Trois bébés sont nés sans bras ou sans mains à Mouzeil, en Loire-Atlantique, entre 2007 et 2008. Dans un rapport rendu public ce jeudi, Santé Publique France reconnaît "une situation d’excès d’agénésies transverses du membre supérieur dans la commune" située au nord-est de Nantes.
"Santé Publique France n'a jamais souhaité communiquer sur les trois cas de Mouzeil, préférant tenir secret le nom de la commune", nous affirmait la semaine passée une source qui a souhaité rester anonyme.L'établissement, placé sous la tutelle du ministère de la Santé, nous avait alors expliqué par la voix d'Anne Gallay, médecin et directrice des maladies non transmissibles et des traumatismes, que Santé Publique France "a des seuils. Au delà de ces seuils, on considère que l'on est en excès de cas. A Mouzeil, on parle de deux cas, le 3e enfant ayant d'autres pathologies."
"Excès d’agénésies transverses du membre supérieur"
Dans son rapport dévoilé ce jeudi matin, Santé Publique France reconnaît finalement que les investigations qu'elle a menées ont "mis en évidence une situation d’excès d’agénésies transverses du membre supérieur dans la commune de signalement (Mouzeil, NDLR) pour la période 2007-2008. La comparaison des nombres de cas observés et attendus orientait vers la singularité ou le caractère inhabituel de cet évènement de santé."
Dans ce rapport, Santé Publique France rappelle la genèse de l'histoire.
"Le 5 février 2013, un médecin rééducateur du CHU de Nantes signalait à la plate-forme de veille et d’alerte de l’ARS des Pays de la Loire trois cas groupés d’anomalies congénitales à type de réduction d’un membre supérieur chez des enfants fréquentant une même école maternelle d’une commune au nord-est de Nantes en Loire-Atlantique."
"Un même agrégat spatiotemporel"
"Pour deux enfants, une agénésie complète de la main a été diagnostiquée à droite pour l’un, à gauche pour l’autre. Pour le troisième enfant, il s’agissait d’une aplasie distale transverse des 2èmes, 3ème phalanges du 2ème, 3ème, 4ème et 5ème doigts de la main gauche. Pour ce troisième enfant il existait une autre malformation à type de coalescence des petites lèvres au niveau des organes génitaux" ", explique Santé Publique France dans son rapport, reconnaissant bien l'existence d'un troisième cas, "les trois cas présentaient tous une malformation du type ATMS isolée sans lien avec une maladie chromosomique. Ils ont ainsi été considérés comme appartenant à un même agrégat spatiotemporel."
Santé Publique France conclut son rapport en précisant que "la survenue de trois cas d’ATMS dans un même village sur les années 2007 et 2008 représentait un évènement sanitaire inhabituel", précisant qu'"aucune hypothèse d’exposition commune n’a pu être documentée. Dès lors (...) la réalisation d’une étude épidémiologique complémentaire locale n’était pas justifiée."
Quel facteur commun à ces trois cas ?
Les études menées sur les cas de bébés de Mouzeil nés sans main ou avec une malformation à la main n'ont pas permis de définir une cause commune.
Lors de leur grossesse, aucune des mères n'a visiblement été exposée à des toxiques particuliers. Aucune n'a pris de traitement médicamenteux particulier. Une seule avait l'habitude de fumer.
Plusieurs pistes ont été évoquées comme la présence de deux sites Seveso à une dizaine de kilomètres de Mouzeil. Mais "aucun accident technologique pour les deux communes où étaient situées ces usines entre 2006 et 2008".
Santé Publique France s'est également penché sur le cas de "deux sites susceptibles de polluer les sols : un établissement de réparation de machines agricoles et une ancienne station-service."
Dans l'Ain, sept cas de bébés nés sans bras ou main ont également été rapportés, ainsi que 4 cas à Guidel dans le Morbihan.