Après les incendies qui ont touché tout l'ouest de la France, les forêts mettront du temps à se régénérer. Il faut attendre plus de 3 ans avant de replanter et même les arbres qui n'ont pas brûlé restent sous surveillance.
Ils tiennent encore debout, mais à quel prix ?
Près des parcelles touchées par les incendies de l'été dernier, les arbres survivants ont subi un tel stress qu'ils offrent une proie de choix pour les attaques de parasites. Dans les mois et les années qui viennent, les forestiers conserveront une surveillance particulière. Les arbres malades devront être coupés pour éviter des attaques de nuisibles sur les zones épargnées de la forêt.
10 ans pour retrouver une ambiance forestière
Avant cela, il leur faudra d'abord sécuriser les lieux afin que les activités puissent reprendre en forêt sans risques pour les promeneurs. En effet, quand il n'y a plus de végétaux, les sols fragilisés peuvent entraîner des chutes de bloc ou des coulées de boues, tandis que les arbres partiellement brûlés pourraient tomber ou voir chuter leurs branches sur des zones fréquentées.
Dans un second temps, ils devront effectuer un diagnostic dans chaque parcelle pour recenser les arbres partiellement ou entièrement détruits, évaluer les volumes de bois à enlever, et déterminer les endroits où une régénération naturelle est possible.
Quant à envisager une reconstruction de la forêt, cela ne se fera pas avant trois ou quatre ans. Soit de manière naturelle, soit par replantation dans les endroits où la nature n'aura pas pu reprendre ses droits. Ce n'est qu'au bout d'une dizaine d'années que l'ambiance forestière reparaîtra sur les zones incendiées.
2 047 hectares brûlés en Pays de la Loire
Dans les Pays de la Loire, 2 047 hectares ont brûlé cet été, parmi lesquels 36,5 hectares de forêt publique.
En France, ce sont 65 000 hectares d'arbres et de sous-bois qui sont partis en fumée, rejetant un million de tonnes de CO2 dans l'atmosphère. Sans oublier tout le carbone que n'absorberont plus les zones incendiées.
Après cet été catastrophique, Johanne Pertuisot, directrice de l'ONF en Centre-Ouest-Aquitaine, tâche de tirer quelques enseignements : "Il faut bien l'avoir en tête, 90% des feux sont d'origine humaine. L'importance de l'incendie dépendra plus des conditions météo, sécheresse, chaleur et vent, que de l'espèce des arbres en place."
Avec le changement climatique, la forêt ne sera plus la même
Forêts anciennes, forêts mélangées ou forêts composées d'une seule espèce, toutes ont été touchées à même enseigne. "Si on parle d'adaptation des forêts aux incendies, il n'y a pas de forêt vraiment adaptée ! "
Pour Johanne Pertuisot, il faudra cependant remplacer les arbres dépérissants par des espèces plus résistantes : "Avec les changements climatiques, la forêt de demain ne sera certainement pas la même que celle d’aujourd’hui. Pour l’ONF, tout l’enjeu est de conserver une forêt en bonne santé pour lui permettre de remplir pleinement son rôle de puits de carbone et ses autres fonctions écologiques, économiques et sociétales."
Des pistes pour lutter contre les incendies
La reconstruction des forêts incendiées inclura également des pistes destinées aux pompiers, des accès aux points d'eau, etc... L'ONF va également travailler à des rapprochements avec les services de lutte contre les incendies, pour mettre en place, par exemple, des exercices en milieu naturel.
Cependant, la meilleure protection serait sans doute une baisse des émissions de gaz à effet de serre, qui dépend à la fois des gestes individuels, mais également d'une stratégie globale de transition.