Connaissez-vous le Touch, ce rugby sans plaquage ni mêlée qui gagne du terrain en France ?

Variante sans contact du rugby, le Touch séduit de plus en plus par son aspect non-violent. Sport mixte, rapide et stratégique, il pourrait figurer aux Jeux Olympiques de 2034. Rencontre avec des passionnés à Nantes.

“Allez, on tient dix secondes”, lance Marine Frelicot. Ses bras et ses pieds sont au sol en position de planche. La sportive maîtrise bien l’exercice de gainage. En face d’elle, des visages sont davantage crispés. Certains peinent à aller jusqu’au bout du décompte et tout le monde laisse échapper un souffle de soulagement quand sonne la fin. 

“Maintenant, on passe sur du cardio”, adjure-t-elle. Marine Frelicot est membre des Arrows, un club nantais de Touch Rugby depuis 11 ans. Dans ce sport, elle sait briller. Capitaine de l’équipe de France féminine des plus de 35 ans, elle est aussi considérée comme la meilleure joueuse du club par l’ensemble de ses camarades de jeu.

Diplômée d’un brevet d’État d’éducatrice sportive, la joueuse fait alors profiter de ses savoirs-faire. C’est donc à elle que revient la mission de superviser l'échauffement de chaque début de séance. “Ici, tout le monde apporte un peu de soi-même”, glisse-t-elle. 

Ce jour-là, Marine Frelicot est face à une assemblée de débutants. Les Arrows font leur rentrée et, pour l’occasion, le club a ouvert ses portes à une dizaine de petits nouveaux. Tous sont curieux de découvrir le Touch, une variante du rugby.

Vitesse et mixité

Après une multitude d’exercices de passe, un temps d’initiation aux règles fondamentales et quelques petites oppositions, Joacchim et Clara se sentent “rincés”. 

Chaque semaine, les deux trentenaires courent ensemble, mais cette fois-ci, ils voulaient casser les habitudes et s’essayer à une nouvelle discipline.  “C’était intense, j’ai aimé ce sport, mais je l’imaginais beaucoup moins technique”, confie Joacchim à la fin de la séance.

Il faut dire que, sur le papier, le Touch ne fait pas peur. Souvent présenté comme la version “soft” du rugby, parce que les placages et les mêlées laissent place à un système de toucher, ce sport s’apparente à un jeu de trappe-trappe avec un ballon ovale. 

Mais le terrain n’a rien d’une cour de récréation : sur une pelouse de 70 mètres sur 50, six joueurs et joueuses font face à six autres pendant deux mi-temps de 20 minutes. L’objectif est le même qu’au rugby, il faut marquer un essai. Pour y parvenir, les équipes avancent à force de combinaisons. Et, c’est en touchant son adversaire de la main que l’on stoppe sa progression. 

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Le Touch est donc une discipline qui fait courir dans tous les sens, comme le rugby à VII ; et, qui est rythmée par des phases de possession limitée, comme le rugby à XIII. Mais à la différence des autres rugbys, tout contact violent y est prohibé, rendant alors ce sport ouvert la mixité. Chaque club et chaque sélection nationale dispose ainsi d’une équipe composée d’hommes et de femmes, en plus de ses effectifs unisexes.

C’est en particulier ce côté mixte qui plait à Mickaël Brunet, le président du club, dans la pratique du Touch. “Faire du sport en cohésion avec des femmes m’a permis de dépasser certains de mes biais masculins à trop vouloir faire la brute ou le chef”, admet-il.

Certains anciens rugbymen ont du mal à performer en Touch

Mickaël Brunet

Président des Arrows

Implanté en France depuis 2001, le Touch est d’abord né en Australie dans les années 50. Il a été conçu par deux anciens rugbymen qui, arrivés à leur retraite sportive, ne parvenaient plus à manier le ballon ovale comme avant sur les terrains de Rugby à XIII. Cela à cause des trop forts contacts. 

C’est donc pour continuer à s’amuser dans le monde de l’Ovalie que les compères ont imaginé le Touch. Une discipline fondée sur trois grands piliers du rugby : la forme du ballon, la pratique de la passe en arrière et la bonne humeur. 

Mais gare aux apparences, les grands rugbymen ne font pas toujours les grands touch'eurs. “Pour beaucoup, le Touch est une reconversion. Mais l’intensité de jeu n’est pas du tout pas la même que dans les formes classiques du rugby. De fait, certains anciens joueurs ont du mal à performer dans ce sport”, indique Mickaël, lui-même ancien rugbyman. 

Un sport amateur

Les deux sports sont, en outre, régis par des fédérations distinctes. Avec 83 clubs et au moins 3 000 licenciés dans l’Hexagone, le Touch pèse naturellement moins sur la scène française que le Rugby (près de 2 000 clubs pour plus de 320 000 licenciés d’après la FFR)

De fait, les clubs de Touch vivent avec beaucoup moins de moyens et grandissent dans l’ombre de la Fédération Française de Rugby. "Pourtant, depuis dix ans, la France compte chaque année plus de licenciés que la saison précédente", relève Mickaël Brunot.

Les Touch'eurs sont considérés comme des amateurs, qu’importe leur niveau de jeu. Un statut qui les amène à dépenser beaucoup d’argent, que ce soit dans le tarif des déplacements pour aller en compétitions ou en frais de matériels (crampons, maillots…). Partir en tournoi peut ainsi coûter environ 100 euros par personne. 

Financièrement, il y a des joueurs qui ne peuvent pas se permettre d'être en équipe de France

Quentin Mocard

Membre de l'équipe de France de Touch

Cet été, Quentin Mocard a dû débourser près de 2 000 euros pour réaliser son rêve : participer à la Coupe du monde de Touch, au sein de l'équipe de France masculine. Celle-ci se déroulait à Manchester, en Angleterre, du 15 au 21 juillet dernier.

Entre l'inscription, le logement, le maillot… les chiffres ont vite grimpé et c'est sans compter le coût des stages pour être sélectionné chez les bleus. "Financièrement, il y a des joueurs qui ne peuvent pas se permettre d'être en équipe de France alors même qu'ils ont le niveau", déplore le Nantais.

Lui, rêve de devenir le meilleur joueur d'Europe. Quentin Mocard a grandi dans l'esprit du Touch rugby, un sport qu'il partage surtout avec son père. Licencié chez Les Belettes, club de Saint-Herblain (Loire-Atlantique), le jeune homme de 23 ans dédie ainsi une grande partie de sa vie au Touch.

Et la Coupe du monde lui a permis d'aller rivaliser avec les plus forts. "C'était un événement incroyable, mais je me suis rendu compte que j'avais encore une belle marge de progression", appuie-t-il.

Le joueur raconte avoir été impressionné par le jeu des Australiens, la meilleure équipe du monde : "J'ai adoré être en face d'eux. Pour moi, ce sont des légendes dont je dois m'inspirer pour progresser". Face aux maîtres du Touch, les Français se sont inclinés 19-3 en phase de poule.

De cette défaite, Quentin Mocard n'a tiré que des apprentissages. "Ils jouent comme nous, mais avec plus de vitesse et une meilleure propreté technique", détaille le Nantais qui compte compléter ses séances d'entrainement avec des sessions de renforcement musculaire pour parfaire sa préparation cette saison.

Avec, pourquoi pas, les Jeux Olympiques de 2032 en ligne de mire ? Organisées par Melbourne (Australie), le berceau du Touch, ces olympiades pourraient être les premières à introduire ce sport dans la compétition. Un coup de projecteur dont rêvent tous les touch’eurs du globe. 

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