La vidéo de l'audition de Marina par les gendarmes secoue la cour d'assises.
Le premier signalement au parquet du Mans pour maltraitance sur Marina, morte à 8 ans sous les coups de ses parents, a donné lieu à une enquête en 2008 et la cour d'assises a entendu jeudi le médecin légiste mais aussi Marina, dans un enregistrement de l'audition des gendarmes.
Le film de l'audition de Marina par les gendarmes, dans le cadre de l'enquête, a marqué la matinée de jeudi d'un moment très fort.
Dès les premières secondes, Virginie Darras, la mère, éclate en sanglots, cache son visage en baissant la tête. Son mari fixe l'écran, les coudes sur les genoux, mais reste impassible.
Marina a sept ans, elle apparaît heureuse à l'écran, rit même à gorge déployée avec l'enquêtrice qui l'interroge. Son rire un peu métallique résonne dans la salle d'audience.
La fillette est éveillée, souriante, elle explique ses blessures par des chutes, elle explique que tout se passe bien à la maison, que personne ne lui fait du mal. Les cicatrices ? "C'est parce que je tombe", explique Marina, et ainsi de suite pour chaque blessure.
La petite affirme même n'être jamais punie et, en plus de 30 minutes d'enregistrement, les gendarmes n'auront rien, sauf à la dernière minute où la petite va faire un lapsus, avant de se reprendre.
"On a dû lui dire avant de ne pas dire ce qui se passait à la maison et que si elle le disait on pourrait aller en prison et elle ne nous reverrait plus", avoue, le visage défait, Virginie Darras. Le père, secoué de tremblements, confirme. Il explique qu'il pensait alors que "c'était fini", que Marina allait tout dire.
Juste avant, la cour avait entendu le médecin légiste qui a examiné Marina le 15 juillet 2008, en présence d'Eric Sabatier, et constaté 19 lésions sur la fillette.
Des lésions "d'allure ancienne" qui "restaient très suspectes du point de vue de leur nombre (...) Les explications données par le papa ne pouvaient nous faire exclure des faits de violence", a-t-il expliqué, relisant son rapport. "En tant que père, voir un enfant couvert de blessures qui ne sont pas courantes à cet âge-là, on ne peut qu'être suspicieux" mais "rien ne permettait formellement d'incriminer une tierce personne", explique le légiste.
Ce signalement sera finalement classé sans suite par le parquet.
Les parents, en procédure de divorce, sont accusés d'actes de tortures et de barbarie sur mineure de moins de 15 ans ayant entraîné la mort. Ils encourent la réclusion à perpétuité.