Sécheresse, digue fragilisée, montée du niveau de la mer, les terres agricoles premières victimes du changement climatique

Face à l'affaissement de la digue et à la montée des eaux, une vive inquiétude se fait ressentir autour du canton de La Baule-Escoublac, en Loire-Atlantique. La sécheresse ne rassure également pas les agriculteurs, confrontés à un double danger.

30 à 70 centimètres de plus sur le littoral Atlantique d'ici à 2050, c'est ce que prévoit le rapport du GIEC Pays de la Loire, publié en juin 2022. 

Cette année, le GIEC rappelle dans son rapport que "certaines conséquences du changement climatique, comme la montée du niveau de la mer ou encore la fonte des calottes glaciaires, seront irréversibles pendant des siècles, voire des millénaires. Les risques seront de plus en plus complexes, combinés, en cascade et difficiles à gérer".

Le las en main, cet instrument au long manche avec une maille de bois à son extrémité, les paludiers ont conscience que les récoltes de sel risquent d'être compromises à l'avenir. Certains ont décidé depuis quelques années de faire de la digue leur combat.

La digue, un des enjeux majeurs des paludiers

Le talus a vocation à ralentir la montée des eaux, mais l’hiver, la mer est plus agressive et avec le changement climatique, les marées sont plus virulentes. D’après des experts du GIEC Pays de la Loire, "des inondations sont à prévoir dans certains coins du département" de Loire-Atlantique dans les mois à venir.

Pas rassurés depuis la tempête Xynthia, les locaux, à Guérande, tirent la sonnette d'alarme sur l'affaissement de la digue, car son état est de plus en plus fragile face aux tempêtes successives.

Depuis plusieurs années, les agriculteurs du littoral atlantique cherchent à se faire entendre par le gouvernement, pour renforcer davantage la digue qui fait office de protection naturelle entre la mer et les terres agricoles.

Des paludiers ont décidé de retrousser leurs manches. En 2017, ils ont essayé de renforcer la digue sur près de 400 mètres, entre mars et juin, "l'argile se travaille mieux". D'après la police de la chasse et de la faune sauvage, ces travaux étaient "destinés à renforcer en hauteur et en largeur" cette protection naturelle.

Le président de l'association des paludiers déclarait à Ouest France fin 2020 : "Nous sommes trois mètres sous le niveau de la mer. Les berges qui s’affaissent, il faut les colmater, les refabriquer. Ce chantier, c’était la continuité de ce qu’on a toujours fait".

Des solutions ?

Pour lutter efficacement contre l'érosion, une brigade d'entretien de la digue a été mise en place sur l'île de Ré. L’ensemble des digues et des enrochements sont en cours de rénovation et d’élévation à un niveau "Xynthia +20". L'objectif est d'élever au plus possible pour anticiper à l'horizon 2050. Le coût de l'opération est pour le moment à près de 100 millions d'euros.

"La digue a été mise à bas par la tempête, Xynthia nous a rappelé qu’une digue, c'est bien, mais l’entretenir, c’est mieux."

Lionel Quillet

président de la communauté de communes de l’Île de Ré 

À Guérande, Maude Danet, chargée du service environnement de la mairie, assure que "tous les ans, il y a un budget pour la consolidation de la digue et pour le rehaussement de certains endroits qui sont un peu faibles".

Plus concrètement, à Yerseke, aux Pays-Bas, trois chercheurs de l'Institut royal de recherche maritime travaillent sur le phénomène des montées des eaux.

Depuis leurs locaux, ils ont inventé des machines à simuler des vagues. Selon Klaas, l'un des chercheurs, les algues et la spartine anglaise, une plante maritime, pourraient être des solutions naturelles efficaces pour ralentir la montée des eaux. Les algues réussissent à absorber l'eau et la contenir sans forcément la laisser passer.

Pas encore totalement validé, ce projet prendra plusieurs années avant d'être mis en place sur les côtes européennes.

Une sécheresse installée dans l'ouest

Après un été 2022 extrême d'un point de vue chaleur, le réchauffement climatique n'est plus une illusion, mais une confirmation de ceux qui alertent sur le climat depuis plusieurs années.

Le 26 septembre 2022, Météo Bretagne annonce "qu'il faut une succession d'épisodes pluvieux modérés", pour permettre à l'eau de pénétrer progressivement dans les sols.

Le lendemain, la préfecture des Côtes-d’Armor alerte sur des risques de rupture de distribution d'eau potable à la population en octobre.

► Les restrictions sur les usages de l'eau en cas de crise, à lire sur France 3 Pays de la Loire

Depuis la publication de cette carte le 1er septembre 2022, la moitié ouest de la France est largement touchée par des situations de crise. En revanche, l'est du pays connaît des situations variées, entre "alerte renforcée" et "crise".

Dans son rapport, le GIEC estime que "le réchauffement de la planète atteindra 1,5 °C dès le début des années 2030 ". Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat pense que pour limiter les risques, il sera nécessaire de ramener les émissions mondiales nettes de CO2 à zéro. En parallèle, les autres émissions de gaz à effet de serre devront également être fortement réduites.

Une hausse des températures qui ne rassure pas les paludiers notamment, confrontés à une diminution du niveau d'eau dans leurs marais.

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