Ce mardi 21 mai, le collectif "Stop aux cancers de nos enfants" participait au premier comité de suivi dans le cadre de l'enquête épidémiologique pilotée par Santé Publique France. Son but : essayer de comprendre pourquoi 13 enfants ont développé un cancer sur le secteur de Sainte-Pazanne.
Cette première réunion s'est tenue mardi soir à l'Agence Régionale de Santé à Nantes.
Autour de la table étaient présents : Santé Publique France mais aussi le registre national des hémopathies malignes de l'enfant, le registre des cancers de Loire-Atlantique, le service oncopédiatrique du CHU de Nantes, la préfecture, la Dréal, les maires des 4 communes concernées, le président de la communauté de communes Pornic Agglomération et les députés Yannick Haury et Sandrine Josso.
Au cours de cette réunion, le collectif Stop aux cancers de nos enfants a été informé que le périmètre d'étude serait élargi dans le cadre de l'enquête épidémiologique lancée par Santé Publique France.
"Nous allons investiguer les cas de cancers pédiatriques diagnostiqués de 2015 à 2019 sur la commune de Sainte-Pazanne et les communes limitrophes" a précisé Lisa King, de Santé Publique France, citant Port-Saint-Père, Saint-Mars-de-Coutais, Machecoul-Saint-Même, Villeneuve-en Retz, Saint-Hilaire-de-Chaléons ainsi que Rouans, un peu plus loin.
Un questionnaire sera fourni aux familles concernées et qui " a pour objectif de mettre en évidence quelque chose qui soit commun aux enfants malades et qui soit différent des autres enfants qui ne sont pas malades"
"En parallèle, nous travaillons avec le registre des cancers au niveau départemental et national afin de faire des analyses statistiques qui permettent vraiment de confirmer cette notion très fortement ressentie d'excès de nos enfants malades sur Sainte-Pazanne et autour" a poursuivi Lisa King.
Une première version du questionnaire devrait être prête fin mai pour discussion avec le comité de suivi début juin. "Notre objectif c'est d'aller sur le terrain à la rencontre des familles d'ici fin juin" a précisé Santé Publique France.
Les résultats devraient être disponibles dès septembre dans le rapport d'étape. Une étude de contexte local sera également lancée en mai pour identifier les craintes, les questions et les actions mises en place localement.
L'ARS a, de son côté, annoncé qu'elle allait rapidement lancer de nouvelles analyses dont les résultats devraient être connus avant la rentrée prochaine."La question qui nous préoccupe c'est le pourquoi" - Lisa King, Santé Publique France
"Il a été décidé par l'ARS de procéder à des investigations environnementales dès maintenant" a expliqué Nicolas Durand, directeur général adjoint de l'ARS des Pays de la Loire, "ça s'appelle des levées de doute sur un certain nombre de sujets ou de sites pour lesquels on a eu des signalements ou des interrogations.
Ces sites seraient notamment "les principaux lieux de vie des enfants qui sont atteints de cancer", a précisé Nicolas Durand, mais aussi "anciens sites industriels", sans pour autant que l'ARS précise lesquels.
Le collectif Stop aux cancers de nos enfants précise, de son côté, que parmi les sites étudiés se trouverait l'ancienne entreprise Leduc ainsi que les sites de Bazol et la carrière de la Coche.
Des bureaux d'étude devraient être missionnés par l'ARS pour effectuer ces analyses, "des prélèvements d'eau, des prélèvements d'air intérieur et extérieur ", " des champs électromagnétiques dans les lieux de vie des enfants atteints de cancer"."On est dans une logique de réponse au signal sanitaire, à l'alerte" - Nicolas Durand, directeur général adjoint de l'ARS des Pays de la Loire
A l'issue de ce comité de suivi, le collectif Stop aux cancers de nos enfants s'est dit satisfait des mesures annoncées mardi soir.
"C'était un échange constructif, tout ce qu'on avait souhaité, on l'a obtenu quelque part, donc là on passe clairement à l'action, à travers l'ARS et Santé Publique France", a déclaré Johan Pailloux, cofondateur du collectif, à l'issue du comité de suivi, "on aura un droit de regard sur ce qui va se faire, sur les résultats. Aujourd'hui on ne pouvait pas espérer mieux mais il faut que ça aille vite maintenant".
"Priorité aux enfants malades parce que c'est à partir d'eux qu'on va en savoir plus", a précisé Marie Thibault, la maman d'Alban, un petit garçon touché par un cancer sur la commune de Sainte-Pazanne et cofondatrice du collectif.
Elle prévu d'appeler chaque famille dès ce mercredi pour leur "transmettre là où on en est, leur dire ce qui va se passer pour elles directement et pour leurs enfants dans tous les lieux de vie dans lesquels ils sont".
"On est toujours sur le même chiffre : 13 cas de cancers que, nous, on nomme "pédiatriques". Dans le périmètre, trois ont plus de 18 ans ou avaient juste plus de 18 ans au moment de la déclaration de leur cancer donc ne sont retenus que 10 dans le secteur Sainte-Pazanne, Saint-Mars, Rouans, Saint-Hilaire mais comme il ya des ajouts de commune cela veut dire qu'il y a d'autres enfants à ajouter dans le périmètre", a expliqué Marie Thibault.
"A notre connaissance dans le collectif, il y en 3 en plus dans le périmètre élargi. Cela ne veut pas dire qu'il y en a d'autres ou pas d'autres" - Marie Thibault, collectif Stop aux cancers de nos enfants
"Maintenant il faut y aller"
Il l'a créé avec Marie Thilbault dont le petit garçon Alban qui souffrait d'une leucémie est en rémission. C'est cette jeune femme qui a alerté l'Agence Régionale de Santé il y a 2 ans. Johann Pailloux, papa de 2 enfants de 7 et 10 ans en bonne santé s'est engagé pour comprendre et pour aider les parents d'enfants malades qui n'ont pas beaucoup de temps à consacrer à ce combat."Nous attendons de passer à l'action. Maintenant il faut y aller. Il faut que Santé Publique France explique sa méthodologie, envoie un questionnaire aux familles d'enfants malades, lance des analyses de terrain, l'eau, l'air, les sols, les champs électromagnétiques, toutes les pistes doivent être explorées" nous expliquait mardi Johann Pailloux, cofondateur du collectif.
Treize cas depuis 2015
Comment expliquer ces 7 cas de cancers pédiatriques survenus depuis décembre 2015, dans cette commune de 6 500 habitants ? C’est deux fois plus que la moyenne nationale. Six autres ont été signalés dans les villes voisines (Rouans, St-Mars-de-Coutais et St-Hilaire-de-Chaléons), portant à 13 le nombre d'enfants malades. Tous ont entre 3 et 19 ans. Trois sont déjà décédés.Collectif Stop aux cancers de nos enfants
Ce collectif a été créé debut mars 2019. Il est composé d'une trentaine de personnes, majoritairement des parents d'enfants de Sainte-Pazanne.Pour le contacter : collectif.sce@gmail.com