Avenir du quartier Bellevue à Nantes : les habitants réclament plus d'aides pour lutter contre les violences

Une réunion publique s'est tenue lundi 18 mars à la maison des habitants et du citoyen quartier Bellevue à Nantes. Objectif : faire un point sur l'avenir du quartier, en pleine restructuration mais toujours en proie au trafic et aux violences. Mais aussi réfléchir à des solutions pour que les habitants retrouvent plus de tranquillité publique.

Quartier Bellevue, à Nantes, la réunion publique programmée à la demande d'un collectif d'habitants a fait salle comble. Elle avait été demandée par les habitants en novembre 2023 suite au décès par balle d'un jeune du quartier.

Le quartier Bellevue est situé en partie sur la municipalité de Nantes et sur celle de Saint-Herblain. Il est en pleine transition et restructuration urbaine. C'est un quartier connu pour être en proie au trafic et aux violences.

Samedi 16 mars dernier, une conductrice de bus a été agressée alors qu'elle était arrivée à son terminus, place Mendès-France, au cœur de Bellevue.

Incivilités

Des individus cagoulés ont tiré au paintball dans sa direction et sur son véhicule. Une incivilité de trop pour les conducteurs de la Semitan qui se sont mis en grève à Nantes lundi 18 mars, toute la journée.

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Cette réunion a donc aussi été l'occasion de faire un point sur la restructuration du quartier en proie aux trafics et à la violence.

Élus de quartier, représentants des forces de l'ordre, le sous-préfet ainsi que le procureur de la République ont fait le déplacement. Ils ont tenté d'apporter des réponses aux nombreuses questions que se posent les habitants.

Au cœur de leurs préoccupations : comment mieux lutter contre les inégalités, le trafic et les violences ? 

Lutter contre le trafic de drogue

Beaucoup ont pris la parole pour dire leur sentiment d'impuissance et de solitude, de désarroi, voire de peur face aux nombreuses incivilités dont ils sont parfois témoins, parfois victimes.

Parmi les principaux désagréments du quotidien, les squats des halls d'immeuble par des dealers. 

Une habitante a accepté de témoigner. "J'habite au numéro 1 d'un immeuble. Je savais qu'il y avait l'occupation du hall du numéro 5 de ce même parc d'immeuble. Et puis un matin, j'ai vu qu'ils commençaient à squatter aussi le mien. Des jeunes de 15-16 ans. Je ne me suis pas démontée, je suis allée les voir et je leur ai dit : "Alors comme ça le numéro 5 ne vous suffit plus ? Je vous préviens, je ne veux ni deal ni fumette ici. J'ai insisté, je suis restée à côté d'eux à les regarder. Mal à l'aise, ils sont partis et ne sont jamais revenus", raconte fièrement cette dame. 

Il ne faut pas les prendre de haut, il ne faut pas les menacer mais il faut leur montrer qu'il y a des limites et être très ferme

Une habitante du quartier Bellevue

Un autre habitant raconte et déplore que dans les nouveaux immeubles, les boites aux lettres neuves sont régulièrement fracturées et volées. "Forcément, après ça, les gens ne sont pas rassurés".

Pourquoi pas une police de proximité ?

Les habitants ont pu faire part de leurs doléances.

Ils réclament plus de moyens, plus de fonds pour les associations de quartier, mais aussi plus de moyens humains (médiateurs ou éducateurs spécialisés...) et plus de moyens policiers. 

Beaucoup ont formulé haut et fort leur souhait d'un retour à une police de proximité.

Nicolas Jolibois, le directeur interdépartemental de la police nationale, présent à la réunion, a rapidement réagi. Pour lui, recréer un bureau d'accueil ou commissariat au sein du quartier, ou même une police de proximité - la police de proximité a disparu en 2002- serait totalement obsolète. 

"Si je mets cinq policiers dans un commissariat, je n'augmente pas les opérations de sécurité du quotidien, je n'augmente pas les opérations coup de poing, je n'augmente pas les arrestations".

Pour reconquérir les quartiers, il faut de l'intervention, des gens motivés, équipés et mieux structurés

Nicolas Jolibois

Directeur interdépartemental de la police nationale

Il précise enfin que "depuis le début de l'année 2024, 33 interventions de police ont eu lieu. Toutes ont donné suite à des interpellations".

Face à ce problème complexe, certains habitants regrettent le manque de solutions pérennes, sur le fonds. 

"Attention à ne surtout pas faire l'amalgame entre trafic et jeunes du quartier", explique Denis Bauchet, membre de la confédération syndicale des familles et porte-parole du collectif créé le 4 novembre dernier.

Pour Yohann Augeat, professeur en lycée professionnel et habitant de Bellevue, "on apporte toujours des réponses policières, mais il faut plus de réponses sur des enquêtes de fond, sur les raisons profondes qui font qu'il y a du trafic".

Si les jeunes sont en errance, c'est peut être aussi parce qu'ils ne se voient pas d'avenir. Il faut réfléchir à comment redonner du sens à leur vie

Yohann Augeat

Habitant du quartier

Un quartier en restructuration

Parmi les solutions envisagées, et soumises par les élus, la transformation du quartier, la place Mendès France, notamment, devenue un haut lieu de trafic.

Le projet s'appelle le Grand Bellevue, il est mené de front par les municipalités de Nantes et de Saint-Herblain.

Au programme : la démolition de grands ensembles, la reconstruction d'autres structures, avec des espaces verts plus aérés, et le retour de commerces de proximité et de services publics. 

D’autres réunions publiques sur l’évolution du quartier seront programmées.

durée de la vidéo : 00h01mn56s
Une réunion publique s'est tenue lundi 18 mars à la maison des habitants et du citoyen quartier Bellevue à Nantes. Objectif : faire un point sur l'avenir du quartier, en pleine restructuration mais toujours en proie au trafic et aux violences. Mais aussi réfléchir à des solutions pour que les habitants retrouvent plus de tranquillité publique. Reportage : Juliette Poirier, Vincent Raynal, Vanille Christophe Intervenants : - Une habitante du quartier - Nicolas Jolibois, directeur interdépartemental de la police nationale - Denis Bauchet, membre de la confédération syndicale des familles et porte-parole du collectif d'habitants du 4 novembre - Yohann Augeat, habitant du quartier ©France 3 Pays de la Loire

Le reportage de Juliette Poirier, Vincent Raynal et Vanille Christophe

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