Affaire Dupont de Ligonnès : l'ADN a parlé, ce n'est pas l'homme qui a été arrêté en Ecosse. Le faux suspect relâché.

Il est soupçonné d'avoir tué sa femme et ses quatre enfants en avril 2011 à Nantes, mais ce n'est finalement pas Xavier Dupont de Ligonnès qui a été arrêté vendredi soir à l'aéroport de Glasgow en Ecosse. Le retraité francilien soupçonné à tort a été relâché par la police écossaise.  

Le doute s'est transformé en certitude en fin de matinée samedi. L'homme arrêté à l'aéroport de Glasgow vendredi 11 octobre n'était pas Xavier Dupont de Ligonnès.
Plus tard dans l'après-midi, la police écossaise a annoncé que l'homme soupçonné à tort avait été relâché et que ni lui ni sa famille ne souhaitent s'adresser aux médias.   

Les analyses ADN ont parlé.

L'homme avait, dans un premier temps, été repéré à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle en début de soirée mais les policiers n'ont pas eu le temps de l'arrêter et ont prévenu Europol.

"Vendredi, un homme a été arrêté à l'aéroport de Glasgow et reste en garde à vue dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen délivré par les autorités françaises", avait précisé un porte-parole de la police écossaise, "des enquêtes sont en cours pour confirmer son identité et nous continuons d'assurer la liaison avec nos collègues des agences concernées".

L'homme interpellé a été placé en garde à vue au commissariat de Glasgow. Des perquisitions ont été menés à Limay, dans les Yvelines, à l'adresse qui figurait sur ses papiers d'identité vendredi.

De leur côté, les enquêteurs français de la brigade nationale de recherche des fugitifs avaient pris la route pour Glasgow afin de récupérer l'homme interpellé.

Incompréhension entre les polices française et écossaise

"Hier soir, les enquêteurs sur la base des infos écossaises étaient sûres à 100%", que l'homme arrêté était Xavier Dupont de Ligonnès. Pourquoi ? Ils pensaient que les empreintes avaient été relevées et interprétées par Scotland Yard. En fait, c’est la Police Aux Frontières écossaise qui a relevé ces empreintes", a expliqué la journaliste Audrey Goutard, journaliste spécialisée police-justice à France Télévisions.

Ce que les policiers français ignoraient c'est que "les critères de comparaison d'empreintes sont beaucoup plus laxistes en Ecosse qu'en France", a-t-elle ajouté.

En France, pour que les empreintes correspondent, elles doivent "matcher" sur 12 points contre 5 en Ecosse.

"Il faut, pour que la comparaison s'avère positive, que, entre la trace capillaire et les empreintes, on trouve 12 points de comparaison", nous avait confirmé Claude Cancès, ancien directeur de la police judiciaire de Paris, "cinq points c'est insuffisant".

Face aux nombreuses réactions d'internautes qui dénoncent un emballement excessif des médias, Audrey Goutard répond que "les journalistes de France Télévision ont avancé au même rythme que les policiers, avec les risques que cela comporte"

De son côté, Yannick Letranchant Directeur délégué à l'information de France Télévisions a présenté ses excuses au nom du groupe en reconnaissant qu'il aurait fallu être "plus prudents dans la façon de présenter les éléments de l'enquête."

"Une monumentale connerie"

Les premiers doutes sur l'identité de l'homme arrêté comme étant Xavier Dupont de Ligonnès ont été émis vendredi soir vers 23 heures lorsque les policiers français ont interrogé ses voisins à Limay.

Dans son entourage, nul ne croyait alors  à l'hypothèse selon laquelle l'homme était Xavier Dupont de Ligonnès.

"C'est une monumentale connerie, les Écossais se sont plantés royalement. Même avec de la chirurgie esthétique, ce n'est pas possible. On a été à son mariage en Écosse. Avant-hier soir, on mangeait ensemble. On a acheté ici en 89, donc depuis 89 on le connaît. Quand on a acheté la maison, il travaillait de nuit chez Renault", estimait Jacques, un voisin de l'homme interpellé à Glasgow, rapporte Franceinfo.

Le voisin a expliqué que l'homme a pris l'avion pour Glasgow car "il vit là-bas avec son épouse et régulièrement, il revient en France. Il est parti hier matin, c’est son copain qui l’a emmené. Et terminé".

Le doute se fait encore plus fort lorsque les policiers français comprennent que la PAF écossaise ne sait pas interpréter les analyses.
 

