La mer est d’ordinaire bleue, mais il arrive parfois qu’elle se colore de rouge ou de vert. Des micro-algues sont à l’origine de ce phénomène, suspecté d’effets néfastes sur les écosystèmes marins. Une jeune chercheuse de l’Ifremer mène l’enquête et chacun peut y collaborer.
Contemplatifs, professionnels de la mer, vos observations intéressent Pauline Roux, doctorante à l’Ifremer de Nantes.
Cette jeune chercheuse étudie le bloom, c’est-à-dire la coloration ponctuelle de la mer, un phénomène fréquent sur les côtes de Loire-Atlantique et du Morbihan, particulièrement lorsque les eaux se réchauffent.
Visible à l’œil nu, il est provoqué par la concentration d’une micro-algue au petit nom scientifique de "lepidodinium chlorophorum" (il est normal de s’y reprendre à trois fois pour ne pas oublier une syllabe !).
Cette micro-algue n’est pas toxique pour l’homme mais il se pourrait bien qu’elle perturbe la croissance, voire influe sur la mortalité des bi-valves, autrement dit les huitres et les moules. Les petits poissons en seraient également victimes.
En 2018, des ostréiculteurs ont observé une surmortalité de leurs huîtres en même temps que l'apparition de bloom. Y-a-t-il un lien de cause à effet ?
C’est justement ce que Pauline Roux cherche à comprendre dans le cadre de sa thèse. "On essaie de démontrer si la mortalité est liée à ce développement et d’identifier les causes et les conséquences précises", explique-elle.
Pour mener ses travaux de recherche, la jeune scientifique effectue des prélèvements réguliers en mer, sur sept lieux identifiés au large du Croisic.
Ils sont ensuite analysés au laboratoire de l’Ifremer à Nantes. Pauline Roux avance deux hypothèses sur le mode d’action de la micro-algue sur les coquillages.
Il semble que "l’algue produit une substance visqueuse qui pourrait colmater les branchies des coquillages et donc empêcher la filtration de l’eau et provoquer leur asphyxie".
"Seconde hypothèse, lorsque les efflorescences de micro-algues meurent, elles sédimentent sur le fond. Elles sont ensuite dégradées par un phénomène de déminéralisation et vont donc entrainer une réduction de la concentration en oxygène", explique la chercheuse.
A terme, cette étude devrait permettre d’élaborer des stratégies en cas de bloom, afin d’en réduire les impacts sur les productions aquacoles locales.