Chaque été c'est le même casse-tête pour les commerces des stations balnéaires. Il faut trouver du personnel saisonnier. Mais problème : comment peuvent-ils se loger quand tout est complet ou hors de prix ? Il existe heureusement quelques solutions.
Quand un air de vacances flotte sur la Presqu'île de Guérande, l'été n'a pas encore vraiment commencé mais les terrasses sont déjà bondées. Et, c’est de plus en plus le cas, les commerçants sont toujours à la recherche de personnels.
Sur les quais du Croisic par exemple, une affiche, qui ressemble à tellement d’autres : "les 3 Matelots recherchent 6 saisonniers".
Une recherche presque désespérée qui dure tout de même depuis quatre mois. Pourtant cette crêperie, elle, propose au moins un logement pour un couple. Sa patronne Nathalie Rousseau n’est pas très optimiste quant à l’arrivée d’éventuels étudiants.
"Les jeunes ont du mal à venir sur le Croisic. Il n’y a pas beaucoup de structures pour eux pour sortir le soir, pour les accueillir, notamment au niveau du logement. C’est hors de prix. Les commerçants qui ne les logent pas c’est encore pire que nous. C’est vraiment un gros souci".
Changement de ville, mais même problématique. Comment résoudre la pénurie de logements sur des territoires où les prix du marché explosent, comme dans toutes les stations balnéaires (ou les stations de sport d’hiver). Alors à la Baule pour la deuxième année consécutive, la commune incite ses habitants à accueillir chez eux un saisonnier.
Pour une passante croisée sur le marché, l’idée est bonne, mais elle ne pourra pas.
"Malheureusement c’est un peu petit chez moi, donc ce n’est pas possible. Mais sinon, je vous assure je le ferais de bon cœur. Surtout que ce sont des étudiants et c’est quand même intéressant de voir cette jeunesse et de l’aider. Et puis on sait que les commerces en ont besoin"
Pour le moment, une vingtaine d'hébergeurs se sont fait connaître, et c’est plutôt pas mal. C’est le cas de Josiane. A 78 ans elle n’a pas hésité. Dans quelques semaines elle partagera son appartement du centre-ville avec une jeune fille qui a signé un contrat d'un mois dans un établissement de La Baule. Tout est prêt confirme-t-elle.
"La chambre est propre, et belle. J’ai fait les carreaux. C’est comme si j’allais recevoir ma petite fille. Parce que j’ai vu qu’elle avait 18 ans. Elle s’appelle Olga, elle vient de Couëron, donc ce n'’est pas loin. Elle va être chez elle, mais chez moi" confie cette veuve en souriant, avant d’ajouter "ça me fera de la compagnie. Et puis ça me fait aussi un petit complément pour m’aider à finir mes fins de mois."
Le loyer ? 300 euros par mois. Bien inférieur donc au marché baulois.
20m² avec kitchenette
Mais malheureusement les chambres chez l'habitant ne suffisent pas. Et en renfort, l’ancien camping municipal va accueillir 30 résidences mobiles d'ici à la fin du mois de juin. Un partenariat conclu entre la commune et un bailleur social.
"Tout est prévu pour 1 personne : il y a 20 mètres carrés, une kitchenette équipée, une salle de bain avec douche à l’italienne, une table, des chaises et un couchage", explique Xavier Jaffay, le président de Leco2.
Tout ça pour un loyer mensuel de 275 euros. 60 saisonniers vont pouvoir y résider cet été. Un début de solution face à la pénurie. Même s’il reste des efforts à faire comme le sait le maire LR de la ville, Franck Louvrier.
"Ça ne comble pas tout. On étudie aussi avec la Région la possibilité d’ouvrir les lycées, l’été. On essaye aussi de travailler sur d’autres projets. On est par exemple en train de construire des logements saisonniers dans le quartier de Beslon pour environ 20 personnes.
Tout cela est préoccupant et c’est un vrai frein à notre économie touristique. Quand vous savez par exemple qu’en plein été, certains restaurants sont obligés de fermer 1 ou 2 journées par manque de personnel et de logements."
Et comme rien ne se perd et tout se transforme : dans 15 ans, ces habitations seront déplacées et transformées en logement étudiant.
Chaque été, ce sont plus de 500 saisonniers qui sont employés dans les hôtels et restaurants de la station balnéaire.
Le reportage de Myriam N'Guenor, Denis Leroy, Antoine Ropert