Plusieurs milliers de piétons, accompagnés de centaines de tracteurs et de cyclistes, ont bloqué samedi en milieu de journée le périphérique de Nantes.
Ils étaient entre 7.200 et 20.000 manifestants (selon les chiffres de la police ou des organisateurs) à s'être mobilisés pour réclamer l'abandon des procédures d'expulsion contre 11 familles et quatre agriculteurs installés sur le site du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Derrière une banderole "Ni expulsions ni procès", les manifestants ont convergé au son du tambour sur le pont de Cheviré, un imposant ouvrage, battu par les vents, qui enjambe la Loire en aval du centre-ville.
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A 13h00, la police dénombrait au moins 4.000 manifestants, tout en reconnaissant que le double pourrait être atteint. A 14h30, une dépêche AFP faisait état de 7.200 manifestants selon les forces de l'ordre, quand l'Acipa, l'une des principales associations d'opposants au projet d'aéroport, comptait 20.000 participants et 400 tracteurs.
Cette "démonstration de force" vise à faire "plier" le gouvernement, quatre jours avant une audience judiciaire, lors de laquelle Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale du groupe Vinci et concessionnaire du futur aéroport, compte demander l'expulsion immédiate de ces habitants, assortie d'une astreinte journalière de 200 à 1.000 euros et d'une mise sous séquestre de leurs biens et cheptels s'ils n'obtempèrent pas.
Bloquer le périphérique dans la bonne ambiance"
Sous un ciel serein, un premier convoi, composé de quelque 200 cyclistes et d'une dizaine de tracteurs, est parti vers 9h00 du bourg de Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville, équipé de drapeaux et de pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Non aux expulsions" ou encore "Oui aux paysans". Lors d'une prise de parole par mégaphone, les organisateurs ont appelé les participants à "bloquer le périf dans la bonne ambiance" en évitant par exemple de s'en prendre à la signalisation routière. Ils ont annoncé un ordre de dispersion à partir de 15h30.
Ce premier convoi a récupéré plusieurs centaines d'autres manifestants sur la "Zone d'aménagement différé", la fameuse "ZAD" rebaptisée "Zone à défendre" par les opposants au projet d'aéroport, qui sont environ 200 à vivre sur place en pleine nature dans des logements de fortune. Des manifestants cagoulés ont pris place dans des remorques de tracteurs.
Quatre autres convois de tracteurs et de piétons ont convergé vers le périphérique nantais puis vers le sud du pont de Cheviré, où un "grand banquet" était prévu.
Le trafic était fortement perturbé sur le périphérique mais aussi les accès à l'aéroport de Nantes-Atlantique. La préfecture, qui n'avait pas interdit la manifestation, recommandait de différer et limiter les déplacements et de privilégier les transports en commun.
Interpeller François Hollande
"L'objectif est d'interpeller François Hollande pour obtenir l'annulation des procédures d'expulsion", explique "Camille", un jeune homme qui utilise ce prénom unisexe afin de protéger l'identité des "zadistes".Cette nouvelle mobilisation des opposants à l'aéroport, engagés depuis 15 ans dans un bras de fer judiciaire en plus d'une occupation sur le terrain, intervient plus de deux mois après l'annonce, le 30 octobre, d'une relance "pour 2016" du chantier, après la validation par le tribunal administratif de Nantes des arrêtés préfectoraux autorisant le début des travaux.
Du côté des partisans du projet, l'association "Des Ailes pour l'Ouest" fait valoir qu'à la différence de la quinzaine d'occupants menacés d'expulsion, 260 autres habitants ont accepté les procédures d'indemnisation. "Cette manifestation en plein état d'urgence est une véritable provocation de gens qui refusent les décisions démocratiques et les décisions de justice", accuse dans un communiqué Alain Mustière, le président de l'association.
Le transfert de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique, au sud de l'agglomération, vers le site de Notre-Dame des Landes, devait initialement s'achever en 2017 avec l'inauguration de la nouvelle infrastructure.
Les opposants à l'aéroport ont appelé à des rassemblements de soutien ailleurs en France ce samedi, notamment à Strasbourg, Toulouse, Lille, Narbonne ou Mâcon.