronter aux autres. Ça m'a totalement démotivé". Alors, Yliès jette l'éponge et s'oriente vers la danse.
De la boxe à la danse, un sacré grand écart pourrait-on s'imaginer. Pas tant que ça ! "Je suis arrivé à la danse par le break dance et le break dance est assez viril, assez sportif et compétitif. Comme la boxe finalement. J'avais 18 ans quand j'ai commencé, j'étais raide, à priori pas vraiment fait pour ça".
La danse c'est bien mais Yliès n'a pas qu'une flèche à son arc. Entre deux entrainements, deux compétitions, le danseur se fait étudiant, en master 2 finance à l'université de Nantes. "Je ne veux pas devoir courir après les cachets, je ne veux pas que la danse devienne une contrainte, je préfère donc assurer du côté des études, me faire une base solide, avoir de quoi vivre et après continuer à m'épanouir dans ma passion".
Sage précaution. Né dans le désert mauritanien à Nouadhibou, d'une mère malienne et d'un père mauritanien, Yliès a grandi là-bas jusqu'à ses six ans avant de rejoindre Bondy, en région parisienne. Il y reste une dizaine d'années, avant d'être envoyé par ses parents à Nantes. L'adolescent turbulent découvre la vie en province : "Changement d'ambiance, c'était vraiment la campagne par rapport à Paris. Du coup, je me suis recentré sur les études".
Yliès est membre du collectif HDN, HDN pour House Dance Nantes, un jeu de mot vous l'aurez compris avec ADN.
"Comme la culture hip hop, la culture house a sa propre identité, c'est une culture plus organique que le hip hop. Elle est née aux États-Unis au sein des communautés latino, afro-américaines et WASP (White Anglo-Saxon Protestant, ndlr). La house dance se démarque par l'apport du patrimoine ethnique des danseurs, ici la salsa, ou les danses caribéennes, là les danses africaines, là encore les claquettes, les danses irlandaises... Dans les clubs de New York et Chicago où elle est née dans les années 80, cette danse était une véritable carte d'identité. Tu regardais les danseurs, tu savais d'où ils venaient. D'où le jeu de mot avec ADN".
Une petite démonstration de la house dance façon Yliès
"L'idée est ici de faire participer le public, de le rendre actif, de le faire danser, comme ça se faisait avant. C'est un format un peu à l'ancienne".
n deuxième partie de soirée, de 23h à 4h du matin, place au hip hop avec une soirée plus classique autour d'un Dj et de danseurs. Entrée libre dans les deux cas...
Dans un monde un peu trop normatif à son goût, Yliès trouve dans la house dance son espace de liberté et de création. Il cherche aujourd'hui un stage pour boucler ses deux années de Master, sur Nantes ou ailleurs, les pieds sur terre, la tête dans la house dance.
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