Technicolor a clos le dernier chapitre de son histoire industrielle en Europe avec le dépôt de bilan du site d'Angers.
Technicolor a refermé vendredi (25 mai) le dernier chapitre de son histoire industrielle en Europe par l'annonce, redoutée des syndicats depuis plusieurs mois, du dépôt de bilan de son dernier site français de production à Angers (Maine-et-Loire).
L'usine de fabrication de décodeurs numériques, qui emploie près de 330 personnes, n'a pas survécu à la concurrence asiatique qui a incité le groupe à se tourner, pour l'avenir, vers des pays à bas coûts comme la Chine et l'Indonésie.
D'autant que Technicolor, l'ancienne Thomson, se dit confortée dans ses choix par la décision de Bruxelles de supprimer la protection tarifaire à l'entrée sur le marché européen des décodeurs.
La crise sur le vieux continent et l'arrêt d'un gros contrat avec France Télécom ont également "lourdement pesé sur la décision de fermer Angers", répètent à l'unisson les dirigeants.
Lors d'un comité d'entreprise extraordinaire (CEE) vendredi matin, le mandataire social a annoncé la cessation de paiement de l'usine de Thomson Angers SAS (filiale de Technicolor) aux salariés.
A Paris, dans l'après-midi, la maison mère annonçait par communiqué avoir sollicité "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire" pour ce site qui pourra toutefois poursuivre sa production jusqu'au 1er septembre.
Alors que la direction affirme ne plus être en mesure de verser les salaires de mai, en invoquant un "défaut de paiement" de près d'un million d'euros par mois, les représentants du personnel se sont unanimement opposés à la cessation de paiement. La direction, elle, évoque trois scénarios possibles de reprise du site, dont le sort est désormais suspendu à la décision du tribunal de commerce de Nanterre.
Une réunion de crise avec le Ministère
L'intersyndicale de Technicolor, qui réclame la convocation d'une "réunion de crise" avec la direction, le gouvernement et les collectivités locales, a pour l'heure obtenu partiellement satisfaction.
Elle sera reçue, mardi, par la ministre déléguée aux PME, Fleur Pellerin, qui dépend du ministère du Redressement productif. En début de semaine, les élus locaux avaient demandé à son patron, Arnaud Montebourg, d'obtenir un moratoire, auprès de la direction.
L'annonce de la fermeture d'Angers, pourtant largement attendue, a été mal accueillie à la Bourse de Paris où l'action Technicolor s'est repliée une bonne partie de la journée avant de clôturer en repli de 2,4% à 1,4 euro.
Une énorme dette
Cette entreprise, née de la scission des activités grand public de l'ancien groupe public Thomson, est aujourd'hui lourdement endettée et à la peine pour mettre en place un modèle économique pérenne avec le soutien d'investisseurs solides.
La banque américaine JP Morgan a pourtant volé au secours de la société qui a essuyé l'an dernier une lourde perte nette de plus de 300 millions d'euros. Elle propose de renforcer sa participation au tour de table, jusqu'à près de 30% (contre 1% aujourd'hui).
L'assemblée générale des actionnaires devra se prononcer sur ce point, le 20 juin.
En attendant ce vote, la direction fait valoir que la présence renforcée du banquier d'outre-Atlantiquee permettrait notamment de réduire la dette nette de 1,13 milliard (à fin 2011) à 972 millions d'euros.