"Ça permet d'avoir une parole plus libre", les Apéros de la mort, deux heures pour briser le tabou autour du deuil

C'est un concept qui est né en Suisse en 2004. Des groupes de parole pour échanger sur la mort et le deuil dans un bar autour d'un verre. À Nantes, Couëron, Guérande, ces Apéros de la mort font le plein tous les mois.

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À 18h30, le café est fermé, mais ils sont une dizaine à en pousser la porte... On s'observe, on s'interroge du regard : "vous êtes là pour l'apéro de la mort ?"

Au bout de quelques minutes, le tabou est brisé. Oui, ils sont une dizaine à s'être donné rendez-vous à 18h30 un jeudi dans un bar de Nantes pour parler de leurs deuils, ou simplement pour écouter.

Un père, une mère, un enfant, un frère, une grand-mère, ici, tout le monde a vécu la perte d'un être cher. Mais personne ne se connaît.

Pour Stéphane, qui est venu de Rennes, c'est libérateur : "Le fait que ce soit des inconnus, ça permet de dire des choses qu'on n'oserait pas dire à ses proches, en fonction d'une certaine culture, générationnelle peut-être... Je crois que ça permet d'aller sur les pas d'une recherche de réponses à des questions qu'on ne pourrait pas se poser avec des proches".

Marine Nina Denis, coanimatrice du groupe de parole, confirme : "Quand on parle à ses amis, à sa famille, à son entourage, on met un peu un masque social et le fait de venir dans un lieu comme ça où les gens ne nous connaissent pas et ne savent pas ce qu'on fait dans la vie, ça permet d'avoir une parole plus libre". 

"J'ai survécu, et il ne peut plus rien m'arriver"

Séverin a vécu la mort de sa mère il y a 20 ans. Aujourd'hui, il en a fait une force. "J'ai survécu et il ne peut plus rien m'arriver, explique-t-il. Par contre, ça m'a rendu hypersensible aux décès des autres. À chaque fois, il y a un truc qui s'allume en moi quand quelqu'un autour de moi vit un deuil. Je me mets en disponibilité parce que j'ai l'impression de vivre une partie de ce qu'il vit".

Tous hochent la tête. Cette empathie, ils sont beaucoup à la ressentir. "Je trouve ça riche de voir les expériences de chacun, analyse Laurianne. C'est intéressant de voir comment chacun traverse les choses, comment chacun perçoit les choses. Ça permet aussi de réfléchir un peu sur soi."

L'objectif de ces soirées, c'est aussi de briser le tabou qui existe autour de la mort. Ça fait un an que Marine Nina Denis est thanadoula. Elle accompagne les personnes en fin de vie et celles qui vivent un deuil.

"Je pense qu'il y a des croyances et un peu de superstition, explique-t-elle. On se dit que le fait de parler de la mort, ça veut dire que potentiellement, la mort va arriver. Moi, j'avais envie de libérer la parole parce que techniquement, c'est quelque chose que l'on va vivre à un moment. Pour moi, la vie et la mort sont liées. Ça va ensemble et c'est important de les traiter de la même manière, sans tabou."

Les prochains Apéros de la mort auront lieu aux Herbiers le 16 octobre, à Guérande les 28 octobre et 18 novembre, à Couëron le 7 novembre, et à Nantes le 14 novembre.

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