Abdel, pilote du Grand Eléphant de Nantes "Ça n'existe nulle part ailleurs dans le monde"

Après être passé par divers métiers, Abdel a postulé aux Machines de l'Ile où il est devenu l'un des pilotes du Grand Eléphant de Nantes. Pas facile de dompter cette énorme machine, mais il ne s'en lasse pas. Rencontre.

Ils sont quatre titulaires, plus deux autres en renfort, mais qui sont plus chargés de la maintenance. Les pilotes du Grand Eléphant de Nantes font rêver les enfants, et leurs parents, à chacune des sorties de ce géant mécanique basé aux Nefs.

Abdel Feta Yenbou a rejoint l'équipe en décembre 2007. Après avoir exercé plusieurs métiers, cariste, magasinier, maçon, couvreur, Abdel a été envoyé par son agence d'intérim aux Machines de l'Ile, pour travailler avec l'équipe de l'Eléphant.

"J'avais vraiment envie de piloter l'éléphant"

Abdel qui avait connu La Trocante, ce grand hangar où l'on vendait des objets d'occasion sous une des nefs de l'Ile de Nantes (celle où se sont ensuite installés l'Eléphant et la Galerie des Machines), ne voyait pas trop ce qu'on allait lui demander. 

"J'ai cru que c'était pour laver des voitures, à l'Eléphant Bleu !", rigole Abdel.

Pas d'éléphant bleu ni de nettoyage haute pression, mais une bestiole d'acier et de bois de 12 mètres de haut : le Grand Eléphant de Nantes.

Abdel y a intégré l'équipe de maintenance.

Trois personnes pour encadrer chaque sortie 

"J'ai tout fait pour rester à la technique mais j'avais vraiment envie de piloter l'éléphant" raconte-t-il. Et, en 2013, il suit la formation pour passer aux commandes. Dix ans plus tard, il y est toujours. Il est même devenu le formateur des pilotes.

Il faut trois personnes à chacune des sorties du géant. Deux pilotes qui alternent le long du parcours, l'un aux commandes et l'autre au sol pour assurer la sécurité. Et un(e) machiniste qui est avec le public sur le dos de l'éléphant (jusqu'à 50 personnes) pour assurer l'accueil et donner les consignes de sécurité aux voyageurs.

Le Grand Eléphant en évolution sur le Parc des Chantiers.

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Le Grand Eléphant de Nantes. ©France Télévisions Olivier Quentin

C'est aussi ce machiniste qui fait barrir l'éléphant lorsque le pilote ouvre la bouche de la bête, c'est le signal pour lancer le cri.

Ce vendredi matin, l'Eléphant se prépare à repartir d'une des étapes de son parcours habituel, au pied du Carrousel des Mondes Marins. Problème : il refuse d'avancer. "Je vais avoir du mal à décoller" lance le pilote dans le talkie walkie.

Alors qu'Abdel maintient le public à une distance raisonnable au sol, le pilote, aux commandes, fait face à une petite panne. 

"Ça arrive parfois" explique Abdel qui monte l'échelle qui mène au poste de pilotage pour en discuter avec son binôme.

On éteint tout et on rallume. Après un petit instant de suspense, tout redémarre, enfin ! 

Une grosse maintenance annuelle d'un mois

"Un problème de variateur" constate Abdel. L'Eléphant possède un moteur hybride et les batteries sont un peu fatiguées. Il faudra donc revoir ça lors de la période de maintenance au cours de laquelle la bête restera sous sa nef, du 8 janvier au 12 février, pour y subir de multiples réparations.

"On va revoir aussi l'essieu arrière, nous apprend Julie, technicienne de maintenance, mais aussi l'unique femme pilote. Changer les pneus qui se creusent vers l'intérieur, revoir les engrenages, refaire le vernis des bois."

Julie Guérin est électromécanicienne de formation. Elle a commencé sur les éoliennes avant d'aller travailler sur un parc d'attractions, au Canada. Les machines, elle connaît ça depuis qu'elle a appris à conduire le tracteur sur l'exploitation agricole de son père à Châteauroux.

"L'Eléphant est un prototype, dit-elle. On apprend sur le tas avec les collègues. Des fois, on se creuse la tête ! On doit aussi savoir le piloter pour connaître les problèmes."

Pour les pièces de rechange, l'équipe fait appel au maximum à des entreprises locales. Elle n'a pas de stocks. Par exemple, pour les flexibles de vérins, elle se fournit chez Flexibir, à Bouaye. Pour la motorisation, chez Perkins, dans le quartier de Chantenay, à Nantes. Parfois, elle est contrainte d'aller chercher des solutions plus loin.

"Les pneus viennent du sud de la France, ce sont des pneus de poids lourds. Les batteries viennent d'Italie" détaille Mickaël Bonamy, le coordinateur technique (et également pilote). Il y a aussi pas mal d'interventions au niveau du bois. On va refaire les sabots." 

La trompe de l'Eléphant fera l'objet également de beaucoup de soins. C'est l'élément qui bouge le plus.

"Sa fragilité, ce sont les joints des vérins, précise Julie. On va démonter les coques de la trompe."

Trois mois de formation pour être pilote

Un petit garçon approche un peu trop avec son vélo. Abdel se précipite pour le repousser plus loin.

Dans la cabine, le pilote fait remonter la trompe jusqu'à la nacelle, où sont placés les visiteurs embarqués et leur lance une giclée d'eau.

 

Le système possède en mémoire 40 séquences de mouvements pour la tête et la trompe. Mais, avec son joystick, le pilote peut reprendre l'initiative. Notamment lorsqu'il arrose le public d'une petite pression du pied sur la pédale de la pompe.

"La formation de pilote dure trois mois, explique Abdel. Le plus dur est de le diriger, ça n'a rien à voir avec un véhicule. C'est un gros gabarit, c'est très dur de le faire entrer sous la nef."

Mais le plaisir est toujours là pour lui, d'être aux commandes du Grand Eléphant.

"Ça n'existe nulle part ailleurs dans le monde ! Sourit-il. Mais je préfère en été, quand il fait chaud et que le public réclame qu'on l'arrose !"

Soudain, Abdel prend son sifflet et rappelle à l'ordre un autre enfant qui a dominé sa crainte pour s'approcher un peu plus de la machine.

Le 1er janvier, le Grand Eléphant fera relâche, puis il ressortira jusqu'au 7 janvier, dernier jours des vacances. Ensuite, il se posera pour un mois de soins bien mérités, sous sa nef, sur le Parc des Chantiers.

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