La cour d'assises de la Sarthe s'est intéressée mercredi à l'arrivée du couple en Sarthe.
Après le passé des deux accusés mardi, la cour d'assises de la Sarthe s'est intéressée mercredi à l'arrivée du couple en Sarthe et à la scolarité chaotique de Marina.
Témoignages d'enseignants
A la barre, plusieurs enseignants sont venus dépeindre les bleus et les marques constatés sur le corps de Marina. Ils ont aussi fait part de leurs doutes quant aux conditions de Marina à l'intérieur de la cellule familiale.
" Marina volait souvent les goûters des autres enfants au cours des récréations. Je l'ai surprise une fois : elle m'a expliqué qu'elle avait faim. Quand j'ai demandé à sa mère, elle m'a répondu que Marina était boulimique, que c'était normal." Voilà le récit d'une des premières institutrices de Marina appelée à la barre. A la question du président Roucou, " Est-ce que Marina a déjà évoqué ce qu'elle vivait à la maison ?", l'enseignante répond : " Elle n'a jamais dénoncé ses parents. A mon avis, elle se sentait responsable de sa situation."
Vient ensuite l'institutrice de maternelle de Marina, à l'école de Parennes (72). Cette dernière décrit sa rencontre avec Marina : " J'ai tout de suite été interpellée par son physique. Elle avait une démarche particulière avec un pied rentré en dedans. Elle n'avait pas beaucoup de cheveux pour son âge. Son visage ressemblait à celui d'un boxeur." Dès la rentrée scolaire 2007, une partie des enseignants commence à douter des dénégations des parents. Chutes dans des cailloux, maladies, allergies ou encore bagarres avec ses frères, les excuses ne manquent pas pour justifier l'état physique de Marina. Quant en avril 2008, le personnel de l'école menace de signaler ces anomalies, le couple décide de déménager. Sans preuves tangibles de maltraitance, les instituteurs ne peuvent saisir les autorités sociales mais décident, néanmoins, d'alerter l'équipe enseignante de Saint-Denis d'Orques, future étape du parcours scolaire de l'enfant martyr.
Les parties civiles à la recherche de responsabilités
C'est d'ailleurs un des problèmes soulevés par l'audience d'aujourd'hui. A chaque convocation de la famille par l'institution scolaire, les époux Sabatier se présentent, répondent avec aplomb et affirment leur bonne foi. Sans attestation officielle du médecin scolaire, les enseignants hésitent puis estiment ne pas avoir suffisamment d'éléments constitutifs pour prouver les mauvais traitements subis par Marina. En y ajoutant les déménagements successifs du couple, difficile pour eux d'avertir les autorités sur le sort de la petite en ayant toutes les certitudes.
Souvent silencieux, voire absents depuis le début de la procédure, les différents avocats des parties civiles se sont manifestés aujourd'hui au travers de ces témoignages. Par exemple, Me Vanina Padovani, représentante de l'association "L'enfant bleu-enfance maltraitée", interroge les enseignants sur les protocoles en vigueur dans les cas de suspicion de mauvais traitements. A deux reprises, la question de la responsabilité des différents médecins scolaires est évoquée.
A la barre, le médecin en charge de l'école de Parennes affirme qu'aucun élément médical ne pouvait laisser penser à des sévices. Marina est auscultée à deux reprises, à la demande expresse des enseignants. Le médecin explique que Marina ne présentait pas, à ces occasions, de blessures dépassant celles d'un enfant de son âge. Le 15 février 2008, pour sa deuxième consultation, Marina se présente avec le visage tuméfié, une griffure sous un oeil. Présent ce jour-là, Éric Sabatier invoque une conjonctivite avec une réaction allergique, ainsi qu'une maladie immuno-déficiante dont sa fille serait victime. Jamais une attestation de spécialiste ne viendra corroborer ces dires. Jamais, non plus, une suite ne sera donné à ce mensonge…
Reportage France 3 Maine