Derniers réglages au large de Lorient pour le voilier cargo Grain de Sail avant sa traversée St-Malo/New York

Mi-novembre au plus tard, un voilier cargo Grain de Sail va, pour la première fois, traverser l'Atlantique, ralliant Saint-Malo à New-York. Dans sa cale, des bouteilles de vin destinées à des bars américains. Cap ensuite vers l'Amérique du sud pour ramener en France du cacao et du café.

C'est au large de Lorient que l'équipage, trois hommes et une femme, termine les réglages du voilier cargo de l'entreprise Grain de Sail. "On est en train techniquement de fiabiliser le bateau, explique Loïc Briand, le capitaine du bateau. Il y aura aussi un peu de formation de l'équipage. Il faudra être capable, à bord, de faire face à tout problème. Et il y en aura. Le but, ce n'est pas de ne pas avoir de problème. C'est d'être capable de les gérer à bord, en toute autonomie".
 

Préserver les produits


Car le périple que s'apprête à faire ce navire ne sera pas de tout repos. Fin octobre, il va rejoindre Saint-Malo avant de partir pour New York. Un départ prévu au plus tard mi-novembre.
 
Une première pour Grain de Sail mais aussi pour le secteur du transport maritime. Plutôt que de faire voyager sa matière première sur des cargos à moteur partciulièrement polluants, le producteur de chocolat de Morlaix a conçu ce cargo à voile de 24 mètres. Un mode de transport plus écologique qui peut charger jusqu'à 50 tonnes de marchandises.

Le bateau ne partira pas à vide pour les Etats-Unis. Dans sa cale, 18 000 bouteilles de vin français destinées à des caves et des bars new-yorkais. Pour éviter la casse durant les 4 à 5 semaines de traversée, il a fallu adapter la cale. "Tout va être sur palettes. On a des systèmes avec des sangles qui vont venir sécuriser toutes les marchandises, explique Stefan Gallard, le directeur marketing de Grain de Sail. Et puis on aura des coussins gonflables qui permettront d'éviter le déplacement des cargaisons. Il y a une trappe au dessus qui va permettre avec un lève-palettes de déposer les palettes."
 
 

Un projet qui s'inspire de nombreux savoir-faire


La nature de la cargaison a également demandé des adaptations pour préserver la qualité des produits. Les concepteurs se sont pour cela inspirés des techniques utilisés dans d'autres domaines de la navigation. "On n'a pas besoin de froid négatif mais on a besoin de pouvoir contrôler la température notamment pour les vins. Et aussi (...) l'hygrométrie pour les vins et les cacaos. Il faut éviter que ce soit trop humide, précise Stefan Gallard. Les systèmes d'isolation de la pêche ont été très utiles pour nous. Après les techniques de larguage des voiles, ça a été inspiré de la course. Evidemment, la marine marchande et aussi la plaisance puisqu'on est un bateau à voiles. On a réussi à combiner tout ça pour que les marchandises ne souffrent pas du transport. On a même fait des tests de stabilité pour les vins : on a mis des bouteilles présélectionnées sur des chalutiers au départ de Lorient, à se faire brasser en mer pendant trois semaines qu'on a retestées et regoûtées après. Et hélas, certaines références n'avaient pas résisté. Et c'était un critère très important pour nous, d'assurer que la qualité des vins soit aussi bonne à leur arrivée qu'à leur départ en France."

Le projet de ce voilier cargo est né il y a une dizaine d'années. Grain de Sail voulait importer la matière première de sa production de chocolat sans avoir un impact carbone trop fort. La construction du navire a commencé en octobre 2018. "C'est un projet qui est plutôt complexe et ambitieux vu la taille de l'entreprise. Il a fallu d'abord le financer ce bateau, donc c'est pour ça qu'on a commencé avec le café et le chocolat, continue Stefan Gallard. Ensuite, il y a eu toute la partie conception de ce navire et toutes les étapes administratives puisque c'est la première fois qu'un voilier cargo moderne est construit". Après avoir déchargé sa cargaison de vin à New York, le bateau se rendra donc dans les Caraïbes pour récupérér 35 tonnes de cacao. Il entamera son retour vers la France en janvier. 
  

Déjà un nouveau projet


Coût du bateau : 2 millions d'euros. Un défi financier mais pour le chocolatier de Morlaix, c'est surtout l'occasion de donner vie à sa vision écologique du transport des marchandises. "Il y a évidemment une dimension environnementale à ce projet, selon Stephan Gallard. On est convaincus qu'on peut faire du transport décarboné. Ca nécessite des réflexions et des façons de faire différentes. Nous, c'est quelque chose qu'on est prêts à assumer, et pour l'instant, les consommateurs aussi. Donc, on a un surcoût d'à peu près 10 centimes par tablette. C'est à ça qu'on l'estime. C'est relativement peu et c'est un petit effort que l'on demande pour soutenir l'entreprise et notre philosophie".

A terme, le bateau devrait effectuer deux ou trois allers-retours entre la France et l'Amérique chaque année. Et Grain de Sail n'entend pas en rester là. L'entreprise a déjà lancé le projet d'un voilier capable de transporter 250 tonnes de marchandises. L'ambition affichée est de développer ce mode de transport : "on n'est pas les seuls à réfléchir dans ce sens là et tant mieux. (...) Il faut qu'on soit plusieurs sur le transport à la voile pour que ça s'instaure de manière pérenne".
 
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