Des salles réorganisées pour accueillir moins de clients, des menus lisibles sur smartphone, des temps d'attente pour cause de désinfection, les restaurants se préparent à reprendre en mode post-confinement. Mais l'envie de retrouver les cuisines et la clientèle est là !
Il fait beau ce mercredi matin, Jeannot sort ses tables et ses chaises toutes neuves. Il les avaient commandées avant le confinement sans s'imaginer qu'il ne pourrait les disposer que trois mois plus tard.
Son restaurant, "le bar du marché" rue Mayence, près de la Cité des Congrès, faisait souvent le plein le midi. Mais c'était avant.
Dans la salle, à l'intérieur, les tables étaient serrées, c'était un peu bruyant, mais c'était l'ambiance. "Ici, on joue la convivialité" explique Jeannot.
Avec les règles sanitaires, on gagnera en espace mais pour la rentabilité ce sera autre chose. Jeannot craint de perdre la moitié de sa capacité d'accueil. Alors il compte sur sa terrasse pour sauver les meubles.
Paul, le cuistot, a repris aujourd'hui lui aussi. Il va faire le point de ce qu'il faut commander, les œufs, la crème fraîche, le beurre et aussi la viande. Pour la terrine du chef, que les clients connaissent et apprécient.
Jeudi, il viendra réceptionner et commencera vendredi à cuisiner avec son second et les deux apprentis. Tous espèrent une réouverture le mardi 2 juin.
Jeannot attend d'en savoir plus sur les conditions de la reprise, les règles qui s'imposeront. Là, il se sent un peu dans le flou. Mais surtout, il attend de voir si la clientèle va revenir. Parce qu'avec le télétravail, dans ce quartier très lié au secteur tertiaire, il n'y a plus grand monde pour venir déjeuner le midi. Ceux qui ont tenté la vente à emporter s'en sont rendu compte.
"Il faut relancer la mécanique, dit-il, Même si on nous a annoncé une annulation des charges pour le trimestre, il faut quand même payer les loyers, les locations de matériels et il faudra acheter des gants, des masques, du gel."
Jeannot a aussi remarqué que les prix des matières premières avaient augmenté. Comme ses collègues, comme les coiffeurs, il ne pourra pas éviter lui aussi d'augmenter ses tarifs. Peut-être deux euros par addition.
10 couverts maximum sur une même table
En face, Eddy a repris mardi avec une partie de son équipe pour nettoyer, désinfecter et "simuler" une terrasse. Pour voir.Le cogérant du restaurant "Le Square" pense qu'il va perdre 20 % de son chiffre d'affaire habituel avec l'obligation d'espacer les tables. Heureusement, il avait déjà une grande salle.
Dans une autre, à l'arrière, il a entreposé les tables et les chaises qu'il ne pourra pas utiliser.
Eddy espère aussi que les clients sauront patienter parce qu'entre chaque service, il faudra nettoyer tables et chaises. Il va mettre en place un sens de circulation avec entrée et sortie par des portes différentes.
Pour compenser le manque à gagner, il proposera aussi de la vente à emporter.
Des menus en QR code
Comme Eddy, Nicolas, le patron de L'U.NI, a opté pour les menus en QR code. Au moins pour la carte des vins. Pas question d'avoir à désinfecter la carte plastifiée après chaque consultation. Le client interrogera le QR code sur la table et aura à disposition le détail de la cave. A condition d'avoir un smartphone bien sûr et d'avoir téléchargé l'appli de décodage. Mais il restera toujours quelques menus sur papier.Pour les plats, il va resserrer l'offre mais en mettant l'accent sur la fraîcheur et la saisonnalité des produits.
"On ne va peut-être pas pouvoir reprendre tout le monde" s'inquiète Nicolas Guiet qui emploie sept personnes. Cet ancien second d’Eric Guérin à la Mare aux Oiseaux, avait investi avec sa femme dans son propre restaurant rue Fouré en 2011. Pour faire entrer un peu d'argent, il a fait de la vente à emporter depuis un mois. Mais il s'attend à perdre l'équivalent de ses bénéfices du fait des règles sanitaires.
"Depuis une dizaine de jours, j'ai moins d'appels, s'inquiète Frédéric De Boulois, le président de l'Union des Métiers de l'Industrie Hôtelière 44 qui avait mis son propre numéro à disposition des professionnels de ce secteur. Je me dis qu'ils sont concentrés sur la reprise mais ça cache peut-être une grande détresse."
"Le plus compliqué, c'est pour les discothèques et pour les bars" diagnostique Frédéric De Boulois.
Les établissements pourront agrandir leurs terrasses
La bonne nouvelle, c'est qu'une charte a été signée ce mercredi avec la ville de Nantes pour permettre la création ou l'extension de terrasses sur le domaine publique sans paiement de charges. Certains établissements pourront même doubler leur superficie."On a fait l'union sur le sujet" se félicite le patron de l'UMIH 44 signataire avec d'autres organisations professionnelles. On a aussi envisagé la piétonisation de certaines rues."
Cette charte signée par Johanna Rolland sera valable jusqu'au 15 novembre. Elle prévoit également l'annulation des charges dues à la Ville pour les droits de terrasse pour l'année 2020.
Autant de décisions qui devraient aider ce secteur à survivre à l'épisode coronavirus.
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