Un collectif d'associations de soutien aux personnes sans domicile manifestait, vendredi 1ᵉʳ novembre à Nantes, réclamant des financements à la Métropole. Si 10 millions d'euros annuels avaient été promis en 2021 par l'intercommunalité pour la lutte contre le sans-abrisme, seuls 2,7 millions d'euros ont été dépensés en trois ans, selon les associations.
À Nantes (Loire-Atlantique), un collectif d'associations manifestait, vendredi 1ᵉʳ novembre, pour alerter sur la situation des personnes à la rue à l'approche de l'hiver et demander des financements aux élus métropolitains. Dans la métropole, un fonds dédié à la lutte contre le sans-abrisme a été créé en octobre 2021, l'intercommunalité promettant alors de consacrer 1% de son budget, soit 10 millions d'euros par an, "au financement de projets de mise à l’abri et d’insertion de personnes sans-abris".
Trois ans plus tard, seuls 2,7 millions d'euros ont été dépensés au total, selon le collectif nantais Personne à la rue, qui regroupe 46 organisations d'aide aux personnes sans logement et mal-logées. "Il n'y a même pas l'équivalent d'une année de budget qui a été utilisée en trois ans, regrette Manon, membre de l'association Droit Au Logement. Ça pourrait être une super opportunité, mais elle est sous-utilisée".
Hausse du nombre de sans-abris
"Le compte n'y est pas", affirmaient les membres du collectif, vendredi, dans les rues de Nantes. "On voudrait que la Métropole se positionne un peu mieux là-dessus et fasse bouger un petit peu le protocole d'obtention de ce fonds", réclame Manon. Des collages ont été effectués sur les façades des bâtiments vides du centre-ville, affichant le slogan "c'est vide et on crève dehors". Les manifestants se sont ensuite réunis pour un moment festif et revendicatif devant la préfecture.
Pour le comité, l'urgence est d'autant plus grande que le Conseil départemental de Loire-Atlantique a fermé 600 places d'hébergement d'urgence cette année, comme l'affirme l'association Droit Au Logement.
Le nombre de personnes sans-domicile a plus que doublé en dix ans en France, avance aussi la Fondation Abbé-Pierre. Aucun comptage précis n'existe pour la métropole de Nantes, mais les associations indiquent que la situation empire un peu plus chaque hiver depuis quatre ans. "La fréquentation de nos lieux triple comparée aux années précédentes et on se retrouve avec des cas vraiment très difficiles. Des cas psychiatriques souvent, parce que l'hôpital psychiatrique Saint-Jacques est aussi en manque de places", souligne Renz, de l'association Maison du peuple. "On subit les effets du manque de services publics", martèle-t-il.
Un appel au "sursaut"
Manu, une militante présente à la manifestation de vendredi, réclame une prise de conscience : "La rue, c'est dangereux. C'est pas juste des gars qui s'amusent à faire la manche parce que c'est des glandeurs. Ça, il faut l'enlever de l'esprit des gens". Elle témoigne : "J'ai vécu à la rue très jeune, j'ai eu la chance de sortir vite, mais j'ai vu des copains plonger. Soit ils se foutent en l'air, soit ils sont malades, soit ils deviennent alcooliques ou toxicomanes, soit ils sont en post-traumatique le reste de leur vie parce qu'ils ne récupèrent jamais".
"Élu-es métropolitains, nous vous invitons à un sursaut et une forte mobilisation", avançait le comité Personnes à la rue dans une lettre à la présidente de Nantes Métropole, Johanna Rolland, en mars dernier. "Le 1% [du budget] métropolitain est un levier que vous devez actionner", insistait-il déjà.