Abolition de l'esclavage. "Il est temps de commémorer", le 4 février, cette date symbolique mais oubliée

230 ans après la première loi d'abolition de l'esclavage, les députés de la France Insoumise et les associations de mémoire rassemblés au mémorial pour une journée d'hommages.

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C'est une date peu connue. Et pourtant le 4 février est un marqueur fort de l'histoire de l'esclavage.

Ce jour de 1794, plus de quatre ans après la proclamation de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la Convention, l’Assemblée nationale de la Première République, vote l’abolition de l’esclavage dans toutes ses colonies, sans délai, ni indemnisation pour les colons.

À cette date, la France a encore en sa possession la Guyane, l’Ile Bourbon (La Réunion), la Guadeloupe, l’Île-de-France (Ile Maurice), Saint-Domingue, mais également les comptoirs indiens et sénégalais. Mais l’opposition des colons se fait vive et l’abolition sera inégalement appliquée, car seront écartées du décret la Réunion et l’Ile Maurice.

Le texte du décret est court et le détail de son application est renvoyé au Comité de Salut Public qui doit lui présenter un rapport sur les mesures nécessaires : "la Convention déclare que l’esclavage des Nègres dans toutes les colonies est aboli, en conséquence, elle décrète que tous les hommes sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution."

L’abolition est décidée sans contrepartie financière aux propriétaires. Mais le flou demeure quant aux modalités d’application du décret. Rien n’est spécifié sur l’immédiateté d’application.

Elle ne sera pas appliquée en Martinique et Tobago, passées aux Anglais, ni à La Réunion, en raison du refus des colons. En Guadeloupe et en Guyane, les " nouveaux libres " ne le seront que pendant huit ans, jusqu’à ce que, en 1802, le Premier Consul Napoléon Bonaparte impose le rétablissement de l’esclavage. Quant à Saint-Domingue, irréductible, elle prendra son indépendance sous le nom d'Haïti le 1ᵉʳ janvier 1804, après que les troupes constituées par les Noirs émancipés ont défait l’armée envoyée par Napoléon.

La France a ainsi été successivement la première puissance coloniale à abolir l’esclavage, et le seul pays dans le monde à le rétablir, pour 46 ans, jusqu’à la seconde abolition décidée par la 2ᵉ République le 27 avril 1848.

La France, première puissance coloniale à abolir l'esclavage

Il faudra de nombreuses luttes politiques tout au long du XIXe siècle pour que l’abolition de la traite atlantique d’abord, puis de l’esclavage, soit effective. Mais là encore, l’abolition ne règle pas tout : aux Antilles, les "nouveaux citoyens” sont incités à reprendre le travail sous peine d’être condamnés pour "vagabondage”, et de nouveaux "travailleurs sous contrat”, aux conditions de vie et de travail proches de l’esclavage, sont bientôt envoyés d’Afrique, de Chine ou d’Inde pour les remplacer sur les plantations.

La commémoration a commencé au Mans samedi, sur les terres du député de la Sarthe René Levasseur qui à l'époque porte le décret historique.

Un hommage au mémorial de l'abolition de l'esclavage

À Nantes, sur les quais, dans cette ville qui désormais regarder son passé en face et l'assume, c'est au mémorial que les militants se sont rassemblés ce dimanche 4 février pour un hommage "à ceux qui ont mis fin à ce crime contre l'humanité au nom de l'égalité."

Il est temps de commémorer ce moment historique, de voir où on en est du racisme, de la mémoire des réparations. Dans le monde, des situations d'esclavagisme perdurent.

Ségolène Amiot

Député LFI de Loire-Atlantique

"Nous sommes ici à Nantes, un haut lieu du commerce triangulaire, c'est tout un symbole de pouvoir se retrouver avec des élus, des militants, des citoyens et des représentants d'associations de la mémoire", explique la députée de Loire-Atlantique.

C'est un moment solennel ici sur le mémorial et un temps d'échange et débats aussi toute la journée, une parenthèse culturelle avec des sculptures et des œuvres picturales", ajoute-t-elle.

L'esclavage est incompatible avec la République. C'est la négation de l'humanité. C'est l'humain transformé en chose

Antoine Léaumant

Député la France Insoumise

43 % des expéditions négrières armées à Nantes

Depuis 2006, la journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition a été fixée au 10 mai, date anniversaire de l’adoption, par le Sénat, de la loi dite "Taubira" reconnaissant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité.

La journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage colonial, de l’esclavage est quant à elle fixée au 23 mai suite à la loi sur l’égalité réelle de février 2017.

La France est le premier État et demeure le seul qui, à ce jour, ait déclaré la traite négrière et l'esclavage crime contre l'humanité. Elle est également le seul État à avoir décrété une journée nationale de commémoration.

Du milieu du 17ᵉ au milieu du 19ᵉ siècle, la France organise plus de 4220 expéditions négrières, dont plus de 43% sont armées par des armateurs Nantais. 

En un peu plus d’un siècle, les navires du quai de la Fosse auront transporté plus de 550 000 hommes, femmes et enfants vers les colonies françaises du continent américain.

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