Le gouvernement doit annoncer le 24 août son plan de relance. Les salariés de la centrale EDF de Cordemais demandent, dans une lettre ouverte aux ministres de l'Economie et de la Transition Energétique de soutenir le projet Ecocombust de reconversion de la centrale à charbon en centrale à biomasse.
On y produit encore de l'électricité, mais pour combien de temps? À Cordemais, la centrale est l'une des quatre dernière en France à fonctionner avec du charbon, et en 2018, Emmanuel Macron en avait annoncé la fermeture programmée.
Prévue intitialement pour 2022, cette échéance a été repoussée en raison du retard pris par la construction de l'EPR à Flamanville. Le site continuera à produire de l'électricité, probablement jusqu'en 2024, mais en réduisant considérablement la voilure. À moins que...
Depuis cinq ans, les salariés et la direction travaillent sur le projet Ecocombust. Ce procédé vise à faire fonctionner l'usine avec des granulés de bois, issu de récupération comme l'explique Gwénaël Plagne, délégué CGT de la centrale de Cordemais :
"La matière première qui nous sert à produire ce combustible alternatif qui va remplacer le charbon est récupérée directement dans les déchèteries. Ce sont des palettes, des bois d'ameublement, de la charpente qui ne sert à rien aujourd'hui. Nous on va réutiliser ce bois et le transformer en combustible." Dans un premier temps, ce dernier servirait à alimenter la centrale électrique, mais il pourrait aussi servir dans des chaufferies qui alimentent les réseaux de chaleur urbaine pour Nantes ou d'autres agglomérations.
Le plan de relance pourrait accélérer la transition de l'usine
Le projet arrive au terme des procédures et formalités administratives pour validation par les autorités réglementaires. Les derniers éléments ont été transmis le 16 juin dernier, les représentants des personnels n'attendent plus que le feu vert du gouvernement. Attendue pour janvier, la réponse pourrait arriver dès la semaine prochaine. En effet, c'est là que le gouvernement annoncera les projets qui bénéficieront du plan de relance et des financements qui lui sont associés.La transformation du site de Cordemais est également portée par la direction d'EDF avec le soutien du groupe Suez, qui s'est associé au projet. Mais avant une année qui s'annonce compliquée sur le plan économique, la participation de fonds public serait bienvenue et permettrait d'accélérer le projet qui nécessite tout de même la construction d'une nouvelle usine pour la transformation du bois de récupération.
Lundi, l'intersyndicale a donc envoyé une lettre, adressée aux ministres de la Transition Energétique et de l'Economie pour demander à ce que le projet Ecocombust soit intégré au plan de relance qui doit être annoncé le 24 août.
Un projet soutenu par la région Pays de la Loire
Un souhait partagé par la région Pays de la Loire, dont la présidente a adressé lundi un courrier similaire au gouvernement. Le conseil régional a déjà investi dans les études, et croit dans ce projet qui devrait préserver l'emploi, contribuer au plan de transition énergétique, mais également contribuer à sécuriser l'alimentation électrique dans les Pays de la Loire et en Bretagne."Tant que l'EPR ne sera pas mis en place, c'est à dire en gros 2024-2026, et le projet de Lannion en Bretagne, il y a un risque de décrochage du grand ouest. Donc pour nous, c'est un sujet majeur, faire en sorte qu'il y ait de l'énergie qui permette d'accompagner les hôpitaux, les écoles, les foyers et qu'on n'ait pas de perte de production dans le grand ouest", explique Laurent Gérault, vice-président du conseil régional (UDI).
Aujourd'hui la centrale de Cordemais fait travailler 500 personnes au quotidien. S'il était accepté, le projet Ecocombust permettrait de conserver près de 350 emplois. En revanche, s'il était refusé, il ne resterait plus qu'environ 150 salariés EDF après 2022.