Mohammed Achamlane, le leader du groupe islamiste dissous a été interpellé ce vendredi matin
Le groupuscule islamiste dissous Forsane Alizza, dont le leader a été interpellé vendredi, a mené des actions épisodiques filmées et diffusées sur le net, notamment contre la loi sur le voile intégral, mais l'Intérieur l'accuse aussi d'être "un groupe armé".
Interrogé par l'AFP sur la dissolution de son organisation ordonnée en février, celui qui se présente comme un simple "porte-parole", Mohammed Achamlane, n'avait pas exclu le recours à la lutte armée: "C'est possible, si l'islamophobie s'intensifie de jour en jour".
Selon une source policière, des armes ont été retrouvées sur le lieu de son interpellation vendredi à l'aube dans l'agglomération nantaise.
Jusqu'alors, Forsane Alizza, les "Cavaliers de la Fierté", s'était illustré par des actions spectaculaires: le groupuscule a ainsi appelé ses membres à manifester devant le tribunal de Meaux, où des femmes voilées comparaissaient, ou encore à brûler le code pénal dont "pas une ligne ne protège les musulmans".
Ses membres soutiennent également le Nantais Lies Hebbadj, qui vit avec plusieurs
femmes, comme en novembre quand cinq militants étaient venus devant le tribunal de Nantes. Parmi eux Mohammed Achamlane, qui avait expliqué n'avoir "peur ni des magistrats, ni des tribunaux, ni de la police ni de rien du tout".
Le premier "coup d'éclat" de ces "Cavaliers de la Fierté" remonte à juin 2010 quand une dizaine avaient appelé à boycotter un McDonald's de Limoges, enseigne qu'ils accusaient d'être au service d'Israël. Cela a valu en septembre une condamnation à plusieurs de ses membres qui avaient quitté l'audience aux cris d'"Allah Akbar" (Allah est le plus grand).
En septembre, au grand dam des fidèles, ils ont perturbé le premier office du vendredi tenu dans une ancienne caserne du XVIIIe arrondissement de Paris, après la décision du ministère de l'Intérieur d'interdire la prière sur la chaussée.
Mohammed Achamlane, qui se fait appeler Abou Hamza (du nom de l'oncle maternel du prophète Mohammed) avait revendiqué en janvier auprès de l'AFP "plusieurs centaines" de militants. Des spécialistes parlent plutôt d'"une poignée", tandis que l'Intérieur en évoque "une centaine, peut-être moins".
Pour le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Mohammed Moussaoui, il s'agit d'un "groupuscule à la marge", "composé de jeunes jouant d'actions spectaculaires médiatiques qu'ils filment en vidéo et diffusent ensuite".
Claude Guéant avait justifié la dissolution du groupuscule au motif qu'il formerait "des personnes à la lutte armée". "Pure calomnie" et "diffamation", avait rétorqué Mohammed Achamlane.
L'Intérieur avait décrit le groupe comme un "sas de radicalisation" dont les membres se verraient "dispenser des formations au combat".
Juste avant qu'il ne soit fermé, Forsane Alizza avait annoncé "une soirée spéciale recrutement", expliquant que l'organisation prenait "de l'ampleur", avait "besoin de main d'oeuvre fissabililah" (ndlr: "sur le chemin d'Allah") et recherchait "surtout des soldats!". L'appel s'adressait particulièrement aux adeptes des "sports de combat".
"Cela ne veut pas dire forcément soldat armé en tenue militaire", s'était justifié Mohammed Achamlane auprès de l'AFP.
Concernant sa doctrine, Mohammed Achamlane affirme que "l'instauration du califat en France n'a jamais été (l')objectif" de son groupe. Il appelle toutefois de ses voeux "une société islamique dans laquelle on voudrait émigrer".
Mohammed Achamlane réfute être le leader du groupe, expliquant que "Les Cavaliers de la Fierté" prennent leurs décisions "par un système de consensus".