Ils racontent leur coming out : Martine, professeure transgenre dans un lycée catholique

Ils auraient aimé que ce soit plus simple mais ont été confrontés à l’incompréhension, la déception, le déni voire le rejet violent de leurs proches. A l’occasion de la journée mondiale du coming out, Martine, Victoria, Valentin et Eléonore témoignent de la difficulté d'être LGBT en 2021.

“Quand on en parle pour la première fois à son employeur, l’enjeu est énorme”. Son directeur, s’est “liquéfié” devant elle quand Martine Letellier lui a annoncé, en 2010, qu’elle était trans. “Abasourdi, décontenancé, mal à l’aise”, voilà comment elle se remémore l'état de son supérieur lors de son coming out professionnel. 

Le coming out au travail 

A l’époque, Martine est professeur de physique-chimie au lycée catholique privé Saint-Dominique, à Saint-Herblain, près de Nantes. Elle a 44 ans. Cela fait plusieurs années qu’elle a entamé le processus et se sent prête à l’assumer au travail. Elle oui, les autres moins.

La direction diocésaine lui propose de quitter l’établissement. Elle refuse. Plus tard, le rectorat lui suggère de prendre congé de l’Education nationale pendant au moins un an. Elle refuse encore. 

Finalement, le lycée envoie un mail à tous les parents d’élèves pour leur annoncer qu’à la rentrée, ils ne verraient plus le professeur de sciences en tant qu’homme, qu’il deviendrait Martine. Mais c’est sans compter la réaction de certains parents et la conférence de presse avec des médias locaux et nationaux qui s’ensuit. 

“Un prof change de sexe pendant l’été” : un coming out dans la presse… 

Scandale à Saint-Dominique… “un prof change de sexe pendant l’été”, titrent les journaux… “Je m’y attendais, nous confie Martine, mais j’ai préféré rester en retrait, j’ai refusé d’assister à la conférence de presse, d’être une bête de foire mise en pâture”.

Un coming out qui la dépasse, jusqu’en-dehors des frontières : “j’ai vu par la suite que des articles me concernant étaient même parus au Canada, au Maroc”. 

Des jeunes plus tolérants que les adultes 

A la rentrée, les élèves sont contents pour elle. Certains l’applaudissent. Dans l’équipe pédagogique, beaucoup réagissent bien, d’autres moins bien.

Martine ne nie pas avoir subi des discriminations, “mais aujourd’hui, c’est fini, ça se passe bien”. Pour elle, le problème vient de la connaissance : “la population sait encore trop peu de choses sur la transidentité”. Martine est lassée de devoir expliquer, se justifier. “L’idéal, ce serait que les gens ne posent pas de questions”. 

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