Les deux mois de confinement n'ont pas eu raison des salines de la région guérandaise. Et depuis le 11 mai, les professionnels, quelque 200 à Guérande, travaillent d'arrache-pied. Cette année devrait être une de celles dont ils se souviendront.
Un paysage de carte postale et un savoir-faire ancestral.
Dans les salines de Batz-sur-mer, l'activité ne compte, pour l'heure, pas de temps mort. Il faut dire que cette année la météo a donné rendez-vous aux paludiers.
"Là, c'est vraiment le temps idéal, les vents d'est ce sont des vents qui arrivent de la terre et il sont secs. Les vents qui arrivent de l'ouest sont chargés d'humidité, donc il y a moins d'évaporation", explique le paludier Stéphane Bouleau.
Bref, les meilleurs ingrédients pour donner du las... L'outil au long manche qui sert à ramasser le sel.Avec des vents d'est comme ça, ça "use" de l'eau - Stéphane Bouleau, paludier
Aujourd'hui, 10 sont en cours de récolte.
C'est le tout début de la cristallisation pour le paludier. Avec une pincée d'avance, mais l'homme ne boude pas son plaisir. Le sel se vit avec les aléas de la météo, bons ou mauvais.
"Une saison moyenne, c'est 1,3 tonnes de gros sel à l'oeillet, 50 kilos par jour et par oeillet, explique Stéphane Bouleau, en gros c'est 30-40 jours de récolte et c'est vrai que, si on les récolte maintenant, c'est toujours ça de pris"
25 ans de métier
Stéphane a le sel dans la peau. Il a commencé à gambader dans les marais salants à l'âge de 12 ans à la recherche de salicornes et de fleurs. A 18 ans, il débute comme commercial dans une entreprise distribuant et faisant la promotion du sel de Guérande. Il part ensuite exercer comme paludier.
Après des années à récolter le sel dans les marais salants de Rodrigues, sur l'île Maurice, il a posé ses valises dans les marais salants de Guérande. A 50 ans, il compte 25 ans de pratique.
Ce qu'il faut aimer pour faire paludier ? "Le marais. La solitude, aussi", dit Stéphane, c'est vrai qu'on est bien aussi seul, il y a des grands moments, il faut aimer sa saline".
L'aimer c'est aussi avoir un oeil sur le ciel, l'autre sur la saline, "le ciel, l'eau, savoir régler son eau c'est important, toujours être là à regarder les niveaux, ça me passionne".
Stéphane vendra son sel lui-même sur le bord de la route, en dehors du réseau de la coopérative.
Le sel de Guérande est encadré par une indication géographique protégé, IGP. Un gage de qualité qui draine chaque été des milliers de touristes.
► Le reportage de notre rédaction
La récolte du sel de Guérande en quelques chiffres
Selon Cap-Atlantique, la communauté d’agglomération de la Presqu’île de Guérande Atlantique, quelque 300 paludiers travaillent dans les marais salants de Guérande (Guérande, Batz-sur-Mer et La Turballe) et du Mès (Mesquer, Saint-Molf et Assérac).Ces marais salants s'étendent sur une surface de 2 200 ha.
16 000 tonnes de sel gris et 700 tonnes de fleur de sel, le must du condiment minéral, sont produites chaque année sur ses marais, ce qui représente un chiffre d'affaires de 24 millions d’euros.
La Maison des Paludiers, le Musée intercommunal des Marais Salants et Terre de sel attirent 130 000 visiteurs par an.