Loire-Atlantique : les victimes de la Dépakine attendent beaucoup de la première action de groupe dans le domaine de la santé

Pendant plus de 40 ans, des femmes enceintes ont empoisonné, sans le savoir, leurs enfants en suivant un traitement contre l'épilepsie. 30 000 enfants seraient nés handicapés suite à ce traitement. Aujourd'hui, les familles se mobilisent et lancent une action contre le groupe Sanofi afin d'obtenir des indemnisations.

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L'affaire de la Dépakine est, avec le Médiator, l'un des plus grands scandales sanitaires français, avec au moins 30 000 enfants nés handicapés.

Accusé par des familles de victimes d'avoir trop tardé à informer des risques à prendre ce médicament pendant la grossesse, le groupe Sanofi a été mis en examen en 2020 pour tromperie aggravée, homicides et blessures involontaires dans le cadre de l'enquête pénale.

Sur le plan civil, les familles attendent beaucoup de l'action de groupe, la première lancée dans le domaine de la santé en France, pour obtenir des indemnisations.

La Dépakine a bouleversé des vies de familles avant 2018 et son interdiction pour les jeunes femmes 

C'est le cas d'Elodie Bouganne, à Quilly, en Loire-Atlantique. Il y a 20 ans, alors enceinte de son fils, Elodie prend pour la première fois de la Dépakine, sur prescription de son médecin. C'est un médicament contre l'épilepsie.

Quelques mois après sa naissance, son fils Johann présente des retards de développement : difficultés à se concentrer, troubles du comportement. Ce n'est qu'à 16 ans qu'il est reconnu autiste. Il en a 19 aujourd'hui et réagit à ce qu'il vit comme une injustice.

"Ça fait un choc énorme, émotionnel des fois, dit-il, parce que je me dis que je vois des gens heureux alors que moi je ne le suis pas. Ça me fait du mal, je me dis, voilà, des médecins, spécialistes ont donné ça à ma mère suite juste à une pauvre crise d'épilepsie qu'elle a fait une seule fois dans sa vie et en fait, je trouve ça odieux de faire ça !"

Elodie ne connaît pas les effets délétères de ce médicament commercialisé depuis 1967. Maintenue dans l'ignorance, incitée par son médecin à reprendre son traitement lors d'une autre grossesse, elle donne naissance à une petite fille, qui elle aussi va naitre avec des troubles du développement.

Elodie ne fait le lien avec la Dépakine que quelques mois plus tard, lorsque le scandale éclate. Depuis, partagée entre incompréhension et colère, elle vit mal cette situation.

"C'est de la culpabilité, je me dis j'ai empoisonné deux de mes enfants ! C'est pas normal de savoir qu'un médicament est nocif et dangereux pour une grossesse depuis les années 80 et qu'en 2002 et 2011 pour mes grossesses, on dise c'est normal, c'est pas un poison tout va bien se passer, vous avez droit de le prendre."

C’est pas normal de dire à une maman vous pouvez continuer à allaiter, continuez votre grossesse vous n’aurez aucune conséquence

Elodie Bouganne, victime de la Dépakine

Cette histoire d’empoisonnement à son insu, Karine Perray l’a aussi vécue. Elle a été "mise" sous Dépakine pour cause d’épilepsie pendant ses trois grossesses.

L'un de ses fils, Nicolas, est lourdement handicapé.

Reconnu comme victime de la Dépakine, Nicolas est aujourd'hui indemnisé par un fond mis en place par l'Etat. 

Pendant 24 ans, Karine s'est occupée de lui, jour et nuit. Jusqu'à ce qu'une structure spécialisée le prenne en charge, il y a deux ans.

"Quand on a été accompagnant pendant 24 ans, ca vous colle à la peau, et s'en défaire ce n'est pas aussi simple que ça. Mes enfants me disaient encore ce week-end, on le sait, on t'en veut pas, mais on sait que Nicolas a une plus grande place que nous dans le quotidien. Et c'est vrai que c'est dur à entendre en tant que maman." confie Karine Perray, dont la vie entière a été bouleversée à cause de la Dépakine.

Karine et Elodie attendent désormais que la Justice reconnaisse la responsabilité du laboratoire Sanofi mis en examen en 2002 pour "tromperie aggravée". Le délibéré est attendu le 5 janvier prochain.

►Pour aller plus loin

Une femme incarne depuis 10 ans la révélation du scandale de la Dépakine. Marine Martin, lanceuse d'alerte et mère de deux enfants eux même nés handicapés après des grossesses sous Dépakine. Cette femme de 49 ans qui vit dans les Pyrénées-Orientales, a lancé une association d'aide aux familles de victimes, qui a porté plainte contre le laboratoire Sanofi. Elle soutient plus de 3500 familles partout en France. 

Pour tout renseignement et contacts :

APESAC : 01 76 54 01 34

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