François Hollande : celui qu'on n'attendait pas

Le socialiste François Hollande est le premier Président de gauche depuis François Mitterrand

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Le socialiste François Hollande devient Président de la République, 17 ans après la fin du mandat de François Mitterrand, le dernier président de gauche sous la cinquième République, qui avait été élu le 10 mai 1981, puis réélu pour un second septennat de 1988 à 1995.
 


Contrairement à François Mitterrand, qui s'est présenté quatre fois à l'élection présidentielle (1965, 1974, 1981 et 1988), François Hollande se présentait pour la première fois à la présidentielle française.
C'est le candidat qu'on n'attendait pas.
Il n'a jamais été ministre.
L'homme était raillé de tous: trop rond, trop apparatchik, trop provincial.

Mais au terme d'une longue course et d'un sans-faute en campagne, le socialiste François Hollande a été élu président.

Les moments forts de la soirée du 6 mai 2012


        "Je n'ai pas d'artifice"            

"Je suis celui que vous voyez, je n'ai pas d'artifice, je n'ai pas besoin de me travestir. Je suis ce que je suis, simple, direct, libre", se décrit-il.

Au départ, personne n'attendait cet ancien chef du Parti socialiste pendant 11 ans et député de Corrèze, un département rural du centre de la France.

Il n'avait ni le charisme de l'ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, ni le lien charnel aux Français de son ex-compagne, Ségolène Royal, candidate en 2007.

Natif de Normandie, il semblait très loin du charisme qu'exige en France l'élection présidentielle, cette onction républicaine.

Fils d'un médecin rugueux d'extrême droite et d'une assistante sociale de gauche, il a bâti sa campagne sur une intuition: la France est fatiguée de l'énergie débordante de Nicolas Sarkozy, de son "exhibition permanente" et rêve d'une présidence "normale".

              L'anti-Sarkozy
 

Hollande a été avant tout "l'anti-Sarkozy", la meilleure promesse de "dégager" le président sortant selon ses opposants qui reprennent les slogans du Printemps arabe.

La gauche avait un candidat crédible. Pas encore un vainqueur possible. Mais les mois de campagne électorale ont transformé la perception des Français de cet homme de 57 ans.

Sous le besogneux capable de parler fiscalité pendant des heures, ils ont découvert un homme plein d'humour, constant dans son programme, combatif en meeting et pugnace en débat face à Nicolas Sarkozy.
"Il a changé. C'est comme s'il était rentré dans ce costume (de président) au fil des jours", estime sa compagne Valérie Trierweiler. "Il est tout à fait prêt à exercer cette fonction".

Jusqu'au 14 mai 2011, le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, est le favori des socialistes, des sondeurs et de la presse. Mais les déboires judiciaires de DSK ouvrent la voie à François Hollande.

Les premiers sondages le placent en tête des candidats de gauche préférés des Français. Mieux, il est en position de battre Nicolas Sarkozy.
    

Durant toute la campagne, ce dernier lui a reproché de se dérober, d'éviter les questions, la confrontation.

"L'homme n'est ni rusé ni cynique, il est simplement dans une posture d'évitement", résume son biographe Serge Raffy.

Evitement ? Le mot lui colle à la peau depuis sa plus tendre enfance quand, élève dans une école religieuse, il évite les punitions de ses rigoristes professeurs à coups de sourires et de bonne notes.
 

         Le " labrador de Mitterrand"
 

Après un déménagement à Neuilly, la très chic banlieue parisienne, il découvre Paris, la politique et les filles. "En amour et avec les filles, c'est comme en anglais, je suis plutôt dans la catégorie des médiocres", dit-il.
      

Ni gauchiste ni anarchiste, il étudie à l'Ecole nationale d'administration (ENA), creuset des élites françaises, puis entre à la Cour des comptes. Il commence à écrire des "notes" pour le président Mitterrand, élu en 1981 et seul président socialiste jusque là de la cinquième République (née en 1958).

A 26 ans, il tente le pari de se présenter aux législatives sur les terres du futur président Jacques Chirac, qu'il interpelle en réunion publique.

"Qui êtes vous, monsieur ?", lui lance Jacques Chirac, qui dira bien plus tard l'apprécier.

"Je suis celui que vous comparez au labrador de Mitterrand", lui répond le jeune socialiste.

Social-démocrate assumé, Européen convaincu, François Hollande grandit dans l'appareil du PS. Il espère entrer dans le gouvernement du président Mitterrand.

En vain. Bis repetita en 1997 quand un socialiste, Lionel Jospin, devient Premier

ministre à la faveur d'une victoire de la gauche aux législatives.

Les échecs de la gauche en 1995, 2002 et 2007 l'amènent à se décider.

A la rentrée 2009, Hollande discute avec sa nouvelle compagne Valérie Trierweiler.

"Je lui ai dit: : "si tu penses que tu es le meilleur, tu y vas", dit la journaliste politique.

"Il m'a répondu: "Je suis le meilleur", assure-t-elle. "C'est la première fois que je l'entendais dire cela".

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