Leurs cortèges ne devaient pas se croiser, mais des échauffourées ont tout de même éclaté entre des manifestants d'extrême droite et des antifas. À Saint-Brevin, en Loire-Atlantique, le déménagement d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile attise de vieilles tensions, alors même que la commune a été l'une des premières à accueillir en 2016 des réfugiés lors du démantèlement de la jungle de Calais.
Déjà en 2016, deux sensibilités s'étaient affrontées à l'annonce de la création d'un centre d'accueil pour les réfugiés qui devaient être transférés alors que l’État démantelait la jungle de Calais.
La commune était divisée face à un potentiel danger brandi par l'extrême droite, notamment la peur d’une recrudescence des viols…
Et puis, les années, ont passé, quelque 400 personnes y ont transité, dans l’attente de papiers leur permettant de séjourner sur le sol français, de s’y installer. Des Brevinois réunis dans un collectif de soutien ont accompagné les jeunes hommes. Pas de heurts, pas de problème, pas de viols.
Et puis les vieilles tensions ont ressurgi l'an passé. Attisées d'abord sur les réseaux sociaux, s'affichant ensuite dans les rues de la communes. La raison: le projet de déménagement de la structure non loin d'une école primaire, toujours à Saint -Brévin.
Depuis la fin de l'année dernière, les manifestations se multiplient. Le scénario est toujours le même. D'un coté, les mouvances d'extrême droite exposent leur convictions anti-immigration. De l'autre, les militants d'extrême gauche, ou de mouvements comme la Ligue des Droits de l'Homme rejoints par les antifas font valoir un nécessaire accueil des réfugiés..
Plus grave, le maire de Saint-Brévin, Yannick Morez, qui soutient ce projet de déménagement, déjà victime de menaces et de messages haineux lui demandant de renoncer à ce CADA, a vu ses véhicules incendiés, une partie de sa maison détruite dans un incendie volontaire pour lequel une enquête criminelle a été ouverte.
Deux visions s'affrontent
Ce samedi, deux manifestations étaient prévues. Elles ont été précédé d'une action symbolique initiée par le collectif des Brévinois attérés : la pose symbolique de la première pierre du futur CADA, comme l'explique Philippe Croze, président du Collectif des Brévinois Attentifs et Solidaires.
Comme le 25 février dernier, dans les rues de la commune, deux rassemblements ont eu lieu.
Sur les marches de la mairie, une quinzaine de collectifs d'extrême droite se sont relayé pour affirmer 'leur résistance et leur patriotisme" et souhaiter que les collectivités locales renoncent à l'accueil des demandeurs d'asile. Une statégie et des actions d'intimidations qui ont fonctionné en Bretagne à Callac, puisque le maire de cette commune a décidé d'abandonner l'idée d'un CADA sur son territoire.
Dans le courant le courant de l'après-midi, des jeunes gens habillés de noirs ont rejoint le groupe de manifestants d'extrême droite, certains ont été identifiés comme membre d'un groupuscule parisien ultra-violent.
Les cortèges se sont dispersés vers 17h.
Bilan, entre 250 et 350 personnes côté collectif antifasciste, et environ 150 participants du coté des opposants au CADA, sont fait face de part et d'autre du bourg, séparés par un cordon de deux compagnies de CRS. Des bagarres sporadiques ont éclaté. Une voiture a été brûlée. Et trois blessés léger ont été dénombrés.
Ce samedi soir la mairie de Saint-Brévin a diffusé ce communiqué
"Notre ville a connu une nouvelle journée de manifestations qui ont occasionné des violences et dégradations que nous condamnons fermement. Nous déplorons par ailleurs les conséquences négatives de cette journée pour nos commerçants et pour tous les Brevinois. Nous remercions les services de la ville et les forces de l’ordre pour leur mobilisation tout au long de cette journée".
Plus tôt dans la journée, le maire avait quant à lui fait savoir qu'il ne serait pas présent ce samedi dans sa ville. Il a indiqué qu'il ne répondrait à aucune sollicitation des journalistes.