Sécheresse. Quelle est la situation de la ressource en eau en Pays de la Loire au printemps 2023

En dépit des pluies hivernales tardives et d'un mois de février excessivement sec, les nappes phréatiques sont proches des moyennes dans la région, sauf dans le département de la Sarthe, où les niveaux sont anormalement bas.

Grâce aux précipitations de mars, le niveau des nappes phréatiques des Pays de la Loire est reparti à la hausse au printemps, après un mois de février particulièrement sec. En Mayenne, Loire-Atlantique, Vendée et à l’ouest du Maine-et-Loire, les niveaux sont désormais proches des moyennes, voire supérieurs localement.

"Les nappes restent cependant sous surveillance, précise Pierre Chrétien, hydrogéologue à la direction régionale des Pays de la Loire du BRGM. La période de vidange a commencé, les niveaux baissent progressivement depuis avril."

La situation en Sarthe et à l’est du Maine-et-Loire est bien plus préoccupante. La courte recharge de l’hiver et les pluies de mars n’ont pas permis d’améliorer le niveau des nappes, considéré comme bas, voire très bas.

"On a eu une année 2022 avec peu de recharges, un printemps puis un été très chaud et très sec , donc en 2023, on est parti sur une base historiquement basse. On n’a eu quasiment aucunes précipitations en février", soulignait Samir Brihi, chef du bureau Gestion de l'eau de la Sarthe, le 28 avril dernier.

Si les précipitations de mars ont permis d’humidifier les sols et de favoriser la croissance de la végétation, elles n'ont eu qu'un faible impact sur les nappes de l'est de la région. Elles ont tout de même repoussé l'usage des moyens d’irrigation.

En Vendée, "le niveau des nappes phréatiques est supérieur aux moyennes historiques. Il n’y a pas d’inquiétude particulière", assure Maggy Grila, responsable du service de l’eau au département. Les réserves collectives de substitution dédiées à l’irrigation sont remplies à 100%.

Les cumuls de pluies depuis septembre sont supérieurs à ceux de 2021-2022 et se rapprochent de la moyenne.

Les cours d'eau ont également bénéficié des pluies de mars. "La situation est meilleure qu’en 2022, proche des normales, sauf en Sarthe", confirme Matthieu Nicolas, hydrologue à la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement).

Des risques de sécheresse en Sarthe et Maine-et-Loire

Les épisodes de recharge de l’automne et de l’hiver 2022-2023 restent très insuffisants pour compenser les déficits accumulés en 2022. La carte d’anticipation du risque sécheresse pour l’été 2023, publiée par le service géologique national (BRGM) prévoit un printemps et un été difficiles, notamment en Sarthe et l'est du Maine-et-Loire, placés en risque sécheresse très fort. 

"On s’attend à une situation compliquée", anticipe Pierre Chrétien du BRGM. En cas de débit très faible dans les cours d'eau, des arrêtés sécheresse seront vraisemblablement pris par les préfectures pour restreindre les usages de l'eau".

Le risque de sécheresse est jugé fort pour les autres départements de la région. "En cas de fortes températures et sans pluies, les usages de l'eau augmentent, particulièrement l'irrigation", précise Pierre Chrétien. Durant l'été, l'irrigation devient le premier poste de consommation de l'eau, puisée dans les nappes phréatiques.

Quelles perspectives pour l'eau potable ?

En 2016, la consommation en eau potable représentait 56% des prélèvements en Pays de la Loire, l’irrigation 39% et l’industrie 5%. "Pour la consommation en eau potable, les efforts d’économies d’eau ont permis de maintenir une relative stabilité des volumes prélevés malgré l’augmentation marquée de la population régionale", précise la DREAL sur son site.

L'eau potable de la région est extraite des nappes phréatiques, des eaux superficielles ou de la Loire. "L'ouest du Maine-et-Loire, la Vendée et la Loire-Atlantique ont recours pour plus de la moitié de leurs besoins à des eaux superficielles et/ou à des eaux de la nappe alluviale de la Loire", précise l'Agence Régionale de Santé.

La Loire alimente notamment les métropoles d'Angers et de Nantes. En avril, le débit du fleuve était de 660 m3/seconde, soit 40 % en dessous de la normale, mais en nette amélioration par rapport à février où le débit était descendu à 469 m3/seconde. Selon la DREAL, la situation est moins inquiétante qu'en 2022, lorsque le débit du fleuve était de 500 m3/seconde à la même période.

En Vendée, l’eau potable est pompée à 95% dans les eaux superficielles. Fin avril, le taux de remplissage des retenues atteignait 94,80%, selon Vendée Eau, gestionnaire du réseau d'eau potable et de 13 barrages. 

Comment être informé des restrictions d'usage

Le site Propluvia est le site référence pour connaitre les lieux et les niveaux de restrictions. Il recense l'ensemble des arrêtés préfectoraux limitant les usages de l'eau. 

Anticipant des tensions sur l'eau, la préfecture de Loire-Atlantique appelle chacun à la sobriété au travers de petits gestes quotidiens pour économiser la ressource.

En Loire-Atlantique, l’outil RestrEAU permettra de connaître les restrictions de l’eau durant la période de sécheresse. Du particulier au professionnel, cet outil vous permet, d’identifier selon votre usage et votre commune, les restrictions à respecter : https://ssm-ecologie.shinyapps.io/restreau/