En cas d'abandon de Notre-Dame-des-Landes, quel manque à gagner pour Vinci et les collectivités ?

Un renoncement du gouvernement à construire l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes constituerait un manque à gagner certain pour le groupe Vinci qui devait le réaliser et l'exploiter. Mais qu'en est-il des collectivités ayant commencé à le financer?

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Révision ou résiliation du contrat ? Maintenir ou abandonner le projet de nouvel aéroport nantais? Quelle que soit l'option retenue d'ici la fin du mois, le trio d'experts nommé par le gouvernement pour l'aider à sortir ce dossier de l'impasse estime indispensable une négociation entre l'État et la société concessionnaire, Aéroports du Grand Ouest (AGO). Détenue à 85% par Vinci Airports, AGO avait obtenu fin 2010, outre la construction et l'exploitation pendant 55 ans de la nouvelle plateforme à Notre-Dame-des-Landes, la concession des aéroports de Nantes-Atlantique et Saint-Nazaire.

Si Notre-Dame-des-Landes est confirmé, une révision du contrat de concession s'impose pour tenir compte de l'important retard pris dans la réalisation de l'infrastructure et de l'évolution du trafic aérien. Les négociations s'annoncent plus complexes en cas d'abandon du projet de transfert car il remettrait en cause l'ensemble du contrat et donc l'exploitation de Nantes-Atlantique. Un nouvel appel d'offres pourrait être ainsi lancé.


 

Des pénalités ?

L'indemnisation de Vinci, si le contrat est résilié pour motif d'intérêt général, serait de 350 millions d'euros maximum selon les médiateurs. Cette évaluation reste "purement théorique", en raison de l'incertitude, notamment juridique, sur le principe même d'une indemnisation, "dans un contexte où le concessionnaire n'a pas bouclé son financement ni entrepris les travaux prévus dans le contrat", est-il souligné dans le rapport d'experts.

Cette fourchette de 0 à 350 millions d'euros est jugée "farfelue" par les porteurs du projet de Notre-Dame-des-Landes, car "impossible" à déterminer à l'heure actuelle. Les opposants au transfert l'estiment "largement négociable". Au-delà d'une hypothétique indemnisation, l'abandon de Notre-Dame-des-Landes, qui aurait été le premier aéroport en Europe entièrement réalisé par Vinci, serait un revers pour le géant du BTP dans l'activité stratégique et lucrative des concessions aéroportuaires.



Quatrième acteur mondial, Vinci Airports gère aujourd'hui 35 plateformes, dont treize en France. Après avoir racheté les parts de l'État dans l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, le groupe convoite celles d'Aéroports de Paris (ADP). Vinci Airports, qui a réalisé un chiffre d'affaires total de 1,05 milliard d'euros en 2016, ne communique pas les résultats du seul aéroport de Nantes-Atlantique.


La part des collectivités

Autre évaluation de la mission de médiation gouvernementale contestée: un réaménagement de Nantes-Atlantique coûterait environ 300 millions d'euros moins cher que la construction du nouvel aéroport, desserte en transports en commun comprise mais hors éventuelle indemnisation de Vinci et hors coût du retour à l'ordre public sur la ZAD.

Les six collectivités locales finançant la nouvelle plateforme et sa desserte, qui ont déjà versé 31 millions d'euros, dont 18 millions de subventions à AGO, de 2011 à 2013, ont réitéré leur refus de mettre un euro dans le réaménagement de Nantes-Atlantique, qu'ils jugent plus élevé pour le contribuable.



"A Notre-Dame-des-Landes, le financement public (État et collectivités) est de 246 millions d'euros sous forme d'avances remboursables, donc on considère que c'est potentiellement zéro sur toute la durée de la concession pour le contribuable", avance le Syndicat mixte aéroportuaire (SMA), qui regroupe les collectivités pro-NDDL.

Le manque à gagner, en cas d'abandon du projet de transfert, est quant à lui "oublié" du rapport des médiateurs, déplorent les collectivités, qui "doivent toucher 5% du chiffre d'affaires par an, une fois qu'elles ont été remboursées de leurs avances".



Pour les opposants au transfert, au contraire, "si l'aéroport reste à Nantes-Atlantique, l'État et les collectivités locales n'ont quasiment rien à financer", hormis "quelques équipements de navigation aérienne" et le prolongement du tramway jusqu'à l'actuel aéroport pour un total de "60 millions d'euros d'argent public". La facture grimperait à "438,5 millions d'euros" pour le contribuable en cas de nouvel aéroport, pour financer à la fois la desserte routière, la tour de contrôle, les subventions au concessionnaire et les accès en transports en commun, sans compter un éventuel
nouveau pont sur la Loire.

Les travaux de modernisation de l'actuel aéroport doivent quant à eux être entièrement à la charge du concessionnaire, affirment les partisans du maintien de Nantes-Atlantique.
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