L'appel à la prudence du procureur de Nantes

Ce samedi, "il y a des équipes d’enquêteurs du service national de recherche des fugitifs et de la police judiciaire de Nantes qui vont se rendre en Ecosse", précisait le procureur de la République de Nantes Pierre Sennès, "Ils vont donc faire des vérifications en Écosse auprès de la personne qui a été arrêtée à l’aéroport de Glasgow pour s’assurer que c’est bien M. Dupont de Ligonnès", indiquait-il dès vendredi soir.

"Donc il convient en l’attente de ces vérifications d’être prudents", a ajouté Pierre Sennès.

Xavier Ronsin, le procureur de l'époque, s'est exprimé ce samedi sur Twitter. "14,8 k tweets sur #XavierDupontdeLigonnes, des experts de tous poils extérieurs au dossier dissertant ad nauseam savamment sur tout et rien & distribuant sentences et mauvais points, alors qu'on n'a même pas encore la certitude que l'homme arrêté est bien" lui.


Un soulagement de courte durée pour les Nantais

Face à cette arrestation les mots qui revenaient le plus vendredi soir étaient "incroyable", "stupéfiant", "énorme", "hallucinant"L'une de nos équipes s'est rendue Boulevard Robert-Schuman à Nantes dans la soirée de ce vendredi 11 octobre. Si, pour une grande partie des moins des 30 ans, cette affaire est assez mal connue, elle reste très présente dans l'histoire et la mémoire de ce quartier du nord de Nantes.

Jason, un jeune homme nouveau dans le quartier, à la question "Qu'évoque cette maison ? ", répond "l'horreur". Il fait le constat que ceux qui vivent là "s'en souviennent encore et souvent il y a des fleurs déposées" car  cette histoire a beaucoup ému dans le quartier. 

Réactions de soulagement pour Margaux et Alizée, deux jeunes filles qui n'arrivaient pas à croire "qu'il ait pu continuer sa petite vie", "il faut que la famille ait des réponses. C'est bien qu'on l'ait retrouvé". 

Anne, a toujours pensé qu'il était vivant. "Je pensais qu'il avait changé d'identité et qu'il aurait pu partir très loin".

Pour Betty qui ne vit pas très loin du boulevard Robert-Schuman, du côté du pont du Cens, "c'est un soulagement de savoir qu'il est retrouvé, qu'il n'est pas autour de nous. il a une tête tellement banale qu'on pourrait se dire qu'il était à côté de nous". 

Ce samedi matin, les Nantais étaient plus circonspects sur l'identité de l'homme arrêté.
 

"J'ai toujours pensé qu'il était en vie"

Anne-Sophie Martin est l'auteur d'un livre référence sur l'affaire Dupont de Ligonnès. Ce vendredi soir, la journaliste spécialisée dans les faits-divers ne s'étonnait pas de cette arrestation.

"Je ne suis pas surprise qu'on l'ait arrêté. J'ai toujours pensé qu'il était en vie et qu'il se ferait arrêter soit de son propre fait, soit par un signalement, soit par un simple contrôle de police", nous a-t-elle-dit.

Quant à la possible trahison par un proche, elle n'y croit pas, "aucune écoute téléphonique n'a montré qu'il y avait une complicité dans le cercle de ses proches", mais Anne-Sophie Martin est restée, à raison, prudente "jusqu'à preuve du contraire". 

Dans le journal Pays de la Loire du 12/13 de ce samedi 12 octobre, Anne-Sophie Martin déclarait "pouvoir comprendre l'emballement vu les attentes autour de cette affaire" qu'elle qualifie de "fait divers majeur de la décennie."   

Tant d'hypothèses depuis 8 ans

Est-il en cavale à l'étranger ? Caché dans un endroit reculé ? Mort suicidé ? Toutes les thèses sont envisagées depuis huit ans. Xavier Dupont de Ligonnès n'a laissé aucun indice, aucune trace derrière.Agnès Dupont de Ligonnès et ses quatre enfants sont inhumés à Noyers-sur-Serein dans l'Yonne, où réside la famille d'Agnès. 

Deux frères d'Agnès y vivent encore aujourd'hui. La famille nantaise avait pour habitude de passer régulièrement des vacances dans ce petit village de l'Yonne, précisent nos confrères de France 3 Bourgogne-Franche Comté.


► Le reportage de notre rédaction en 2018

L'ADN 

Ce sont les tests ADN qui ont amené la preuve que l'homme arrêté à Glasgow n'était pas Xavier Dupont de Ligonnès. A l'institut Génétique Nantes Atlantique, Marie-Gaëlle Le Pajolec, co-directrice, explique l'importance de l'empreinte génétique. 

 
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