En Loire-Atlantique, "Stop aux agressions", la campagne de sensibilisation des pompiers

Les agressions sont majoritairement verbales, mais peuvent aller jusqu'à des jets de projectiles ou l'utilisation d'armes blanches. Pour alerter l'opinion publique, le service départemental d'incendie et de secours du 44 lance en septembre une campagne de sensibilisation.

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"Je vais te crever". Alors que Vincent et ses collègues sapeur-pompiers interviennent pour éteindre un feu de végétation, face à eux, un homme les menace avec un couteau de cuisine. Ils ne peuvent pas intervenir et doivent alors se retrancher dans leur fourgon. Cet incident, Vincent s’en rappelle très bien, c’était en mai 2019. 

Cette année-là, le Service Départemental d’incendie et de secours de Loire-Atlantique (SDIS 44) avait recensé une centaine de faits de violence à l’encontre des sapeurs-pompiers dans le département. Soit près d’une agression tous les trois jours. En 2017, il n’y en avait que 17. 
Dans la caserne, les anecdotes sont tristement nombreuses. Une chaise volante qui vaut à un pompier quatre points de suture, des jets de pavé "de la taille d’un paquet de sucre", des menaces à l’arme blanche, un pistolet qui a failli sortir. Pour la plupart, ce sont surtout beaucoup de violences verbales dont il est question : dans 53 % des cas selon les chiffres communiqué par le SDIS 44. "Ça remet en question notre engagement, déplore Vincent, sergent-chef de la brigade. Sur le plan psychologique, très clairement, on en prend un coup, même si c'est une minorité d'interventions". Engagé depuis 12 ans, l'homme de 39 ans ne cache pas son incompréhension devant ces violences. "On vient pour aider."
 

"Aussi bien en zone rurale, qu’en zone urbaine"

Ce phénomène n’est pas réservé à la Loire-Atlantique. Entre 2016 et 2017, l’observatoire de la délinquance avait observé une augmentation de 20% d’agressions de sapeur-pompiers sur l’ensemble du territoire. Le cas d’un pompier dans le Val-de-Marne en 2018 avait particulièrement marqué la profession. Poignardé par un individu "en crise de démence", le militaire de 27 ans avait alors succombé à ses blessures. 
 
Mais qui en veut aux pompiers ? Dans la majorité des cas, les agresseurs se trouvent elle-même être les victimes pour lesquelles les sapeurs-pompiers interviennent. "Souvent, elles sont sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiant. Dans d’autres cas, une carence psychologique peut également expliquer ce comportement" explique le colonel Michel Tellanger. "Ce ne sont pas eux qui nous appellent et ils ne comprennent pas notre intervention."

Quant aux zones de Loire-Atlantique dans lesquelles ces agressions ont lieu, il se veut catégorique : "C’est aussi bien en zone rurale, qu’en zone urbaine". Le colonel refuse d’y voir une problématique de quartier. "Pour certains quartiers sensibles, on pouvait l’affirmer auparavant. Aujourd’hui, c’est moins vrai. Il y a autant de cas dans le centre-ville qu’ailleurs".
 

Des affiches pour sensibiliser

Les ambulances de la caserne de Saint-Herblain arborent donc désormais une affiche de sensibilisation sur neuf des véhicules du site. Une photo d’un pompier, le regard perdu, presque triste, se trouvant derrière une vitre brisée vient remplacer le flanc rouge pétant du véhicule. Avec l’affirmation suivante : "tous les 3 jours, un pompier est agressé par quelqu’un qui vient le secourir". À terme, près de 120 véhicules s’habilleront de cette affiche de façon pérenne. 
La campagne de sensibilisation vient en complément d’un ensemble de mesures pour assurer la sécurité des soldats de feu aussi bien en intervention qu’à la caserne. À Saint-Herblain, le personnel a notamment le droit à des vestes anti-lacérations, conçues pour protéger contre les coups de cutter, ce sont "les seuls en France" à pouvoir les expérimenter. Visiblement adeptes des expérimentations, les sapeurs-pompiers de Loire-Atlantique ont également recours à 16 caméras mobiles pour enregistrer leurs interventions s’ils se sentent menacés. En 2020, quatre personnes ont ainsi pu être condamnées pour violences sur des sapeurs-pompiers, dont deux écopant de peines de prison ferme.




 
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