Pendant le confinement, le Bar O Mètre était en très mauvaise posture. Le seul établissement nocturne de Savenay craignait pour sa survie. Heureusement, la solidarité a payé.
On sent presque le souffle de ce gros "ouf" à travers le téléphone. On exagère à peine, Mickaël Gallon sourit enfin.Soulagé, oui ! Sans la cagnotte, cela aurait vraiment compliqué…Le bar aurait pu fermer - Mickaël Gallon, gérant du Bar O Mètre
Parce que si l’initiative était belle, elle n’était pas forcement gagnée. On rembobine : 14 mars 2020, minuit, rideau sur les bars ! A Savenay, entre Nantes et Saint-Nazaire, le propriétaire du Bar O Mètre, se rappelle très bien de cet instant, "quand j’ai l’ai appris, c’est tombé comme un coup de massue. Parce que je me suis dit, si jamais ça dure, alors là…"
Dans cette nuit d’un confinement débutant, Mickaël ne voit pas bien la lumière. Sauf qu’à Savenay, il y a 9 000 habitants et quelques lutins. Et des loupiotes qui s’allument pour entretenir la flamme.
Audrey est l’une des 3 initiatrices de ce projet, avec Benjamin, qui anime des Karaokés dans ce bar et Charline, une autre habituée.J’ai pensé à Mickael, je me suis dit : on est obligés de faire quelque chose pour que ca continue ! C’est comme ça qu’on a lancé cette idée de cagnotte - Audrey Bacconais
"J’avais lu un article, sur les bars en Belgique, raconte Audrey, les clients pouvaient acheter des coupons réutilisables après le confinement. Comme ce n’était pas trop réalisable sous forme de coupon, on est partis sur une idée de cagnotte en ligne".
La petite troupe – une trentaine de personnes réunies en collectif sous le nom de Bar O Navirus- se lance donc dans la promotion de son action sur les réseaux sociaux. Et au passage se fait connaitre avec une reprise de Rockcollection de Laurent Voulzy, version "Bar O Mètre".Pour les commerces, un report de charges est mis en place. Sauf qu’entre le loyer, l’Urssaf, l’électricité, toutes sortes de dépenses courantes continuent de s’accumuler. Et le fonds de solidarité - 1500 euros par mois - mis en place par l’Etat ne suffit pas. Heureusement la cagnotte fait le plein. Ou presque.
4 300 euros pour la cagnotte, ajoutés au fonds de solidarité versé chaque mois, le bar est sauvé. Dire que c’est un soulagement pour Mickaël Gallon relève de l’euphémisme. "Je ne me suis pas versé de salaire depuis février. Avec ma femme, on vivait sur son salaire jusque-là. Heureusement depuis 10 jours, j’ai repris un petit boulot, de la mise en rayon en grande surface. ça tombe bien, le 30 mai c’est terminé".On ne s’attendait pas à avoir autant sur cette cagnotte. On a eu tous les montants, des petits, des gros. Il y a eu des dons aussi de Toulouse, de Belgique, des gens qui étaient touchés – Audrey Bacconais
Le 2 juin, c’est la date annoncée de la réouverture des bars. Le gouvernement doit se prononcer rapidement sur cette mise en application. En attendant, le Bar O Mètre respire de nouveau. Son patron aussi.