Des palpations sur les parties intimes sont reprochées à une femme policière lors d'un contrôle après une manifestation contre la réforme des retraites. Quatre jeunes femmes ont porté plainte.
L'attitude d'une femme policière est gravement mise en cause à Nantes.
A la fin d'un barrage filtrant organisé par des syndicats et des étudiants, sur le périphérique nantais, Porte de La Chapelle en début de journée ce mardi 14 mars, des policiers sont intervenus dans des circonstances que l'enquête précisera. Entre autres choses.
Toujours est-il que quatre jeune filles ont porté plainte dans les jours qui ont suivi, estimant que les fouilles qu'elles ont subies sur place lors de ce contrôle s'apparentaient à des violences sexuelles. Rien de moins.
Elles ont souhaité porter plainte le mercredi soir mais se sont présentées trop tard au commissariat central de Nantes pour que cela soit possible. Elles ont pu le faire le vendredi 17.
Une palpation à même la peau, dans leurs sous-vêtements
Pour l'avocate Anne Bouillon, qui a été mandatée par l'une des plaignantes, "il y avait clairement l'intention de porter atteinte !".
Anne Bouillon qui dit n'avoir aucune raison de mettre en doute les accusations de sa cliente rapporte le témoignage de la jeune femme, l'une des quatre victimes :
Lors du contrôle d'identité "les quatre filles ont été exfiltrées (du groupe de manifestants), rapporte Anne Bouillon, et amenées derrière un rideau de CRS et de véhicules. La policière a mis sa main (gantée) dans le pantalon et le sous-vêtement (de la jeune fille que défend Anne Bouillon). Une fois, deux fois, trois fois. Une palpation à même la peau !"
Des jeunes femmes anéanties
Choquée, la jeune femme était tétanisée, plus en état de réagir. Les trois autres étudiantes ont subi elles-aussi cette palpation en dehors de toutes règles de la procédure de palpation de sécurité.
L'avocate dit n'avoir jamais eu à connaître de faits similaires par le passé.
"Des brutalités, des propos vexatoires oui, dit-elle, mais pas ça ! Ce sont des jeunes femmes anéanties par le caractère injustifiable de ce qu'elles ont subi. J'ai vu des jeunes femmes en pleurs, profondément choquées. Est-ce qu'il y avait une intention sexuelle ? je n'en sais rien. Mais il y avait intention de porter atteinte."
La police des polices saisie
Le procureur de la République de Nantes, Renaud Gaudeul, nous a confirmé ces dépôts de plaintes, précisant que l’IGPN (l'inspection générale de la Police Nationale) s’était déplacée à Nantes ce vendredi matin.
"Cette saisine de l’IGPN a pour but de bénéficier de la compétence d’un service extérieur, a déclaré le procureur, mais à ce stade-là je n’en tire aucune conclusion".
Selon l'avocate, la plainte a été bien reçue par l'IGPN et le parquet de Nantes s'est montré très réactif dans cette affaire.
"On va être attentives (les deux avocates mandatées par les victimes) sur la manière dont l'enquête va être menée", conclut Anne Bouillon qui attend notamment l'analyse des caméras piétons que portent les policiers.
Plusieurs syndicats et associations ont fait savoir qu'ils dénonçaient ces faits.
Olivier Quentin avec Richard Coffin.