Ils auraient aimé que ce soit plus simple mais ont été confrontés à l’incompréhension, la déception, le déni voire le rejet violent de leurs proches. A l’occasion de la journée mondiale du coming out, Victoria, Eléonore, Valentin et Martine témoignent de la difficulté d'être LGBT en 2021.
Victoria* a grandi dans un corps de garçon, dans une famille nombreuse du Nord de la France. Issue d’un milieu défavorisé, elle a passé son enfance à déménager, de petits villages en petits villages.
A l’adolescence, Victoria pensait être un jeune homme homosexuel. Sa famille s’en doutait. “Ce premier coming out a été plutôt bien accepté”.
Un coming out trans moins bien accueilli que le coming out gay
Mais son histoire ne s’arrête pas là. “J’avais 18 ans quand j’ai commencé à me poser des questions sur mon genre”. Elle met du temps à mettre des mots dessus.
Victoria ne se sent pas homme mais femme. Elle a l’impression de vivre sous une fausse identité qui l’empêche de créer de “vraies relations amicales et amoureuses”.
Elle se définit alors comme une femme transgenre pansexuelle (qui peut être attirée -sentimentalement, sexuellement, psychologiquement -par tous les genres existants). Elle s’appelle dorénavant Victoria.
Déni et dépression
Si dans un premier temps, elle n’en parle pas à sa famille, Victoria se retrouve vite au pied du mur. En galère financière, elle retourne habiter chez ses parents à 24 ans. C’est là qu’elle le leur fait comprendre.
Face à ce deuxième coming out : le déni. Couplé à la réticence. “Quand je leur parlais de prendre des hormones, mes parents remettaient ça à plus tard, me disaient que ce n’était pas possible, que c’était une lubie", se rappelle Victoria, encore touchée.
S'ensuit une très longue dépression : “je commençais à mettre des vêtements féminins, à laisser pousser mes cheveux, mais ça, c’était dans mon coin. Je me suis enfermée pendant plusieurs années chez eux”. Rien n’y fait.
Devenir indépendante financièrement pour s’émanciper de la réaction de ses proches
Elle décide de partir, de quitter sa famille et essaye de s’assumer ailleurs, en région parisienne puis à Nantes, où elle se sent mieux. “Mieux qu’en campagne, c’est sûr”.
Elle redécouvre les amis, les amours. Le travail, aussi. Animatrice en maison de retraite. Entre karaoke, belote et scrabble, elle tâche de sortir les personnes âgées de leur monotonie. Elle revit, malgré la rupture familiale… Deux ans sans contact. Trois ans sans se voir.
“Ils étaient contents de me voir épanouie, souriante”
L’éloignement leur a finalement fait accepter son genre. Victoria a revu ses parents cet été, à 30 ans. “Ils étaient contents de me voir épanouie, souriante. Ça changeait de mes périodes de dépression liée au fait que je ne me sentais pas acceptée”.
Victoria a attendu cet été pour commencer la prise d’hormones féminisantes. Elle aurait souhaité que sa mère se renseigne sur le parcours à suivre, plus tôt, quand elle avait 24 ans. Elle aurait souhaité qu’elle l’accompagne chez le médecin traitant, que ses parents l’appellent Victoria et la considèrent comme leur fille.
Mais il aura fallu six ans, à sa famille, pour accepter sa transidentité.
* (ceci est un pseudonyme pour préserver l’anonymat de Victoria)
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